Infrastructures: « Kabila » bouillonne de projets pharaoniques

Président hors mandat depuis le 19 décembre 2016, « Joseph Kabila » est attendu ce mercredi 2 mai à l’aéroport international de Ndjili où il va poser la première pierre de travaux de construction d’un « nouvel aéroport ultramoderne ». Combien ça coûte? Mystère! Aucun appel d’offres n’a été lancé en violation de la loi en matière de passation des marchés publics. Comme à l’accoutumée, c’est une entreprise chinoise qui a obtenu ce marché. Ce nouveau projet intervient après la signature en mars dernier d’un contrat dit de « collaboration » avec DPW (Dubaï Port World) pour l’érection d’un port en eau profonde à Banana, au Kongo Central. D’autres infrastructures sortent des terres à Kalemie, province du Tanganyika. Mi-septembre 2016, la CENI claironnait son « impécuniosité » pour justifier la non-convocation du scrutin de l’élection présidentielle…

Partira? Partira pas? Seize mois après l’expiration de son dernier mandat, « Joseph Kabila » continue à prendre des décisions qui vont engager l’Etat congolais au cours des années à venir. Et pourtant, il ne dispose plus de pouvoirs constitutionnels. Son rôle devrait se limiter à « expédier les affaires courantes ». C’est à dire prendre des décisions d’administration quotidienne et gérer les questions qui nécessitent des décisions immédiates. Et ce jusqu’à « l’installation effective » du nouveau Président qui devrait être élu le 23 décembre prochain. A vrai dire personne ne croit à la tenue d’élections libres et apaisées.

Nombreux sont, en effet, les observateurs tant congolais qu’étrangers qui se disent stupéfaits par la « mine imperturbable » qu’arbore l’improbable successeur de Mzee LD Kabila. « Le président Kabila ne montre aucun signe de stress en perspective de son prochain départ du sommet de l’Etat, estiment les habitués du Palais de la nation et ceux de la ferme de Kingakati. Tous les meubles meublants sont toujours aux endroits habituels ». « On a déjà vu un locataire obligé d’emballer ses cliques et ses claques et quitter en catastrophe le lieu… », ironisait, mardi soir, un ancien haut fonctionnaire joint à Kinshasa.

En attendant, « Kabila » est encore là. Et il le fait savoir notamment en allant ce mercredi à l’aéroport de Ndjili où il doit lancer les travaux de construction d’un « nouvel aéroport ultramoderne ». Une grande partie des installations actuelles est vouée à la démolition.

Dans une dépêche datée du 30 avril, l’Agence congolaise de presse (ACP) précise que « le nouvel aéroport devra répondre aux standards internationaux ». Durée des travaux: 36 mois. Qui pourrait être mécontent du progrès et de la modernité?

Des questions restent néanmoins sans réponses. La pose de cette première pierre a-t-elle été précédée par un appel d’offres? Combien coûte cet ouvrage? Quelle est la provenance du financement?

« BLANCHIMENT »

« Joseph Kabila » qui a été « élu » en 2006 et « réélu » en 2011 sans un véritable programme – hormis respectivement « Les Cinq chantiers du chef de l’Etat » et « La Révolution de la modernité » qui n’étaient que des slogans creux – donne l’impression de bouillonner d’idées et des projets depuis l’expiration de son dernier mandat. Depuis le 19 décembre 2016, l’homme digère mal son inéligibilité.

Lucain Kasongo Mwadianvita

Depuis 2013, le « raïs » et ses hommes ne cessent de multiplier des subterfuges pour « conserver » le pouvoir dans le giron du PPRD, le parti présidentiel. « Kabila » n’envisageait pas moins que l’organisation du référendum. Objectif: « déverrouiller » les articles 70 et 220. On rappelle que les députés PPRD Lucain Kasongo Mwadianvita et Simplice Ilunga Monga avaient déjà élaboré et transmis une proposition de loi dans ce sens au ministre de l’Intérieur. C’était  en septembre 2015. Cette initiative est loin d’être enterrée.

Début janvier dernier, le « raïs » qui s’ennuie ferme au Palais de la nation, est allé vadrouiller durant deux semaines dans la province du Haut Katanga. Il a effectué, par la suite, une « visite de travail » à Kalemie, le chef-lieu de la province du Tanganyika. Il en a profité pour constater l’avancement des travaux de construction d’un bateau moderne de plus de 3.500 tonnes. « Un don que le raïs a offert à la population de Kalemie », dit la propagande officielle. Il a visité également les travaux de construction d’un « hôpital général de référence » confiés à l’entreprise chinoise « CREC ».

En juin 2016, « Kabila » lançait les travaux d’élargissement de l’aéroport de Kalemie dont la longueur devrait passer de 1.750 mètres à 2.500. Coût: 18 millions $. Le Groupe Malta Forrest (EGMF) a obtenu le marché. La modernisation de l’aérogare a été confiée à l’entreprise chinoise « SZTC ». Il importe d’ajouter à cette liste l’érection d’un stade omnisport au quartier Kichanga (10 millions $), et la construction d’une université confiée à la société SODEDIE. Combien ça coûte? Pourquoi Kalemie?

On allait perdre de vue le « contrat de collaboration » signé, en toute opacité, en mars dernier, entre le « Congo libéré » et Dubaï Port World (DPW) pour la construction d’un port en eau profonde à Banana, au Kongo Central. Montant: plus d’un milliard de dollar.

Quelle est la motivation qui se dissimule derrière toutes ces réalisations tardives? Un expert financier donne son analyse: « Aucun investisseur sérieux ne peut placer ses capitaux dans ce pays qui est fiché, au moment où nous parlons, comme un Etat à haut risque pour les investissements. Je parie que les infrastructures auxquels vous faites allusion servent d’alibi pour camoufler une vaste opération de blanchiment des liquidités provenant des crimes économiques… »

 

B.A.W.

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