Bas les masques « Joseph Kabila », l’imprévisible enfant gâté démasqué »

La dynastie Kabiliste entame-t-elle sa descente aux enfers?

Diogène Ependa

LA FACE CACHÉE DE « JOSEPH KABILA »

Que dire de plus car tout a été spolié dans le titre de cet article. Les Congolais font face à un « Joseph Kabila », dictateur, aujourd’hui désavoué mais qui s’accroche au pouvoir malgré et contre tout – le propre d’un pervers narcissique -. Plusieurs écrits décrivent le personnage et sa gouvernance, menée durant plus de quinze ans à la tête du pays de macabres.

On se souviendra qu’au moment de son accession au pouvoir, ce fût un jeune homme timide, taciturne, réservé, introverti,… image qui tranche avec celle du congolais lambda, plutôt extraverti. L’expression de son visage pouvait laisser entrevoir l’image d’un leader rigoureux et charismatique, un sens de l’écoute fort développé et apprécié par ailleurs. Cependant, ses rapports avec la population se passent très mal. « Joseph Kabila » est vivement contesté car les doutes planent sur ses origines congolaises. Il utilisera les médias pour apporter la preuve contraire sans trop convaincre.

D’autre part, il est vertement critiqué sur la question de la disparition de Mzée Laurent Kabila. Il est soupçonné d’être le commanditaire sinon un complice de cette tragédie. Monsieur en a déjà le profil car il nous revient des nombreux témoignages de ses camarades de lutte au sujet des atrocités commises à l’Est aux côtés de James Kabarebe, chargé de mener des opérations contre les Hutu. On reprocherait également à « Joseph Kabila » d’être le responsable de la mort de Feu Masasu Nindaga avant la bataille de Pweto.

L’IMPROBABLE RETOUR DE LA DICTATURE EN RDC

En 2006 et 2011, il accède au pouvoir par des élections controversées et en profitera pour asseoir rapidement une dictature, implacable.

Il nous souviendra alors des bonnes relations qu’il entretiendra dès le début avec Louis Michel, son 1er parrain et 1er conseiller. C’est ce dernier qui lui adjoindra les anciens mobutistes dans son sillage afin de mieux asseoir son pouvoir. Grâce à la connaissance du pays et des rouages des affaires, ces derniers lui prodigueront des conseils qui le rendront encore plus froid et austère, lui faisant pleinement jouer le rôle du tyran qu’il est aujourd’hui (cfr. « Kabila totondi yo te » de Kin Kiey Mulumba). Grâce à ces conseillers, il va instaurer une dictature féroce dont l’usage et l’ampleur de la violence feront oublier même le régime autoritaire de Mobutu. La propagande, le lavage de cerveau, le culte de la personnalité « Raïs », l’élévation de « Joseph Kabila » au rang du 4ème Président-sauveur qu’il faille vénérer, (dixit certains Kimbanguistes), tels sont les qualificatifs pour le décrire.

La GR, la garde républicaine chargée de la sécurité présidentielle, la LENI, légion nationale d’intervention, l’ANR, la police politique du régime, tous obéissent à un seul homme, « Joseph Kabila ». Il persécute les opposants, les intellectuels et à présent l’Eglise. Il voit en l’Eglise la seule force capable de lui tenir tête, il n’hésite plus à l’attaquer frontalement et à souiller des lieux sacrés.

Les élections sont sans cesse ajournées et il n’y a plus d’issue en termes de négociations avec les vrais opposants. Sa police procède « au nettoyage » des quartiers populaires afin d’occuper l’espace et en avoir le total contrôle. De nombreux innocents croupissent dans des prisons du pays, tantôt pour leur opinion, tantôt pour leur tendance politique. Cette police/armée n’hésite pas à massacrer la population allégrement (cfr. toutes les fosses communes que l’on découvre un peu chaque jour…). Cela montre l’esprit fanatique et démentiel de ces soldats. On soupçonne à présent « Joseph Kabila » de faire appel à des mercenaires étrangers pour massacrer la population, histoire d’exécuter des sales besognes.

Toutes ces brimades poussent un peu chaque jour de nombreux Congolais à l’exil. Aujourd’hui, on observe un autre paradoxe: les familles et proches du pouvoir en place caressent l’idée de s’enfuir du pays, tant la situation se dégrade de jour en jour et l’avenir devient incertain.

JE TE TIENS, TU ME TIENS PAR « LA BARBICHETTE »

A ces mécontentements si perceptibles, s’ajoute une mauvaise presse de la part d’une frange des responsables américano-européens qui lui reprochent d’être devenu un enfant gâté. Il fait mine de rompre avec eux et crée l’axe sino-indien. Il entretient de très bonnes relations avec ces derniers et attend simplement le coup fatal, tel un pédoncule d’un fruit mûr, voire pourri accroché à un arbre n’attendant que de tomber.

Toutefois, « Joseph Kabila » n’a pas encore dit son dernier mot. Aujourd’hui, il est passé du profil d’enfant gâté à celui d’enfant terrible, voire imprévisible. Il veut tout bonnement que les hommes et les lois de la république se conforment à lui. « Joseph Kabila » enfonce un coin aux Congolais, il défie quiconque qui a le cran de le déloger du pouvoir.

Mais à côté, il y a de plus en plus des voix qui s’élèvent et contestent énergiquement son pouvoir. Des citoyens entrent en jeu et résistent, pour l’heure pacifiquement mais demain, qui sait? Les vrais opposants se crispent, demeurent constant dans leur combat mais ne parviennent pas encore à faire activer l’Art. 64 de la Constitution pour faire échec au projet sournois de « Joseph Kabila ». Bon nombre des structures/institutions ont déjà franchi le pas, il ne reste plus que la police et/ou l’armée pour déclencher un autre cycle. En tous les cas, ça sent le désarroi politique, une rupture nette entre le pouvoir actuel et la population. Comment fait-il encore pour résister?

LA VIE POLITIQUE EN RDC N’EST PAS UN CONTE DE FÉES

Pour l’heure, nous tendons vers une consternation de la dynastie Kabila qui veut régner par défi. Ce qui nous amène à dire que la RDC traverse réellement une période des grosses turbulences, mais pour combien de temps?

Face à ce régime fou, sept scénarii se présentent à elle:

  • Le dictateur meurt car il n’est pas immortel. L’actuel Président du Sénat, lui-même illégitime le remplace durant une période bien déterminée de transition, avant l’organisation d’une élection crédible;
  • Un gouvernement de transition avec ou sans « Joseph Kabila » se met en place pour une courte durée dans le but d’organiser des élections;
  • Un coup d’état/putsch militaire intervient. C’est l’incertitude qui règne durant une bonne période. Puisque toutes les institutions de la république seront hors-jeu, il faudrait repenser les choses…;
  • Un soulèvement populaire arrive et place à la tête du pays une personnalité charismatique devant conduire le pays vers des élections crédibles et transparentes;
  • L’élection est organisée précipitamment avec l’équipe de la CENI actuelle, « Joseph Kabila » place son poulain et contrôle cette élection pour l’emporter ensuite; – Attention aux surprises!!!
  • La CENI est restructurée de fond en comble, elle organise des élections crédibles et transparentes dans un délai assez raisonnable. Très peu probable!!!
  • Une « somalisation de l’Etat congolais » s’enclenche à cause du climat délétère qui règne et le sentiment anti-tutsi qui ne cesse d’accroître. Les jours sombres recommencent!!!

On aboutit petit à petit à une conclusion édifiante, à savoir d’une part que « Joseph Kabila » est l’obstacle pour la consolidation d’un état de droit. Il ne souhaite qu’une chose, paralyser le Congo ainsi que ses institutions. Quant à Washington, Paris et Bruxelles… Leur politique vis-à-vis du Congo, constituent des verrous qu’il faudra bien faire sauter un jour de gré ou de force. L’analyse de l’actualité mondiale révèle la duplicité que les responsables politiques européens et américains entretiennent avec les chefs d’Etats africains. Il y a clairement des velléités de domination et de contrôle des matières premières qui les animent. Aussi dans le cas de la RDC, c’est clair, une poudrière bien pensée, à l’instar de ce qui s’est passé en Libye est planifiée. Il n’est pas besoin de dessin, on se doute de la suite des événements. Pour y échapper, il faut rester vigilant, se battre…

Les vœux de beaucoup de Congolais est que l’année 2018 qui a débuté dans l’effusion de sang puisse mieux se poursuivre, avec espoir de l’avènement d’un Etat de droit, conjuguant l’alternance…

Petite leçon d’histoire: « Ne jamais oublier que les mouvements anarchistes ont parfois été à l’origine des révolutions, promoteurs d’avancées sociales ». Et pourquoi pas politique?

Il appartient aujourd’hui aux Congolais de faire preuve de maturité et de s’insurger avec détermination contre toutes les incohérences, les injustices et les traitements inhumains dont ils sont victimes. Hannah Arendt disait à juste titre: « Les actes de désobéissance civile interviennent lorsqu’un certain nombre de citoyens a acquis la conviction que les mécanismes normaux de l’évolution ne fonctionnent plus ou que leurs réclamations ne seront pas entendues ou ne seront suivies d’aucun effet ».

Les Congolais sont-ils près du but? Découvriront-ils bientôt le talon d’Achille de « Joseph Kabila »? L’avenir nous le dira… Sûrement!

 

Par Diogène Ependa
© Congoindépendant 2003-2018

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