2021: RDC, un nouveau départ

A l’ordre du jour

Jeudi 31 décembre au soir, le suspense est levé. Modeste Bahati Lukwebo est nommé informateur par le président Félix Tshisekedi, consolidant ainsi le processus de redéfinition des forces politiques actives en RDC. Avec les défections dans les rangs de la classe politique, la chute du bureau Jeanine Mabunda, les réunions de rattrapage au sein du FCC, il s’imposait bien une clarification de la topographie en vue de la redistribution des cartes dans l’appareil de gestion de la République. Et donc, c’est sur les épaules du président de l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo, AFDC, aussi président de la plateforme AFDC-A, que repose la lourde responsabilité d’apporter l’éclairage sur le dossier.

Rodé en politique

Initialement c’est avec aisance que Modeste Bahati pourra s’acquitter de la noble tâche lui confiée par le chef de l’Etat, d’autant que l’homme porte la politique dans son ADN. Ses premiers pas clairement définis plongent leurs racines dans la Conférence nationale souveraine (CNS) à laquelle Bahati Lukwebo participe au quota de la Société civile. Il est alors professeur à l’Institut supérieur de commerce et membre du Comité de gestion de la défunte Banque de crédit agricole (BCA). Son sens élevé de négociations et d’entreprise le hisse au bureau de la CNS où il est questeur.

Pour qui connaît le jeu politique congolais, les vicissitudes se multiplient au quotidien; Bahati est menacé par le schisme de la Société civile orchestré par des membres proches du mouvement radical. Entreprenant, l’homme arrive à mettre en place la Société civile du Congo (SOCICO). Ce nouveau label, devenu son piédestal, lui permet de damer les pions à la dissidence et de demeurer dans l’arène politique où il occupe différentes fonctions. Plusieurs fois ministre – du Plan, surtout – Bahati Lukwebo se fait aussi élire comme député dans son fief du Sud-Kivu où il jouit d’une notoriété indiscutable.

Maradona congolais

Grâce à son sens élevé de séduction, l’homme crée et hisse son parti, Alliance des Forces Démocratiques du Congo, AFDC, au rang des rares partis politiques à assises réellement établies sur l’ensemble du territoire national. Bahati Lukwebo devient incontournable sur la scène politique nationale; tous les courants politiques le disputent. Mais le combattent aussi. Des schismes sont orchestrés par des partenaires jaloux de l’ascension de l’AFDC au sein de la majorité au pouvoir. Maintes défections sont enregistrées…sans emporter l’édifice toujours solide, en raison de la maturité politique de son président que d’aucuns qualifient de Maradona congolais.

Oui, le dernier coup en date remonte à la période de la mise sur pied des bureaux du parlement. Fort de son charisme et du poids politique de son regroupement AFDC-A, Bahati Lukwebo a revendiqué la tête du bureau du Sénat auquel il appartient. Hélas, la réalité au sein de la plateforme FCC déjoue la raison ; sur fond de dictature interne, Bahati est contraint au silence pour subir la loi des caciques qui gèrent le FCC. Blessé dans son amour propre, après avoir vainement revendiqué la Primature, et poussé par ses alliés qui voient le gâteau leur échapper, Modeste Bahati claque la porte du FCC.

Ce dernier, encore fort, lui arrache des députés en créant une dissidence que reconnaît l’assemblée nationale.

Maradona vaincu? Même ses proches (parents) lui tournent le dos. La bataille judiciaire est loin d’être acquise avec des institutions encore sous l’influence du FCC. La brouille CACH – FCC lui donnera ainsi l’opportunité d’une retournée acrobatique contre ce dernier. Ayant bien flairé la fin du deal du siècle, l’AFDC est la première force à souscrire à la naissance de l’Union sacrée de la nation. Requinqué en cela par le jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe le 23 novembre 2020, confirmant le Sénateur Bahati Lukwebo en qualité de Président national statutaire et Autorité morale du regroupement politique AFDC/A.

L’opportunité était providentielle pour l’Union sacrée à naître. Avec 109 élus dont 41 députés nationaux et 68 députés provinciaux, on ne peut que prendre la main tendue par l’AFDC-A. D’autant qu’avec la victoire judiciaire, le regroupement a invité les dissidents à la raison et à retourner au bercail, au risque de s’exposer à la disqualification. Synonyme de remplacement par les « loyalistes ». Une manne négligée – par erreur stratégique – par un FCC ivre de gloriole, que vient de « ramasser » l’Union sacrée de la nation.

Informateur, formateur?

En raison de cette erreur à la base de frictions sempiternelles dans le chef de nombreux hommes politiques, il me semble difficile pour le FCC de resserrer ses rangs; ceux qui sont partis n’ayant aucune garantie de vivre le « ciel » en faisant le come-back. Le FCC étant connu comme une coquille dictatoriale charriant déception, brimades, estocades au gré des humeurs des faucons toujours aux commandes. Le comité de crise mis en place récemment, n’échappe pas au contrôle de ces intégristes qui y ont placé leurs pions.

En attendant les conclusions de l’informateur, il me semble que les carottes sont cuites pour le FCC dont rien au monde n’assure d’une nouvelle majorité. Même de façade. Laissant les coudées franches à l’Union sacrée de piloter les rênes de la politique autrement. Avec probablement, Bahati Lukwebo à la Primature. Rien n’empêche, en effet, de passer du statut d’informateur à celui de formateur, pourvu que l’on en remplisse les critères politiques et de compétence. Atouts dont dispose pleinement Modeste Bahati Lukwebo, le Maradona congolais.

 

Bondo Nsama

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