Déforestation: les « amis » de la fratrie « Kabila » ont mis l’ex-Zaïre en coupe réglée

Zoé, Jeannette et Joseph "Kabila"

Invité de RFI, samedi 7 juillet, Jules Caron de l’ONG Global Witness a commenté son rapport dans lequel il dénonce l’abattage d’espèces d’arbre menacées au Congo-Kinshasa par la société sud-coréenne Nordsudtimber, basée au Liechtenstein. A en croire cet activiste, l’entreprise dont question contrôlerait un territoire de près de 40.000 km² soit la superficie de la Suisse. Le drame dans ce genre d’histoire est qu’il apparaît toujours en filigrane l’ombre d’un membre de la fratrie « Kabila ». Jaynet « Kabila » est le consul honoraire de la Corée du Sud au Congo-Kinshasa. Les membres de cette famille sont impliqués dans tous les « coups » illicites pouvant générer quelques « billets verts ». On l’a vu dans l’abattage sauvage du bois rouge « Mukula » par des « Chinois » dans la province du Haut Katanga. Ceux-ci agissaient sous la protection des fameux « GR ». 

Interdit de séjour au Congo-Kinshasa depuis le 14 juillet 2016, le Canadien Jules Caron ne poursuit pas moins son activisme dans la lutte contre « le pillage des ressources naturelles des pays en voie de développement ». Il a commenté, samedi 7 juillet, son rapport intitulé: « Échec total du système ».

Jaynet et Joseph Kabila

On retiendra, pour l’essentiel, que la société « Nordsudtimber » (quasi-introuvable sur le Net) contrôle, via ses filiales au Congo-Kinshasa, vingt concessions forestières qui s’étendent sur un espace territorial de plus de 40.000 km². « Parmi ces vingt concessions, dix-huit sont en train d’opérer illégalement », note-t-il en liminaire.

En clair, plusieurs concessions opèrent sans un plan d’aménagement censé délimiter les endroits que l’entreprise « va couper et combien elle va couper ». Se fondant sur des images captées par satellite, Caron assure que son organisation a constaté que l’ « opérateur forestier était en train de couper [du bois] en dehors des périmètres autorisés ».

Jules Caron dit que son rapport a pour but d’interpeller tant le gouvernement congolais que le ministre de l’Environnement afin que ceux-ci s’assurent que le code forestier en vigueur est bien appliqué et surtout respecté par les exploitants. D’après lui, son organisation ne cesse, depuis plusieurs années, de tirer la sonnette d’alarme sur l’impunité qui règne dans ce secteur.

En grattant un peu, il s’avère que ce « laisser-aller » ne pourrait trouver son explication que dans la « protection » dont jouiraient les « hors-la-loi » de la part de certains « puissants du moment ». Des puissants qu’on ne trouve nulle part ailleurs qu’au sein de la fratrie « Kabila ».

C’est un secret de Polichinelle de rappeler que Jaynet « Kabila » porte depuis le 28 septembre 2005  le titre de consul honoraire de la République de Corée. Généralement, les fonctions consulaires sont confinées dans un territoire bien déterminé. Dans la lettre de nomination signée par le ministre coréen des Affaires étrangères d’alors en l’occurrence Ban Ki-moon, on peut lire que « la sœur de… » exerce ses fonctions  » avec compétente sur l’intégralité » du Congo-Kinshasa.

« INDÉSIRABLES »

La déforestation sauvage dénoncée par cet activiste de Global Witness n’est pas sans rappeler un cas quasi-similaire survenu en toute impunité dans la province du Haut-Katanga. Il s’agit de ce que Mgr Fulgence Muteba, évêque de Kilwa-Kasenga, appelle « l’abattage massif du bois rouge » dit « Mukula ».

Mgr Fulgence Muteba

Dans un communiqué daté du 4 mars 2016, ce religieux n’est pas allé par quatre chemins en indiquant que les territoires de Kasenga et de Pweto comme étant les sites où s’opérait une vaste déforestation.

Sans user des circonlocutions, le prélat de pointé un doigt accusateur sur les responsables. Il s’agit des Chinois affectés aux travaux de construction des infrastructures routières. Seulement voilà, ces étrangers accomplissent leur forfait sous la protection des éléments de la garde prétorienne de « Joseph Kabila », mieux connus par les initiales « GR » (Garde républicaine).

Le bois coupé est entreposé dans un lieu secret à Lubumbashi avant de prendre frauduleusement le chemin du port tanzanien de Dar es Salaam via la Zambie. Destination finale: la Chine. « De toute évidence, cette coupe n’est couverte d’aucun titre légal d’exploitation industrielle ou artisanale. (…), aucun effort de reboisement n’est entrepris. On se croirait dans une jungle », concluait Mgr Muteba.

Depuis la révélation de ce scandale, plusieurs délégations officielles ont été dépêchées à Lubumbashi afin, disait-on, mettre fin à l’abattage de ce bois rouge. Après le gouvernement central, l’Assemblée nationale avait envoyé des membres de sa « Commission Environnement ». L’opinion attend toujours de connaitre les conclusions des « investigations » menées.

En mai 2017, les autorités zambiennes ont intercepté 499 camions remplis de ce bois précieux. A qui appartenait ce cargaison? Mystère!

Il faut refuser de regarder pour ne pas voir qu’une telle impunité ne peut trouver d’explication que dans « l’intouchabilité » des trafiquants et leurs complices qui trônent au sommet de l’Etat.

Revenons aux faits révélés par Jules Caron. A défaut de convaincre les gouvernants congolais à veiller au respect des lois de leur pays, le Canadien propose de faire appliquer le règlement de bois de l’Union européenne au niveau des importateurs. « Cette législation interdit le commerce ou l’importation de bois d’origine illégale », conclut-il en citant la France et le Portugal parmi ces importateurs.

En juillet 2016, Jules Caron et l’Allemande Alice Harrison, tous deux travaillant en qualité de chercheurs pour le compte de Global Witness, furent déclarés « indésirables » sur le sol congolais. Ils ont été accusés d’inciter la population à se soulever tant contre les exploitants forestiers que l’oligarchie en place. Sur RFI, l’activiste persiste et signe: « L’exploitation du bois en RDC n’est pas un moteur de développement. Soixante pour cent de ce que Nordsudtimber exporte du pays, sont des arbres d’espèces menacées et elles sont menacées notamment parce qu’il y a une surexploitation ».

 

Baudouin Amba Wetshi

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