Congo-Kinshasa: Le FMI « is back »

Gaston Mutamba

Le Conseil d’administration du FMI (Fonds monétaire international) a donné, jeudi 15 juillet, son accord pour la conclusion du Programme triennal, assorti de la Facilité élargie du crédit (FEC). Ce programme est assorti d’un financement de 1,5 milliards de dollars. Le premier décaissement de 217 millions de dollars devrait intervenir dans les prochains jours. Les autres décaissements seront conditionnés au respect des critères de performance. Tous les six mois, les experts du FMI feront une revue pour voir si le pays respecte les conditions posées pour bénéficier de la facilité élargie. La conditionnalité porte sur des réformes à entreprendre pour redresser l’économie. Il s’agit notamment de l’adoption d’un budget de l’Etat réaliste, de la qualité des dépenses budgétaires, des réserves de change, du respect du cadre macroéconomique, de la transparence dans la passation des marchés publics, de la publication des contrats miniers, de l’amélioration du climat des affaires, de la lutte contre la corruption.

Le FMI avait suspendu ses programmes d’ajustement avec le Congo/Kinshasa en 2012 suite à la non publication d’un contrat minier. Les relations avec le FMI se sont réchauffées en 2019 après les élections législatives et présidentielle de décembre 2018. Pour aider le pays à se relever d’une grave crise multiforme, un Programme de référence fut conclu, le 16 décembre 2019, avec une Facilité de crédit rapide de 368 millions USD pour soutenir la balance de paiement. Ensuite en avril 2020 une autre Facilité de crédit rapide de 363 millions USD fut octroyée au titre d’appui budgétaire. Un programme de réforme accompagnait ces financements. Il fallait renforcer la stabilité macroéconomique, les réserves internationales et faire progresser les réformes structurelles clés visant à remédier à la mauvaise gouvernance, à un environnement des affaires difficile et à une pauvreté généralisée. Le FMI exigeait aussi du gouvernement la promulgation d’une nouvelle loi budgétaire plus réaliste, la publication des contrats miniers de la MIBA et de SOKIMO et enfin, la restructuration de la Banque centrale du Congo (BCC), laquelle passait, par la nomination des commissaires aux comptes, le renouvellement du Conseil d’administration et la nomination des deux vice-gouverneurs, suivant la nouvelle loi en vigueur.

C’est depuis 1963 que le Congo a recours à l’aide des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). Plusieurs programmes d’ajustement furent conclus pour corriger les déséquilibres de la balance des paiements, stabiliser le taux de change et lutter contre l’inflation grâce à une gestion orthodoxe des finances publiques. Le pays a pu bénéficier du rééchelonnement de sa dette extérieure et procéder à la libéralisation du système des paiements extérieurs. Mais la plupart de ces programmes n’ont pas été conduits jusqu’à leur terme. Dans plusieurs cas, ils ont été interrompus pour cause de non-respect des critères de performances. L’échec est imputable à un manque de volonté de la part des autorités politiques. La discipline budgétaire, la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat et la mise en place des mesures d’austérité peu populaires qu’impliquaient ces programmes d’ajustement furent considérées comme ne répondant pas à leurs intérêts immédiats. Dans la plupart des cas, ces programmes n’ont pas non plus connu d’ adhésion populaire. Ils ont donc été rejetés tant par les politiciens que par la population. Certains leur reprochent de violer la souveraineté nationale alors que d’autres affirment qu’ils imposent l’austérité dans un pays où plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. D’autres encore soutiennent que ces programmes n’ont jamais aidé les pays à sortir du sous-développement et de la misère. Mais ce n’est pas le rôle du FMI ou de la Banque mondiale de construire et de développer un pays. Le FMI n’a pas vocation à se substituer aux institutions d’un pays. La question fondamentale à poser est de savoir ce que deviendrait le Congo/Kinshasa sans l’aide, l’assistance et les conseils du FMI.

 

Gaston Mutamba Lukusa

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