Bras de fer Katumbi-« Kabila »: Quand Mende se prend pour un procureur

« Joseph Kabila » et ses partisans auraient-ils perdu la tête? Ont-ils décidé d’embraser le pays? Citant le ministre de la Communication  et des médias – et porte-parole plus de « Joseph Kabila » que du gouvernement -, l’agence de presse « Actualité.cd » rapporte qu’un mandat d’arrêt international a été émis, jeudi 16 août, par le parquet général (?) contre l’ancien gouverneur du Katanga et président de la coalition politique « Ensemble pour le changement », Moïse Katumbi Chapwe.

Selon Lambert Mende, ce mandat d’arrêt serait en rapport avec la « condamnation » de Moïse Katumbi en 2016 dans l’affaire dite de « spoliation » qui oppose ce dernier au très controversé sujet grec Alexandros Stoupis.

D’après Mende, le verdict rendu lors du procès était assorti d’une mesure d’ « arrestation immédiate ». Aussi, croit-il savoir que tous les Etats ayant signé des accords de coopération judiciaire avec le Congo-Kinshasa « ont l’obligation d’exécuter ce mandat ». Et de s’empresser d’ajouter que « ce cas n’entre pas » dans le cadre des mesures de décrispation politiques contenues dans l’Accord de la Saint Sylvestre.

En attendant une analyse plus approfondie de ce pavé jeté dans la marre du processus électoral, la sortie médiatique du ministre Lambert Mende – réputé être le porte-voix de « Kabila » – appelle au moins trois observations.

Primo: Membre du pouvoir exécutif, Lambert Mende Omalanga n’est pas qualifié – au nom de la séparation des pouvoirs – d’intervenir de manière aussi tendancieuse qu’intempestive dans un domaine qui relève de la compétence des seules autorités judiciaires. Le rôle du pouvoir exécutif consiste à promulguer les lois et à veiller à leur application. Le pouvoir judiciaire, lui, veille au respect des lois et sanctionne les infractions aux lois.

Secundo: tout au long de son entretien avec ce média, Mende s’est gardé de nommer l’autorité judiciaire qui lui avait fourni toutes ces « informations ». Preuve si besoin en était qu’on se trouve face à une cabale politique devenue familière au « banditisme » qui a élu domicile au sommet de l’Etat.

Tertio: sauf erreur, un mandat d’arrêt international n’est généralement délivré qu’à l’encontre de criminels. Jusqu’à la preuve du contraire, une « spoliation » relève de la procédure civile.

L’opinion tant congolaise qu’internationale a encore frais en mémoire les révélations faites par la juge-présidente Chantal Ramazani Wazuri sur la fameuse « condamnation » contre Katumbi. La magistrate avait dénoncé les pressions qu’elle avait subies de la part de sa hiérarchie, du chef barbouze Kalev Mutondo et du bâtonnier Ambroise Kamukuny. La juge avait écrit dans ce sens au ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba. Cette correspondance est restée lettre morte.

En dix-sept années d’exercice, sans panache, du pouvoir d’Etat, « Joseph Kabila » et ses porte-flingues ont dévoyé l’appareil judiciaire en transformant les Cours et les tribunaux en un instrument de règlement de comptes au service du dictateur. Une affaire à suivre.

 

B.A.W. (avec Actualité.cd)

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