« Joseph Kabila » doit dégager le 19 décembre 2016

President Kabila looks on during signature ceremonies.

Le mardi 16 août dernier, les habitants de Beni ont chahuté proprement le Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Ils ont exigé à la même occasion la démission de celui-ci et celle de « Joseph Kabila ». Motif: incompétence. Une infamie sans précédent. Vox populi, vox Dei. Voix du peuple, voix de Dieu.

Point n’est besoin de rappeler dans les détails les massacres, en toute impunité, qui ont lieu et qui continue de se produire dans cette partie du pays. Et ce depuis le mois d’octobre 2014 à ce jour. Le pouvoir kabiliste a donné toute la mesure de son incurie autant que son incapacité – à moins qu’il ne s’agisse de connivence – à assurer des conditions minimales de sécurité aux habitants de la province du Nord Kivu en général et du Territoire de Beni en particulier.

A quelques trois mois de la fin du second et dernier mandat de l’actuel locataire du Palais de la nation, d’aucuns avaient cru que celui-ci allait prendre tranquillement ses cliques et ses claques et dégager. Hélas, l’homme – qui avait annoncé « la fin de recréation » lors de la promulgation de la Constitution – parait décider à faire de la résistance.

Dans l’entretien qu’il a eu avec « Jeune Afrique » n°2901-2902, Zoé « Kabila » s’est fait le porte-parole de son frère. Défiant les 75 millions de Congolais, il a déclaré que « la famille » n’est pas prête « à abandonner le pouvoir à n’importe qui ». Se fondant sur le très controversé arrêt de la Cour constitutionnelle du 11 mai 2016, il a ajouté que « le président restera en fonction (…) » jusqu’à l’élection du nouveau Président.

C’est un message univoque que « Kabila » envoie à tous ceux qui rêvent d’un changement démocratique à la tête du pays conformément à l’article 70 de la Constitution.

Ce message pourrait être formulé en ces quelques mots: « J’y suis, j’y reste ». En clair, le président sortant « Joseph Kabila » est décidé à croiser le fer, au propre comme au figuré, avec tous ceux qui lui demande de se soumettre à la primauté du droit.

La fratrie « Kabila » donne l’impression de considérer l’ex-Zaïre comme un « butin de guerre ». Zoé ne dit pas autre chose dans son entretien précité: « Notre père a versé son sang pour ce pays. Lorsque nous étions enfants, il nous répétait que c’était nous qui allions reconstruire la RD Congo ».

Les nouvelles en provenance des travaux du comité préparatoire du dialogue qui viennent de prendre fin sont loin de rassurer. C’est un coup de force constitutionnel qui se prépare dans ce forum. But: préserver les intérêts de la fratrie « Kabila ». Alarmisme? Nullement!

Ceux qui ont eu l’occasion de lire Max Weber savent que l’exercice du pouvoir politique est toujours accompagné d’un discours de légitimation. A la base de toute légitimité, il y a la volonté populaire. La légitimité de tout pouvoir politique est proportionnelle à son efficacité. C’est une question de confiance.

Peut-on franchement affirmer que la volonté des 75 millions de Congolais se résume à voir la fratrie « Kabila » perpétuer sa domination sur ce pays et son peuple? Quel en serait la justification?

« Joseph Kabila » a accédé à la tête de l’Etat congolais le 26 janvier 2001. Les Nations Unies venaient de décréter quelques mois auparavant, les Objectifs du Millénaire en vue d’éradiquer la pauvreté. Le bilan devait être fait quinze années plus tard. Qu’en est-il du « Congo libéré »? Quels sont les progrès engrangés au plan social, économique, politique, culturel et sécuritaire?

En janvier 2007, le président « élu » a lancé les fameux « Cinq chantiers » à l’image d’un prestidigitateur qui sort un pigeon de son chapeau. Il avait prétendu doter le pays des infrastructures modernes. Quid du résultat?

Sans dresser le bilan de ces « Cinq chantiers », l’homme est passé à autre chose en lançant un nouveau gadget dénommé « la Révolution de la Modernité ». C’était lors de son investiture le 20 décembre 2011.

Dans son allocution, il a affirmé que « ce projet vise à faire de la République Démocratique du Congo, un pool d’intelligence et de savoir-faire, un vivier de la nouvelle citoyenneté et de la classe moyenne, un grenier agricole, une puissance énergétique et environnementale, une terre de paix et de mieux-être, une puissance régionale au cœur de l’Afrique, l’objectif ultime étant l’émergence de notre pays ». Les Congolais continuent à scruter l’horizon pour percevoir les premiers signes de la « modernité ».

En janvier 2016, « Joseph Kabila » a annoncé ce qu’il a appelé « 28 mesures d’urgences ». L’objectif est, disait-il,  » d’accroître les ressources financières » et d’« améliorer la dépense » par la mise en œuvre des « réformes structurelles à impact rapide ». Des promesses. Rien que des promesses.

En quinze années de pouvoir, le président sortant et sa fratrie ont fait reculer le « Grand Congo » de plusieurs décennies. Ils sont devenus immensément riches. Ils ont peur de l’après-19 décembre 2016.

En tous cas, le 19 décembre prochain, « Joseph Kabila » et sa fratrie doivent libérer le destin collectif des 75 millions de Congolais. Ils doivent dégager. Ce n’est nullement une recommandation. C’est une exigence!

 

Baudouin Amba Wetshi

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