Exécutif: « Fatshi » (toujours) en quête de la cohésion

Six mois après l’investiture du gouvernement dirigé par Sylvestre Ilunga Ilunkamba, l’esprit d’équipe est loin d’être le signe particulier de cette « coalition » Cach-Fcc aux allures d’un « grand bazar ». Bref, un assemblage hétéroclite. Chaque membre du gouvernement se considère avant tout au service des intérêts de son « clan » et non de la nation congolaise toute entière. Au cours de la 25ème réunion du conseil de ministres du vendredi 13 mars, le président Felix Tshisekedi a invité les membres de l’exécutif national à « plus de cohésion » et à « plus d’implication » dans l’action gouvernementale. Sera-t-il, cette fois, entendu? 

« 2020, l’année de l’action », proclamait le chef de l’Etat congolais lors de son discours sur l’état de la nation. C’était le 14 décembre dernier devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès.

Près de trois mois après, la machine étatique peine à démarrer. Elle peine à réformer la société. Au lieu de s’occuper des véritables préoccupations de la population, les « excellences » sont occupées à autre chose.

On assiste ici et là à des querelles pour le moins dérisoires: le Premier ministre qui tance le ministre de l’Intérieur suite aux « tracasseries » infligées à la députée nationale Jaynet « Kabila » à l’aéroport de Ndjili; le ministre de la Justice qui sermonne son adjoint qui, flanqué des journalistes, est allé, à son insu, « s’enquérir de l’état de santé » de certains prisonniers; le ministre des Finances qui sermonne son numéro deux etc.

Feu Delphin Kahimbi, ancien patron des Renseignements militaires

A ces bisbilles, il importe d’ajouter le cas du ministre de l’EPST (Enseignement primaire, secondaire et technique) qui brandissait récemment, sur un média international, son appartenance politique en lieu et place de fournir des détails sur le service rendu à la collectivité dans la cadre de la « gratuité de l’enseignement ». L’interpellation de l’ancien patron de l’ANR (Sûreté nationale) et la mort du chef du Renseignements militaires – après sa suspension – n’ont fait que corser un « climat électrique ».

Au-delà des apparences et autres « compte-rendus » ronronnants des rencontres « entre les deux hautes personnalités de la coalition », la méfiance parait désormais irrémédiable entre le « Cap pour le changement » du duo Tshisekedi-Kamerhe et le « Front commun pour le Congo » de « Joseph Kabila » et singulièrement entre Fatshi et son prédécesseur. L’avenir proche le dira.

LE CHANGEMENT N’A PAS EU LIEU

Au cours de la réunion du conseil des ministres du vendredi dernier, le président Fatshi – qui commence à s’impatienter – a invité l’équipe gouvernementale à mettre du cœur dans la mise en oeuvre du programme de l’exécutif national afin de répondre non seulement aux attentes à la population mais aussi à celles des institutions financières internationales. On le sait, celles-ci subordonnent leur assistance à l’affirmation ferme et résolue des autorités congolaises de rompre avec les mauvaises habitudes du passée (corruption, impunité). Des mauvaises habitudes qui continuent dans la mesure où le « changement » espéré n’a toujours pas eu lieu.

Kabila et Tshisekedi

Quatorze mois après l’investiture de « Felix » à la tête de l’Etat, la « mouvance kabiliste » reste le « maître du jeu ». Les finances publiques au sens le plus large sont toujours sous le contrôle de l’ancien pouvoir. La force publique, mêmement.

Vendredi 13 mars, le président Tshisekedi a prêché, une fois de plus, dans le désert en exhortant les membres de ce gouvernement hétéroclite dirigé par le « Premier » Ilunga « à former une équipe » conformément au vœu – pieux? – de la coalition Cach-Fcc. Ne devrait-on pas plutôt parler de cohabitation?

Pour avoir passé une trentaine d’années dans un pays démocratique comme la Belgique, « Felix » n’est pas sans ignorer que la répartition des maroquins n’a jamais été le point de départ lors de la formation d’une coalition gouvernementale. Le partage des responsabilités n’intervient qu’en tout dernier. Convergence programmatique, congrès d’acceptation du parti, élaboration du collectif budgétaire. Ce sont là les étapes qui précédent.

REVISITER LE « DEAL » OU SUBIR L’ÉCHEC

La tenue d’un congrès du parti est incontournable. C’est l’occasion pour les membres de ce dernier de donner leur onction à la participation de leur formation politique au pouvoir.

On ne peut que comprendre le « malaise » qui prévaut actuellement au sein de l’UDPS entre la « Base » et la « direction intérimaire ». Les « combattants » – qui n’ont jamais cessé de qualifier cette coalition de « mariage contre-nature » – accusent leurs dirigeants actuels de s’être enrichis et d’avoir transformé le parti en un « club d’amis ». Au Fcc, la « Base » est loin de bondir de joie à l’évocation de cette coalition. Ici les « durs » ne ratent jamais l’occasion de brocarder par procuration le « partenaire » de leur « autorité morale ».

Le gouvernement réuni au grand complet à l’issue du séminaire du 27 décembre 2019 à Zongo

Le 27 décembre dernier, le président Felix Tshisekedi avait réuni les membres du gouvernement en séminaire à Zongo, au Kongo Central. « Préserver la cohésion » au sein du gouvernement, était le thème central. Trois mois après, la cohésion reste introuvable. L’exécutif national rassemble, en réalité, des factions antagonistes qui n’ont aucun intérêt commun. 

Que faire? Il y a une seule alternative. A savoir, initier la « révisitation » des termes du fameux « deal » ou se laisser anesthésier par les délices du pouvoir avec, à la clé, l’échec annoncé…

 

Baudouin Amba Wetshi

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