Gouvernement: Ilunga Ilukamba 1er

« Une minorité de concitoyens a pris le Congo-Kinshasa en otage (…) ». Les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) avait vu juste dans un de leur message publié en juin 2017. Cent-seize jours après son investiture en qualité de chef de l’Etat, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a (finalement) nommé, lundi 20 mai, le tout premier chef du gouvernement de son quinquennat en la personne de Sylvestre Ilunga Ilukamba, « DG » de la SNCC (Société nationale de chemins de fer du Congo). Durant 116 jours, « Joseph Kabila » a tenté, sans succès, d’imposer un de ses « hommes d’affaires » à ce poste. Le Congo-Kinshasa est loin d’être sorti de l’auberge.

Blasés par les titres académiques de leurs « excellences » et autres « honorables », les Congolais n’ont guère été éblouis  d’apprendre que leur nouveau Premier ministre est détenteur d’un doctorat en sciences économiques appliquées et enseigne à l’université.

Depuis la seconde moitié des années 80 à ce jour, les ex-Zaïrois ont vu défiler des « surdoués » autoproclamés à la tête tant de la primature, des ministères que des entreprises publiques. Ils ont vu à l’oeuvre des juristes, des économistes, des ingénieurs et des… professeurs. Les résultats sont quasi-nuls en termes d’amélioration de la qualité de vie de gens. Sylvestre Ilunga Ilukamba sera, de ce fait, jugé sur pièces. Et non sur ses discours. La tâche sera tout sauf facile.

Le « Premier » Ilunga Ilukamba est un homme plutôt peu connu sur l’échiquier politique zaïro-congolais. Il n’a jamais attiré l’attention des médias. Il s’agit donc d’une personnalité à découvrir.

PROGRAMME COMMUN DE GOUVERNEMENT

Dans sa première déclaration, le successeur de Bruno Tshibala a promis de mettre l’accent sur la « transparence » et la « bonne gouvernance » tout en assurant avoir conscience de la « lourde responsabilité » qui est la sienne « en ce moment crucial de l’histoire » du Congo-Kinshasa. Il s’est engagé à promouvoir un fonctionnement harmonieux de la « coalition au niveau du gouvernement ». Sans omettre d’ajouter, à l’instar de ses prédécesseurs, qu’il est déterminé à apporter une « amélioration des conditions de vie » de la population.

Après quatre mois « perdus », le chef de l’Etat et « son » Premier ministre devraient commencer rapidement le « boulot » pour… mettre la charrue derrière les bœufs. Il s’agit d’élaborer un « programme commun » de gouvernement sans lequel il n’y a pas de « coalition » digne de ce nom.

Kamerhe et Tshisekedi

Le « CACH » se veut un mouvement réformiste. Etat de droit, bonne gouvernance, lutte contre la corruption et l’impunité tiennent lieu de credo pour « Felix » et « Vital ». Composé des ex-oligarques kabilistes, le FCC, lui, présente tous les contours d’un mouvement conservateur. Ici, la « continuité » semble être le maître-mot.

EMPOIGNADES

Sous d’autres cieux, toute « coalition gouvernementale » commence par le rapprochement des programmes. Celui-ci est suivi par la confection d’un collectif budgétaire. La politique, c’est l’action. Il n’y a pas d’action sans moyens à fin. La répartition de maroquins n’intervient qu’en dernier lieu.

Il ne serait pas surprenant que les deux familles politiques s’empoignent, à brève échéance, particulièrement lors de la formation du gouvernement. D’aucuns parlent de « partage du gâteau ». Une seconde empoignade pourrait intervenir lors de la « définition » du programme « concerté » entre les institutions Gouvernement et Président de la République. C’est bien ce programme qui sera soumis à l’approbation d’une Assemblée nationale dominée, Dieu seul sait par quelle magie, par des « marionnettes » manipulés par une prétendue « autorité morale » tapie à Kingakati.

UNION CONTRE-NATURE

Qui est le nouveau « Premier »? Sylvestre Ilunga Ilukamba est né le 28 mars 1947. Ministre du Plan dans le gouvernement Lunda Bululu (mai 1990), Ilunga a dirigé par la suite le ministère des Finances dans l’équipe du Premier ministre Mulumba Lukoji (mars 1991). Il a été auparavant secrétaire d’Etat dans plusieurs départements à caractère économique (Economie nationale, Industrie, Commerce extérieur, Plan et Portefeuille). Le nouveau « Premier » a été administrateur à l’ex-Zaïre Gulf Oil et Bralima.

On notera enfin que le nouveau chef du gouvernement est ou était membre du Comité scientifique de l’Africa Development (Codesria) et consultant de l’IFDA (International foundation for Development Alternatives).

Coordonnateur de la NSCC (Nouvelle société civile congolaise), Jonas Tshiombela a déclaré que la coalition CACH-FCC doit démontrer sa crédibilité « au niveau de l’opinion » afin que celle-ci puisse lui « faire foi ». En cause, les mauvais souvenirs de la gestion passée de la mouvance kabiliste.

Porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), le révérend Eric Nshimba dit espérer que la désignation du nouveau « Premier » procède d’un « consensus politique » qui privilégie « l’intérêt supérieur de la nation ». Le religieux exhorte le personnel politique à promouvoir « la réconciliation et l’unité nationale ».

Des observateurs n’accordent aucune pérennité à l’alliance CACH-FCC. « C’est union contre-nature », clament-ils. A tort?

 

B.A.W.

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