Consultations présidentielles: Un air des « retrouvailles » Fatshi-JP Bemba

La troisième journée des consultations initiées par le président Felix Tshisekedi a été riche en symbole par les « retrouvailles » entre « Fatshi » et « Jean-Pierre ». L’histoire ne dit pas si Jean-Pierre Bemba a été reçu en sa qualité de leader du MLC (Mouvement de libération du Congo) ou celle de co-leader de la plateforme politique « Lamuka ». Dans une vidéo postée, mercredi 4 novembre, depuis Lubumbashi, Moïse Katumbi – tout de blanc vêtu – a annoncé, en lingala, son arrivée à Kinshasa. Ce sera le vendredi 6 novembre à 10h00. La dernière rencontre entre ces trois anciens « camarades de lutte » remonte au 11 novembre 2018 à Genève. Tous les regards sont désormais braqués sur les deux autres co-leaders. A savoir Martin Fayulu et Adolphe Muzito qui incarnent l’aile radicale de ce mouvement. L’histoire ne dit pas si ces derniers avaient reçu les cartons d’invitation du Protocole de la Présidence. Et s’ils répondront à ladite invitation.

A en croire des confrères présents au Palais de la nation, mercredi 4 novembre, Felix Tshisekedi Tshilombo s’est entretenu avec Jean-Pierre Bemba Gombo en deux temps. D’abord, en présence des membres de son proche entourage. Ensuite, en « colloque singulier ». Sans témoins. De quoi ont-ils parlé? « Je soutien tout dialogue entre Congolais », s’est contenté de déclarer un « JPB » peu expansif, à l’issue des entretiens. Ancien vice-président de la République chargé de l’Economie et des finances sous le régime de « Transition 1+4 » (2003-2006), le « chairman » en sait pas mal de chose sur « Joseph Kabila » et son « système ».

Felix Tshisekedi en conversation avec JP Bemba et Adolphe Muzito lors d’une réunion de l’opposition le 12 septembre 2018 à Bruxelles

Anciens camarades de lutte au sein de l’opposition, « Felix » et « Jean-Pierre » ne s’étaient plus revus depuis deux ans. Ce laps de temps n’a pas empêché le successeur de « Joseph Kabila » de tendre implicitement la main à ses anciens « alliés »: Moïse Katumbi est rentré au pays après trois années d’exil forcé en Europe; « Jean-Pierre » s’est installé dans la résidence familiale située, semble-t-il, trop près de l’habitation de l’ex-raïs; Martin Fayulu, lui, a repris possession de son hôtel « Faden House » qui avait été scellé par des agents zélés du fisc.

LE PAYS EST BLOQUE

Dans une vidéo, Moïse Katumbi a annoncé son arrivée ce vendredi 6 à Kinshasa. « Le pays est bloqué. Nous ferons tout pour qu’il aille de l’avant », a-t-il déclaré. Qu’en pensent Martin Fayulu et Adolphe Muzito? Mystère. On sait néanmoins que la « Base » du parti « ECIDé » (Engagement pour la citoyenneté et le développement) a été récemment faire du chahut devant Faden House. But: dissuader Fayulu de prendre part aux « consultations » en cours. Sauf rebondissements, d’aucuns prédisent déjà l’implosion de Lamuka. Au motif que le « rapprochement » entre Fatshi, Bemba et Katumbi serait perçu par Fayulu comme une « trahison ».

De gauche à droite, Muzito, Katumbi et Bemba

Après les élections chaotiques du 30 décembre 2018, Bemba et Katumbi – qui ont été exclus de la course à l’élection présidentielle par la volonté de « Kabila » – ont apparemment « fait le deuil » de cette iniquité. Candidat malheureux à l’élection présidentielle, Martin Fayulu, lui, continue à revendiquer le titre de « Président élu ». Et ce en dépit de la publication des résultats provisoires du « vote » par la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) et la confirmation de ceux-ci par la Cour constitutionnelle désignant Felix Tshisekedi, vainqueur.

Dans une déclaration datée du 23 mars 2019, les co-leaders de Lamuka (Bemba, Fayulu, Katumbi, Freddy Matungulu et Antipas Mbusa) rappelaient notamment que « les résultats de l’élection présidentielle tels que publiés par la Ceni ne correspondent pas à la vérité des urnes comme en témoignent les rapports des observateurs indépendants et crédibles (…)« .

SCELLER LA RÉCONCILIATION

Le 27 avril 2019, les co-leaders de Lamuka ont décidé de regarder vers l’avenir en transformant la plateforme électorale en plateforme politique. Le combat n’est plus axé sur « la vérité des urnes ». Il s’articule désormais sur quatre axes: l’éradication des antivaleurs, la promotion de l’Etat de droit, la défense de la Constitution et la mobilisation du peuple pour une alternance démocratique reflétant la vérité du choix des électeurs. C’était mal connaitre Fayulu et Muzito. « Felix Tshisekedi n’a gagné pas l’élection présidentielle », clament ces derniers. Pendant ce temps, Katumbi et Bemba ont pris leur distance par rapport à ce discours intransigeant. Pour eux, l’heure a sonné pour jouer la carte de l’ « opposition républicaine ». Que restera-t-il de Lamuka après les « consultations » en cours? Seul l’avenir le dira.

Martin Fayulu Madidi lors d’une conférence à la V.U.B

Pendant qu’à Kinshasa, « Fatshi » consulte, à Lubumbashi des « jeunes et cadres du Fcc » ont manifesté mardi 3. Pour eux, ces consultations « violent la Constitution ». Un certain Gaylord Kilanga du Pprd de déclarer, sans broncher, que « tout le monde exige le retour de Joseph Kabila en 2023 ». « Tout celui qui ne soutient pas Joseph Kabila est ennemi du Katanga », ajoute-t-il.

Le 10 septembre dernier, l’ex-ministre de la Santé, Felix Kabange Numbi, tenait des propos quasi-similaires: « Chacun a un chez soi. Ici, dans l’espace Katanga, c’est chez Joseph Kabila ». On ne peut que comprendre que certains acteurs de la société civile « conseillent » au chef de l’Etat ni plus ni moins que la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon eux, ce serait le premier pas vers l’éradication d’un « système » qui a détruit le pays, divisé les Congolais et avili la jeunesse.

Des observateurs espèrent que « l’ambiance des retrouvailles » qui a prévalu mercredi au Palais de la nation pourrait sceller la réconciliation entre Fatshi, Bemba et Katumbi. Et pourquoi pas avec Fayulu et Muzito? Utopie?

 

B.A.W.

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