« Joseph Kabila », un président autiste

Le Tout-Kinshasa-politico-diplomatique continue à disséquer la motivation qui se dissimule derrière les dernières nominations opérées samedi 14 juillet, au sein de l’armée congolaise (FARDC), par le président hors mandat « Joseph Kabila ». De l’avis général, ce dernier ne quittera son fauteuil que contraint et forcé.

Plus à raison qu’à tort, la « résurrection » du très controversé général John Numbi Banza Tambo, promu inspecteur général des FARDC, et la restructuration du cabinet présidentiel sont perçues comme étant des signes indéniables de la volonté de l’homme qui « trône » à la tête de l’Etat congolais depuis 17 ans de croiser le fer avec ses contempteurs tant nationaux qu’internationaux.

Depuis son irruption au sommet de l’Etat, « Joseph » évite tout contact avec les « vrais gens ». C’est-à-dire ces Congolais qui vivent dans une misère indescriptible et peinent à nouer les deux bouts du mois.

Ne côtoyant que les membres de sa fratrie ainsi que quelques « nationalistes-souverainistes » autoproclamés – qui passent le clair de leur temps à le caresser dans le sens du poil -, le successeur de Mzee vit dans un monde imaginaire. Il est déconnecté des réalités. Bref, il est devenu autiste.

Ignorant « l’humeur du moment » de la grande majorité de ses « concitoyens », « Joseph Kabila » ne surprend plus personne. Ses discours et allocutions sont sans âme, insipides et soporifiques. Des speechs qui ne tiennent guère compte des véritables préoccupations des 80 millions de Congolais.

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue le 26 janvier dernier, l’opinion espérait recevoir enfin la réponse sans équivoque à une question tout aussi sans équivoque: Va-t-il briguer un troisième mandat? Jouant au plus fin, « Kabila » répondit par une pirouette en demandant au service du protocole de la Présidence de remettre un exemplaire de la Constitution à la journaliste française qui avait posé cette question cruciale.

Il n’est plus rare d’entendre un membre de la majorité sortante dite « MP » clamer sans rire: « La Constitution n’oblige pas le chef de l’Etat de déclarer qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle ». Et pourtant, ce jeudi 19 juillet, les Congolais attendent la réponse à cette même question qui est en passe de paralyser le pays tout entier.

Depuis 2013 à ce jour, « Kabila » joue au chat et à la souris avec un peuple congolais dont la soif d’un autre avenir – autrement dit du changement – n’est plus à démontrer. L’ouvrage « De la révision de la Constitution à l’inanition de l’Etat » d’Evariste Boshab, les Concertations nationales, les dialogues organisés respectivement à la Cité de l’Union africaine et au Centre Interdiocésain sont autant de subterfuges déployés par le pouvoir pour retarder l’avènement de l’alternance. La création récente d’un « Front commun pour le Congo » (FCC) que certains humoristes ont transformé en « Front des Congolais corrompus » entre dans cette même logique.

« Élu » président de la République en octobre 2006 sans un véritable programme, « Joseph Kabila » attendra le mois de novembre pour brandir, tel un prestidigitateur, les fameux « Cinq chantiers du chef de l’Etat ». Pour n’aborder que le volet « social », la population congolaise attend désespérément l’eau et l’électricité promises. Sans omettre les soins de santé et une éducation de qualité. Passé maître dans l’art de  l’enfumage, le « raïs » a « goudronné » ou élargi quelques altères à grands frais.

En décembre 2011, le Président sortant est « réélu » dans des conditions plus que contestables. Alors que les Congolais attendaient le bilan des « Cinq chantiers », l’homme va lancer un nouveau concept aux allures de slogan creux: « La révolution de la modernité ».

En 17 ans, « Kabila » a mis le « Grand Congo » à genoux. Les villes congolaises brillent par leur saleté. L’homme et son clan ont excellé dans la corruption, le pillage des ressources naturelles du pays et les violations des droits et libertés. Rarement la vie humaine n’a été traitée avec autant de dédain. Le double massacre des adeptes de Bundu dia Kongo en 2007 et 2008, les répressions sanglantes des manifestations pacifiques, les arrestations et détentions arbitraires en témoignent. Sans oublier les assassinats des journalistes et autres défenseurs des droits de l’Homme maquillés en crimes crapuleux.

En dépit de ce sombre tableau, certains observateurs pour le moins candides pensent que « Kabila » pourrait « surprendre » ce jeudi 19 juillet par « certaines annonces ».

Reste qu’en cette année 2018, « Joseph Kabila » et son « clan » qui vivent dans un monde bien à eux affichent un optimisme assez étrange. Ils prétendent piaffer d’impatience pour aller aux urnes. Et ce sans avoir rendu préalablement compte de leur gestion. Comment ne pas donner raison à ceux qui croient dur comme fer que les jeux seraient déjà faits?

Deux questions majeures appellent néanmoins des réponses claires et nettes. Quel est le bilan des 17 années passées à la tête de l’Etat par « Joseph Kabila »? Quel miracle pourra-t-il accomplir en cinq ans alors qu’il n’a pu le faire en un total de trois législatures?

Question finale: Jusqu’à quand cet homme à qui le Congo-Kinshasa à tout donner va-t-il continuer à abuser de la patience du peuple congolais?

 

Baudouin Amba Wetshi

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