Infrastructures: « Felix Tshisekedi déterminé à relier l’Est à l’Ouest »

C’est la déclaration faite à Tshikapa (Kasaï), à une date non précisée, par David Mukeba Kalengayi (photo), conseiller principal chargé du collège des Infrastructures à la Présidence de la République. Les communicants de l’actuel cabinet présidentiel commentent les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs. Durant ses dix-huit années de pouvoir, « Joseph Kabila » a usé et abuser du verbe « déterminer ». Sans faire ce qu’il avait dit. Les responsables de la communication avaient perdu de vue que les gouvernants exercent le « ministère de l’action » et non le « ministère de la parole ».

David Mukeba Kalengayi

En séjour à Tshikapa, au Kasaï, David Mukeba Kalengayi, chef du collège « Infrastructures » à la Présidence de la République – qui semble ignorer qu’il ne peut revendiquer une quelconque responsabilité politique en sa qualité de conseiller d’un cabinet politique -, s’est cru en droit de « rassurer » la population de Tshikapa sur la « détermination » du président Felix Tshisekedi Tshilombo « à mettre tout en œuvre » pour relier l’Est à l’Ouest du pays « par une route bitumée et confortable ».

Dans sa dépêche datée du lundi 4 novembre, l’Agence congolaise de presse (ACP) qualifie ces propos frisant tant la démagogie que l’irresponsabilité de « révélation ». David Mukeba l’a faite lors de la visite de quelques chantiers dans le cadre d’une mission de supervision de la BAD (Banque africaine de développement). Une mission qui s’étend du 31 octobre au 6 novembre.

Le conseiller s’est gardé d’aller jusqu’au bout de sa logique. Il est resté muet  non seulement sur le coût d’un tel ouvrage mais surtout l’origine du financement. Une très fâcheuse habitude.

Lors de la présentation du programme du gouvernement, fin août dernier, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’avait pas agi autrement. Le successeur de Bruno Tshibala s’est contenté de dérouler une sorte de catalogue de bonnes intentions. Sans fournir le moindre chiffre.

« CREDO CONSOLATEUR »

Usant et abusant du « ministère de la parole » en lieu et place d’annoncer les réalisations accomplies, Mukeba Kalengayi d’expliquer aux populations qui l’écoutaient que le chef de l’Etat est « préoccupé » par la « pauvreté » qui règne dans les milieux ruraux. Pour résoudre cette situation, a-t-il souligné, il importe d’aménager « un réseau routier structurant » et baliser les rivières « afin de faciliter l’évacuation des produits agricoles à partir des centres de production vers les centres de consommation situés dans les centres urbains ». Rien que ça!

Le conseiller principal en charge du collège « Infrastructures » à la Présidence de la République de conclure en relayant le « credo consolateur » cher au personnel politique zaïro-congolais: « La RDC ne doit pas continuer à importer du maïs le maïs, du riz et de l’huile de palme[…]alors que le pays dispose de plus de 80 millions de terres arables susceptibles de nourrir plus de deux milliards » de personnes.

Après Tshikapa, Mukeba doit se rendre à Mbuji Mayi, au Kasai Oriental.

Depuis le lancement du processus démocratique le 24 avril 1990, on a vu des membres des cabinets politiques descendre dans l’arène politique alors qu’ils n’ont aucune existence constitutionnelle. Et ne peuvent de ce fait revendiquer une responsabilité politique.

Directeur du Bureau du président Mobutu Sese Seko, Felix Vunduawe te Pemako a été le premier à transgresser cette règle en menant des « sorties médiatiques » destinées à donner la réplique à l’Union sacrée de l’opposition radicale. 

Abdoulaye Yerodia Ndombasi

Cette habitude pour le moins  détestable s’est poursuivie sous le régime de Mze Laurent-Désiré Kabila. On a vu, à maintes reprises, le « dircab » Abdoulaye Yerodia Ndombasi s’engouffrer dans la brèche ouverte pour « recadrer » les Occidentaux. Sous « Joseph Kabila », le dircab Néhémie Mwilanya W’ilondja se plaisait non seulement à exercer le ministère de la parole mais aussi à conduire des « missions d’inspection » composée de ministres. C’est fut le cas, l’année dernière, notamment à Kasumbalesa, Haut Katanga. Un vrai désordre!

« LE MINISTÈRE DE L’ACTION »  

Le problème pourrait se poser au niveau de la responsabilité. L’Etat congolais compte quatre institutions: le Président de la République, le Parlement, le Gouvernement et les Cours et tribunaux. Il va sans dire que seuls les animateurs de ces structures politiques sont habilités à prendre la parole publique et, par conséquent, à assumer la responsabilité.

La Constitution congolaise promulguée le 18 février 2006 a déjà tranché la question en énonçant, par ailleurs, que « le gouvernement conduit la politique de la nation ». S’il est vrai que cette politique a été préalablement définie en concertation avec le Président de la République, il n’en demeure pas moins vrai que chaque membre du gouvernement est responsable de son département. C’est encore la loi fondamentale qui le dit.

On espère que la coalition « Cap pour le Changement » (CACH) fera preuve de cohérence en éradiquant certains dysfonctionnements qui affectent l’appareil d’Etat depuis bientôt trois décennies. C’est le cas des interférences des membres du cabinet présidentiel sur les plate-bandes du gouvernement. 

On espère également que les communicants tant de la Présidence de la République que de la primature auront à cœur de rappeler aux gouvernants du moment qu’ils doivent exercer le « ministère de l’action » en faisant savoir ce qui a été réalisé – y compris les problèmes rencontrés – et non ce qu’on est « déterminé » à faire. A l’opposition, le « ministère de la parole ».

En communication, une action constitue en soi un message…

 

B.A.W.

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