« Joseph Kabila », usurpateur de la « nationalité congolaise d’origine »

Le processus électoral dont l’aboutissement est fixé au 23 décembre prochain prend de plus en plus la tournure d’une « chasse aux adversaires ». Inféodée à « Joseph Kabila », la CENI (Commission électorale nationale indépendante) paraît décidée à mettre hors course tous les prétendants à la présidentielle susceptibles de « gêner » le « dauphin » désigné. Le rejet de la candidature de Jean-Pierre Bemba pour « pour subornation de témoins » a surpris plus d’un observateur étant donné que le jugement n’est pas encore « irrévocable ». Il en est de même du cas de l’ancien « Premier » Adolphe Muzito « recalé » pour « conflit d’intérêt » avec son ancien parti « PALU ». Le dossier de Samy Badibanga Ntita, lui, a été déclaré « irrecevable » pour « défaut de nationalité ». Un comble pour un citoyen dont les ascendants sont issus des ethnies du pays. Pour l’observateur distrait, l’Institution d’appui à la démocratie qu’est la CENI fait preuve d’un légalisme intransigeant. Le problème: l’enjeu est loin d’être le triomphe de l’intérêt général. Mais bien, les intérêts du « clan » quasi-mafieux incarné par le président sortant et hors mandat « Joseph Kabila ». Ce dernier serait-il blanc comme neige?

Thomas Luhaka Losendjola

« Emmanuel Ramazani Shadary – s’il est élu – aura un atout qu’aucun autre Président n’a eu. Il aura à ses côtés un homme qui a exercé cette fonction pendant 17 ans. Cet atout, c’est Joseph Kabila ». L’homme qui parle est l’ex-MLC Thomas Luhaka Losendjola, actuel ministre des Infrastructures. Il l’a dit récemment face aux animateurs kinois de l’émission « Equipe nationale ».

A quelques trois mois du lancement de la campagne électorale notamment pour l’élection présidentielle, la mouvance kabiliste se comporte comme si l’affaire était déjà pliée. Il ne fait guère l’ombre d’un doute que le « raïs » est décidé à user des méthodes déloyales pour favoriser son candidat.

Lundi 27 août, les mandataires de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Samy Badibanga se sont présentés à la Cour constitutionnelle pour déposer les recours respectifs. Des analystes restent sceptiques en ce qui l’indépendance autant que l’impartialité de cette haute cour. Celle-ci a été récemment étoffée par de nouveaux juges qui passent, plus à raison qu’à tort, pour des « kabilistes inconditionnels ». C’est le cas notamment du juriste Norbert Nkulu Kilombo.

Dans une déclaration faite lundi 27 août sur TV5 Monde, le CLC Jonas Tshiombela demande la « mise à l’écart » de « Kabila » et de Corneille Nangaa. But: « libérer » le processus électoral. La question reste sans réponse au niveau du modus operandi. D’aucuns n’excluent la « lutte armée ».

Au moment où ces lignes sont écrites, on apprenait que les policiers chargés d’assurer la sécurité de la résidence de l’ex-Premier ministre Badibanga ont été retirés. Il s’agit manifestement d’une mesure de représailles. D’après l’avocat Georges Kapiamba, c’est une réaction à l’exigence formulée par « Samy » de l’ouverture d’une enquête exhaustive sur la nationalité de tous les dirigeants congolais. Qui se sent morveux…

« FAUX »

Luhonge Kabinda Ngoy

Recourir à la question de la nationalité  pour éliminer quelques adversaires coriaces relève de la pure provocation de la part d’un « Kabila » qui est loin d’être irréprochable. A Kinshasa, personne n’ose évoquer son cas de peur d’écoper des bosses et des plaies. C’est un postulat: l’homme qui trône à la tête du Congo-Kinshasa n’a jamais détenu la nationalité congolaise d’origine. Lors de son investiture le 26 janvier 2001, le successeur de Mzee a bénéficié d’un « faux » rédigé par le procureur général de la République de l’époque, Luhonge Kabinda Ngoy. L’article 72 de la Constitution stipule notamment que « nul ne peut être candidat à l’élection du Président de la République » s’il ne possède « la nationalité congolaise d’origine ». « Kabila » a été « élu » en 2006 et « réélu » en 2011.

Dix jours après la mort du président Laurent-Désiré Kabila, « Joseph » est investi en qualité de nouveau chef de l’Etat. C’était le 26 janvier 2001. Et ce à la surprise générale. Né en Tanzanie en 1971 ou 1972, le jeune homme a passé une partie de sa vie au pays de Julius Nyerere et en Ouganda avant de fouler le sol zaïro-congolais en octobre 1996.

Dans le réquisitoire du ministère public lu – lors de la cérémonie d’investiture – devant la Cour suprême de justice par le PGR d’alors, Luhonge Kabinda Ngoy, en vue d’obtenir la « légitimation » du nouveau Président, on est ahuri de découvrir: Primo que le nouveau Président est né à Hewa Bora. Cette localité est fictive pour la bonne et simple raison qu’elle n’a jamais eu d’existence légale. Pire, l’intéressé n’a jamais fourni de certificat de naissance ou un jugement supplétif qui en tient lieu.

Secundo:  » (…); Attendu, en outre, que Monsieur Joseph Kabila, auquel les institutions judiciaires de la République ne reconnaissent aucun antécédent judiciaire, est sain de corps et d’esprit; qu’il suit de ce qui précède qu’aucune cause d’empêchement à accéder et à exercer les hautes charges et fonctions de chef de l’Etat n’a été décelé dans son chef », peut-on lire. Questions: le PGR Luhonge était-il en possession d’un extrait du casier judiciaire de l’intéressé délivré tant par les autorités judiciaires tanzaniennes qu’ougandaises? Quels sont les éléments factuels ayant servi de base à ce haut magistrat pour conclure que les institutions judiciaires congolaises n’ont décelé « aucune cause d’empêchement »?

Tertio: en guise de bouquet, le PGR écrit noir sur blanc que le nouveau Président est « Congolais d’origine, de père et de mère ». Une affirmation pour le moins discutable dans la mesure où il est établi qu’avant de porter le patronyme « Kabila », « Joseph » arborait d’autres identités.

IMPOSTEUR

Dans son ouvrage « Les quatre premiers présidents du Congo », publié en février 2002 aux éditions Secco & Cedi, le politologue Célestin Kabuya Lumuna Sando écrit: « Pour des raisons évidentes de clandestinité, il [Joseph] est aussi appelé Kabange, Mtwale, Hyppolite ». L’auteur avoue avoir bénéficié du soutien « moral et matériel » de Jean Mbuyu Luyongola (actuel conseiller spécial en matière de Sécurité) et de Jean-Claude Masangu Mulongo, alors gouverneur de la Banque centrale du Congo. Il s’agissait d’une campagne de manipulation de l’opinion.

Benoît Lwamba Bindu

Sans révéler les soutiens reçus, le journaliste François Soudan d’enfoncer le clou dans le numéro 3 de juillet-août 2006 de « La Revue pour l’intelligence du monde ». Une photo de « Joseph » occupe la couverture du magazine. Titre: « Le vrai Kabila ». Soudan a bénéficié de la collaboration de Wilson Omanga, proche de Vital Kamerhe alors secrétaire général du PPRD, le parti présidentiel.

A la page 37 de cette publication, Soudan note: « A la fin des années 1980, Joseph effectue un an de service militaire au sein de l’armée tanzanienne, dans le camp de Mbeya ». A l’époque, « Joseph Kabila » était citoyen tanzanien ou zaïrois? Questions: A partir de quel moment a-t-il obtenu la nationalité congolaise? Sur base de quel acte officiel? Selon Soudan, « Joseph » et Jaynet ont été inscrits dans un collège francophone de Dar es Salaam sous les « noms d’emprunt » de Kabange et de… Kanambe.

On le voit, dans le but de « conserver » le pouvoir d’Etat entre les mains des Luba du Nord Katanga, le PGR Luhonge n’a pas hésité à altérer la vérité pour éluder des questions sur le parcours nébuleux du successeur de Mzee. Un homme sans passé.

En fait, « Joseph Kabila » est un imposteur. Un imposteur qui a usurpé la nationalité congolaise d’origine. A l’époque des faits, un des présidents de la Cour suprême de justice était également à la manœuvre. Il s’agit de Benoit Lwamba Bindu, l’actuel président de la Cour constitutionnelle…

 

Baudouin Amba Wetshi

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