« Consultations présidentielles »: Le Fcc décline une « invitation sollicitée »

La mouvance kabiliste dite « Front commun pour le Congo » s’enferme dans ses contradictions. Après avoir contesté le bien-fondé des consultations initiées par le chef de l’Etat, elle a fini par « solliciter » une invitation. Attendue au Palais de la nation, mercredi 25 novembre, à 15h00, la délégation du Fcc n’est pas venue. Deux heures avant l’heure du rendez-vous, un communiqué est tombé. Le Fcc s’est rétracté. Il accuse le Cach ou plutôt le comité organisateur des « consultations » de l’avoir invité pour l’humilier. Hypersensibilité?

Sur le bristol émis par le « Protocole de la Présidence », on peut lire que l’invitation a été adressée « aux regroupements membres du Fcc ». Date du rendez-vous: le 25 novembre. Heures: 15h00. Le caractère tardif de ce rendez-vous suggère que l’initiative n’est pas du fait de la Présidence de la République. La clôture des consultations étaient prévue le mardi 24.

Mercredi 25 novembre, vers 13h00, coup de théâtre. A l’issue d’une réunion tenue dans la matinée par les « présidents des regroupements et partis politiques » réunis au sein du Front commun pour le Congo « déclinent » avec fracas l’invitation aux consultations. Quelle en est la raison?

La réponse est contenue dans un tweet posté par le Pprd sur son compte Twitter: « On n’invite pas quelqu’un au mariage en annonçant insidieusement aux autres invités que ce dernier a été demandeur de l’invitation. Soit, on l’a fait pour la forme, soit dans le but de l’humilier tout simplement ».

Ministre des Actions humanitaires et solidarité nationale, Steve Mbikayi, n’a cure de la Constitution (article 97-2). Celle-ci juge « incompatible » la qualité de membre du gouvernement et l’exercice de « toute responsabilité au sein d’un parti politique ». D’aucuns pourraient objecter que la mouvance kabiliste n’est pas un parti politique. Pourquoi pas?

Des membres du Fcc lors de leur deuxième « retraite politique » dite d’évaluation à Safari Beach


Sur son compte Twitter, le ministre Mbikayi écrit: « Le Fcc se dit non-concerné par les consultations. Il reste disposé à dialoguer avec le Président de la République dans le cadre de l’accord qui lie les deux parties ».

Ancien membre de la Ligue des jeunes du Pprd, Adam Chalwe Mukuntu d’enfoncer le clou: « L’accord Fcc-RDC- # Cach reste la Bible qui cimente les relations entre les parties. En sortir, c’est ouvrir la voie à l’aventure. @Fatshi13 a connu son heure de gloire en recevant pêle-mêle le tout Kinshasa… la mise en scène a souvent péché par l’improvisation non maitrisée ».

LE FCC S’ENFERME DANS SES CONTRADICTIONS INTERNES

Toute cette rhétorique dissimule mal les contradictions internes dans lesquelles semblent s’enfermer la mouvance kabiliste. Celle-ci semble vouloir une chose et son contraire. Elle accepte d’aller aux « consultations présidentielles » tout en jouant la carte du « dialogue ». Ces contradictions ont le mérite de trahir le doute qui semble envahir les esprits au sein du Fcc, une association sans doctrine ni socle idéologique.

Il se confirme que le Fcc avait effectivement « demandé » à se faire inviter aux consultations. Cette information a été, hélas, ébruitée par l’Udps Peter Kazadi, membre du Comité d’organisation de cette rencontre. « Le Fcc a finalement demandé d’être reçu par le chef de l’Etat ». Cette précision donnée par Kazadi, sur radio Top Congo, a été jugée « humiliante ». Elle a fait hérisser les cheveux des caciques de la mouvance kabiliste. Conséquence: le Fcc s’est arc-bouté sur ses « fondamentaux ». Il dit non aux consultations mais reste « néanmoins ouvert au dialogue » avec le chef de l’Etat. Et ce uniquement « dans le cadre des structures et mécanismes prévus par l’Accord de coalition ».

Derrière « Joseph Kabila » et l’émissaire kenyan, on aperçoit Azarias Ruberwa, ancien président de la « rébellion » pro-rwandaise du RCD

A propos d’Accord, nombreux sont aujourd’hui des Congolais qui souhaitent vivement en prendre connaissance. Il s’agit, pour eux, de juger la conformité de cette « convention » à la Constitution. « Je ne laisserai aucun engagement politique de quelque nature que ce soit primer sur mes prérogatives constitutionnelles et intérêt supérieur de la nation », avait déclaré, pour sa part, le président Felix Tshisekedi Tshilombo dans son discours du 23 octobre dernier annonçant les consultations en vue de mettre sur pied une « Union sacrée de la nation ».

LA PRESENCE INTRIGANTE DE RUBERWA A KINGAKATI

Près de deux années après son investiture à la tête de l’Etat, « Felix » semble avoir compris le caractère antinational autant que l’impopularité du « deal » passé avec « Joseph Kabila ». Des observateurs, eux, notent avec une réelle préoccupation la « présence intrigante » d’Azarias Ruberwa, président de l’ancienne rébellion pro-rwandaise du RCD, parmi les proches conseillers de l’ex-raïs. Les deux hommes sont issus de l’Afdl (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), une trouvaille du président Yoweri Museveni de l’Ouganda et de Paul Kagame, alors vice-président du Rwanda. L’Afdl est morte, vive l’Afdl? On ne peut que comprendre les craintes exprimées par des élus du Nord-Kivu lors de leur « consultation ». Ils n’excluent pas l’apparition d’une « nouvelle rébellion » dans leur province. Ces Kivutiens retiennent leur souffle en attendant l’allocution du chef de l’Etat.

Felix Tshisekedi a pu constater que les membres du gouvernement et les parlementaires étiquetés « Fcc » n’ont fait jusqu’ici qu’entraver son action. Que dire des mandataires publics à la tête des régies financières? Sauf rebondissement, aucune rencontre n’est prévue entre les deux signataires dudit Accord. Aucun rendez-vous n’est fixé avant le second discours présidentiel.

 

B.A.W.

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