« Fatshi » tiraillé entre « le peuple » et la Présidence de l’UA

Le président Felix Tshisekedi Tshilombo est devenu, samedi 6 février, président en exercice de l’Union africaine pour l’année 2021. Cette « fonction » protocolaire est de nature à assurer à son titulaire une visibilité au plan diplomatique. Elle pourrait néanmoins constituer un « réel danger ». Le risque est grand que le chef de l’Etat investi de cette charge « s’éloigne » de la politique intérieure par une activité accaparante à l’extérieur. Dans le cas du Congo-Kinshasa, la population attend, depuis deux ans, de percevoir les premiers « frémissements ». Les premiers signes d’un « léger mieux » tant au plan social que sécuritaire. Deux années après son investiture à la tête de l’Etat, « Fatshi » a reconnu que la coalition Fcc-Cach a constitué un « blocage ». Après la débâcle du « clan kabiliste », aucune explication ne pourrait empêcher la grogne sociale au bout de l’année en cours. « Kisalu me Banda » (Au boulot!), avait annoncé Felix Tshisekedi dans son discours de clôture des « consultations présidentielles ».

« Je savais que le chemin ne serait pas facile et j’avais prévenu que je n’ai pas de baguette magique et on ne peut pas tout régler en une année ». « C’est une mission, pas un plaisir. C’est même plutôt épuisant ». L’homme qui tient ce discours s’appelle Denis Sassou Nguesso. Le chef de l’Etat congolais d’en face faisait le bilan de sa Présidence de l’UA pour l’année 2006.  C’était au cours d’une interview accordée à l’hebdomadaire « Jeune Afrique » n°2407 du 25 février 2007.

Le président sud-africain Cyril Matamela Ramaphosa applaudit son successeur Felix Tshisekedi Tshilombo

Addis-Abeba. Samedi 6 février. La Pandémie de Covid-19 oblige, le 34ème sommet de l’Union Africaine s’est déroulé exceptionnellement par vidéo conférence. Le chef de l’Etat congolais et son homologue sud-africain étaient les seuls à faire le déplacement dans la capitale éthiopienne. Le Tchadien Moussa Faki Mahamat a été « plébiscité » Président de la Commission de l’Union Africaine pour les quatre prochaines années.

Parité oblige, le Président de la Commission de l’UA sera secondé par la Rwandaise Monique Sanzabaganwa. Ancienne vice-gouverneur de la Banque centrale du Rwanda, cette dernière a été élue commissaire chargée des questions administratives. Le Nigérian Bankole Adeoye, lui, va s’occuper des Affaires politiques, paix et sécurité. D’autres commissaires seront élus en juin prochain dont deux femmes.

Le nouveau Bureau de l’UA est composé comme suit: Président: Felix Tshisekedi Tshilombo (Congo-Kinshasa); 1er Vice-Président: Macky Sall (Sénégal); 2ème Vice-Président: Azali Assoumani (Comores); 3ème Vice-Président: Abdel Fatah Al-Sissi (Egypte); Rapporteur: Edgar Lungu (Zambie).

« FATSHI » PRESIDENT EN EXERCICE DE L’UA

C’est le Président de la Commission de l’UA qui a transmis au président Felix Tshisekedi Tshilombo le « pouvoir » en qualité de Président en exercice de l’Union Africaine pour l’année 2021.

Dans son « discours d’acceptation », le numéro un Congolais a rappelé qu’au moment où il accède à cette charge, le continent africain « est en proie à un défi majeur: celui de faire taire les armes ». C’est le cas, a-t-il cité, de la région sahélo-sahélienne, du Nord du Mozambique et des provinces congolaises du Kivu et de l’Ituri secoués par le terrorisme. Il a ajouté la République Centrafricaine où « la paix et la stabilité des institutions élues sont mises à rude épreuve dans les rebellions et des groupes armés ». On devrait ajouter d’autres zones de conflit: Libye, Soudan-Ethiopie, Sahara Occidental, Somalie.

Après l’aspect sécuritaire, le chef de l’Etat congolais a abordé le sujet du moment. A savoir la pandémie de Covid-19 « qui a pris au dépourvu toute l’humanité (…) ». Tout en relevant que l’Afrique a été « relativement moins touchée » que les autres parties du monde, il a exhorté les Etats du continent à ne pas « baisser les bras ». Et de ne pas perdre de vue « d’autres pathologies qui continuent de sévir au point d’être parfois de loin plus mortelles comme le paludisme et VIH/SIDA ».

« METTRE L’UA AU SERVICE DES PEUPLES AFRICAINS »

Pour Felix Tshisekedi, l’heure a sonné pour tirer les leçons de la pandémie de Covid-19. Pour lui, outre le renforcement du système de santé, les pays du continent devraient « investir davantage dans l’éducation et la recherche scientifique ». Il entend, durant son mandat, mettre l’Union africaine « au service des peuples africains ».

Revenons à l’allocution, présidentielle. Le Président de la République a déclaré, en liminaire, qu’il « mesure l’immensité de la tâche ». Il a bien raison. Certains de ses prédécesseurs ne disent pas autre chose. C’est le cas notamment du Brazzavillois Sassou Nguesso et de l’Egyptien Abdel Fatah Al Sissi. Les deux chefs d’Etat ont reconnu que la Présidence de l’Union Africaine est tout sauf une tâche de tout repos.

« Fatshi » prend cette fonction au moment où son pays fait face à une crise aux conséquences plutôt imprévisibles après la dislocation de la coalition Cach-Fcc. Certes, la mouvance kabiliste parait en déroute après le basculement de la majorité à l’Assemblée nationale et la démission du Premier ministre. Le Sénat est en passe de vivre le même phénomène que la chambre basse du Parlement. Les « Fatshistes » seraient mal inspirés de baisser la garde.

Le Président Félix Tshilombo Tshisekedi

« FATSHI » DEVRAIT REDONNER UN « BRIN DE SOURIRE » OU SE DEJUGER

Durant les semaines et mois à venir, le chef de l’Etat congolais pourrait être tiraillé par deux exigences quasi-antinomiques. A savoir d’une part, les intérêts de l’Union africaine et d’autre part, les attentes de la population congolaise à un mieux-être. Le Président en exercice de l’UA est appelé à effectuer de nombreux voyages aux quatre coins du continent. Aura-t-il assez de temps à consacrer aux « affaires domestiques »?

Depuis la nuit des temps, le Congo-Zaïre fonctionne selon le système jacobin où l’impulsion et la coordination doivent venir du sommet de l’appareil d’Etat.

En cette année charnière, le président Felix Tshisekedi – au risque de se déjuger – parait « condamné » à redonner un brin de sourire aux 80 millions de Congolais. Ce sera cette année ou jamais. Face au chaos qui règne au Front commun pour le Congo, Il est privé « d’alibis ».

Pour « limiter les dégâts », le chef de l’Etat devrait mettre un soin particulier dans le choix du prochain Premier ministre autant que dans la sélection des autres membres du gouvernement. L’idéal serait que le futur chef du gouvernement soit doté d’une expérience éprouvée en matière politique et administrative. Le cabinet présidentiel devrait être composé des « meilleurs » dans leur spécialité respective. Des hommes et femmes ayant la capacité de faire des propositions et donner des avis au premier magistrat du pays.

 

Baudouin Amba Wetshi

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