« Joseph Kabila » sur les traces de Mzee?

Le 16 janvier 2017, les kabilistes vont commémorer le 16ème anniversaire de la mort non-élucidée, à ce jour, du président LD Kabila. Le 16 janvier 2001, le Mzee a été « tué » dans son bureau au Palais de marbre à Kinshasa. Selon la version officielle, l’assassin présumé serait un de ses gardes du corps nommé Rachidi Kasekera. Celui-ci a été abattu, à son tour, par le colonel Eddy Kapend, alors aide de camp du chef de l’Etat.

Une version officieuse met en doute la thèse de l’assassinat. Au motif que le corps du défunt présentait des impacts de balles sans que ceux-ci entrainent un bain de sang alors que la victime avait l’aorte sectionnée. Conclusion: le décès serait antérieur aux coups de feu.

Le climat orageux qui prévaut actuellement au Congo-Kinshasa n’est pas sans rappeler l’ambiance délétère qui a précédé la disparition de Mzee au cours de la seconde moitié de l’année 2000. LD Kabila a été présenté comme un « obstacle à la paix ». « Joseph Kabila » devient plus que jamais une menace pour paix, la sécurité et la stabilité au Congo-Kinshasa.

Dérive dictatoriale. Porté au pouvoir le 17 mai 1997 par les armées régulières notamment de l’Ouganda et du Rwanda, le Mzee avait suscité un espoir de renouveau de très courte durée avant de se muer en despote: suspension du processus de démocratisation, interdiction des partis politiques, arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires, fermetures des médias privés, spoliation etc. Sans omettre, le clientélisme.

Début août 1998, LD Kabila rompt la « coopération militaire » avec Kampala et Kigali plongeant le pays dans une nouvelle guerre dite « d’agression » par opposition à la « guerre de libération ». Une nouvelle « rébellion congolaise » a vu le jour dans la capitale rwandaise. Il s’agit du « Rassemblement congolais pour la démocratie » (RCD).

Soutenu par l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie, LD Kabila tenait à tout prix à « ramener la guerre d’où elle était venue ». Un moment donné la guerre est devenue trop chère pour ses alliés.

Isolément diplomatique. Dès son arrivée au pouvoir, LD Kabila a été invité par la Maison Blanche à organiser des « élections rapides ». Le ministre belge des Affaires étrangères de l’époque, Erik Derycke l’exhortera à former un « gouvernement consensuel ». Dans les deux cas, la réponse fut un « Niet » retentissant. Les relations avec les instances financières internationales furent tout aussi conflictuelles. La politique économique du nouveau régime est jugée « illisible ». Le chef de l’Etat est gratifié de l’épithète « imprévisible ».

Dans la liste des griefs, il est reproché au Mzee d’avoir empêché la conduite des enquêtes initiées par le Conseil de sécurité sur les fosses communes qui contiendraient des Hutus occis par les troupes de l’AFDL. Le chef de l’Etat congolais va, par ailleurs, s’opposer à la désignation de l’ancien président botswanais Ketumile Masire comme facilitateur de la crise congolaise.

Après la signature de l’Accord de paix de Lusaka en juillet 1999, l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie ont « encouragé » leur allié congolais à jouer la carte du dialogue pour parvenir à une paix durable. Refus. Les Namibiens ont été les premiers à plier bagage. Le soutien des Angolais et des Zimbabwéens à LD Kabila aura de plus en plus le relief de la corde qui soutient le pendu.

Consultations nationales.Du 24 février au 11 mars 2000, les chefs des confessions religieuses ont organisé à Kinshasa une « consultation nationale ». But: restaurer une paix durable. La rencontre a été boycottée par la grande majorité des leaders de l’opposition.

Dans leur diagnostic, les différents intervenants ont épinglé les griefs suivant comme étant les causes de la crise. A savoir: arrêt du processus de démocratisation, intolérance politique, arbitraire, concentration de pouvoirs, arrestations des journalistes, des leaders politiques et des militants des droits humains, fermeture des médias privés, manque de dialogue etc. Ces consultations n’étaient qu’une opération de communication initiée par des religieux dont un certain Pasteur Daniel Mulunda Ngoy et l’évêque Marini Bodho.

LD Kabila lâché par ses alliés. Après le rapatriement des soldats namibiens et la tiédeur de ses alliés, le Mzee a fait appel à des mercenaires européens pour « jeter » des bombes artisanales au grand marché à Goma. En août 2000, un officiel angolais n’est pas allé par quatre chemins en qualifiant le chef d’Etat congolais d’« obstacle au processus de paix ». Pour cause, il a fait capoter les négociations prévues par la « communauté internationale ».

Investiture d’un nouveau Président US. Le président LD Kabila est décédé le 16 janvier 2001 soit quatre jours avant l’investiture de George W. Bush. Le 26 janvier de la même année, « W » a été premier dirigeant étranger à féliciter « Joseph Kabila » lui donnant du « Mister President ».

Quid de « Joseph Kabila »? Lors de la promulgation de la Constitution congolaise, le 18 février 2006, le successeur de Mzee adopta la posture d’un réformateur en annonçant « la fin de la recréation » qui a pu régner sous le « régime 1+4 ».

Après son investiture le 9 décembre 2006, le président « élu » jeta le masque en révélant sa face véritable de prédateur des droits et libertés. Dérive dictatoriale, mépris de la vie et de la dignité de la personne humaine, intolérance politique, arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires, intimidation et népotisme sont devenus les piliers du régime.

« Joseph Kabila » fait face à un isolément diplomatique sans précédent. En cause, les violations des droits humains mais aussi les tentatives pour briguer un troisième mandat en violation du prescrit constitutionnel. Il n’est pas sûr que les « discussions directes » organisées au Centre interdiocésain apportent l’apaisement espéré. L’homme n’a jamais honoré sa parole. Est-ce pour cette raison que l’Angola a retiré ses troupes présentes au Congo-Kinshasa?

Au total, le Mzee et « Joseph Kabila » ont eu tort d’avoir passé, par pertes et profits, l’Histoire immédiate du Congo-Zaïre. Ils auraient appris qu’à l’occasion du « débat national » organisé par Mobutu Sese Seko de janvier à avril 1990, les Zaïro-Congolais ont rejeté l’unanimisme, l’autocratie et le favoritisme.

Ils auraient appris également que lors des travaux de la Conférence nationale souveraine (CNS), les Zaïrois d’alors avaient clamé leur attachement à la démocratie ainsi qu’au respect des droits humains.

Ila auraient appris enfin que le peuple zaïro-congolais a pris goût à la démocratie. Il n’y a pas de démocratie sans débat ni controverse. Il n’y a pas de démocratie sans un droit de résistance à l’oppression. « Le peuple a le droit sacré de désobéir et de résister à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir ou s’y maintient par la force ou l’exercice en violation de la Constitution », énonce l’article 7 du projet de Constitution élaboré lors des travaux de la CNS. L’article 64 de la Constitution en vigueur n’a rien inventé…

 

Baudouin Amba Wetshi

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