Consultations présidentielles: Olenghankoy propose un « dialogue » Tshisekedi-« Kabila »

Annoncées par Felix Tshisekedi Tshilombo dans son message à la nation du 23 octobre, les  premières « consultations présidentielles » ont débuté lundi 2 novembre à midi. La première journée s’est terminée à minuit. Cette journée a été consacrée notamment aux institutions d’appui à la démocratie que sont la Ceni et le Csac. Sans omettre le Cndh (Comité national des droits de l’homme). Les confessions religieuses étaient également à l’honneur.  Plusieurs leaders les plus « représentatifs » ont échangé avec le chef de l’Etat qui a dressé à l’intention de chacun de ses interlocuteurs « l’état de lieux » du pays avant d’écouter les « avis et considérations » sous forme de « conseils ».

Quels sont les enseignements à tirer de cette première journée de ces « consultations »? Il y a d’abord quelques mots qui revenaient comme un credo dans la bouche des personnalités qui ont été reçues au Palais de la nation: « Paix », « stabilité », « dialogue », « développement ».

Ces quatre vocables sont revenus sans cesse dans les déclarations à la presse des « leaders » et délégation venus rencontrer le Président de la République. Il y a ensuite, cette « mine soucieuse » voire inquiète qu’arboraient la grande majorité des interlocuteurs de « Fatshi ». Nul doute qu’ils appréhendent que le pays replonger dans une ère d’instabilité.

Ceux qui ont eu l’occasion de côtoyer ou de partager un « vécu commun » avec « Fatshi » relativisent la situation. Pour eux, il y a un brin d’alarmisme. Alarmisme? « Depuis qu’il assume des responsabilités politiques, Felix est devenu profondément consensuel. Il est constamment à la recherche du consensus. La preuve est là! Mais attention, l’homme devient aussitôt intraitable lorsqu’il sent qu’on abuse de sa bonne foi ». L’homme qui parle a été joint au téléphone lundi à Kinshasa. Il a requis un anonymat total. Selon lui, le chef de l’Etat « consulte » justement pour ne devoir décider « seul face à sa conscience ». Suivez son regard…

RENCONTRE TSHISEKEDI-« KABILA » SANS LES « EXTREMISTES »

Joseph Olenghankoy

Reçu en sa qualité de président du CNSA (Conseil national du suivi de l’accord), Joseph Olenghankoy Mukundji a écouté la description de la situation du pays faite par « Felix ». Un Felix Tshisekedi qu’il connaît bien. Il dit avoir « conseillé » au Président de la République d’organiser une « rencontre préalable » avec son prédécesseur « Joseph Kabila ». « En politique, le dialogue doit être permanent. Il faut que les deux personnalités se parlent face à face en l’absence des extrémistes des deux camps, a-t-il lancé. Notre rôle est de dire la vérité et l’orienter sur la voie de la paix ». L’Udps Jean-Marc Kabund et Augustin Kabuya apprécieront. Le Pprd Emmanuel Ramazani Shadary, Néhémie Mwilanya et Ferdinand Kambere, mêmement.

Président fin terme de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), Corneille Nangaa a fait partie des invités du premier jour. Comme on peut l’imaginer, il a évoqué avec le numéro un Congolais les questions relatives aux prochaines échéances électorales de 2023. L’assainissement de l’environnement avant le lancement du processus a constitué l’autre volet de l’échange. « Nous avons profité de cet entretien pour faire part au chef de l’Etat la nécessité de préserver la stabilité et la paix ».  Interrogé par la presse si la Ceni pouvait organiser des élections législatives anticipées, Nangaa dont l’équipe est fin terme a répondu par l’affirmative en ajoutant: « La question est de savoir si mon équipe était encore légitime ». Selon lui, un chronogramme des consultations politiques de 2023 a déjà été élaboré. « Il faut désigner le plus rapidement possible les nouveaux dirigeants de la Ceni », a-t-il souligné.

On ne pourrait pas ne pas épingler la « recommandation », toute en parabole, faite à Felix Tshisekedi par le cardinal Laurent Monsengwo: « Je lui ai conseillé de trouver des personnes-ressources pour l’aider à pagayer des deux côtés de la pirogue ».

Notons que la délégation musulmane a, elle aussi, insisté sur « la paix et la stabilité ». Les protestants (ECC) n’ont pas manqué de surprendre. Ils ont proposé au chef de l’Etat « la tenue des concertations sous une médiation neutre ». Ce qui change tout.

« DIVERGENCES » ABYSSALES

Dans son allocution querellée du 23 octobre, le chef de l’Etat congolais avait implicitement annoncé que la coalition Fcc-Cach était sous « respirateur artificiel ». Au motif que les deux camps faisaient face à des « divergences » abyssales sur des questions fondamentales. A savoir: la paix, la sécurité nationale, la Ceni, l’organisation des élections, le portefeuille de l’Etat, la diplomatie, la Territoriale, l’indépendance de la justice et l’Etat de droit. « Je ne laisserai aucun engagement politique de quelque nature que ce soit primer sur les prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur de la nation », avait-il prévenu en affirmant haut et fort sa volonté de parvenir à la « refondation de l’action gouvernementale ».

Depuis le 23 octobre, les réunions s’enchaînent à la résidence de « Kabila » à Kingakati où les propos de « Felix » ont été accueillis comme une « déclaration de guerre ». Au cours d’une réunion avec les parlementaires étiquetés Fcc/Pprd, l’ancien Président a accusé son successeur non seulement de fouler aux pieds l’accord « sous-seing privé » (c’est nous qui le soulignons) signé avec lui mais aussi de ne pas respecter la Constitution.

« Joseph Kabila » et ses « fidèles » à Kingakati dans la banlieue de Kinshasa

« Kabila » qui suspecte son successeur de vouloir « débaucher » des députés appartenant à « sa majorité » n’a pu s’empêcher d’exhorter ses partisans à opter pour la « résistance ». Mal lui en a pris. Un de ses « fidèles » a fuité cette harangue qui devait rester « en famille ».

Des observateurs ont aussitôt accusé « l’autorité morale » du Fcc de « comploter » contre la République. Un comportement, selon eux, constitutif de violation de la loi n°18/021 du 26 juillet 2018 portant statut des anciens Présidents de la République. L’article 5 de ce texte astreint le bénéficiaire à une « obligation de réserve ».

On le voit, le président du CNSA, Joseph Olenghankoy Mukundji, a du pain sur la planche pour faire organiser une « rencontre préalable », selon ses propres dires, entre le  président « Felix » et son prédécesseur. En attendant, les consultations présidentielles se poursuivront jusqu’au début de la semaine prochaine.

 

Baudouin Amba Wetshi

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