« Kabila » et sa mouvance tentés par le « totalitarisme »

Les politologues définissent le « totalitarisme » comme étant « un système de domination totale dans lequel l’Etat concentre tous les pouvoirs et intervient de façon autoritaire dans l’ensemble des activités politiques, économiques et sociales ».

Lundi 11 mars, l’ancien « dircab » de « Joseph Kabila » Néhémie Mwilanya Wilondja, coordonnateur de la coalition politique pro-kabiliste « Front commun pour le Congo » (FCC), poussait littéralement le « cocorico » en annonçant la « victoire écrasante » de cette plateforme électorale lors de l’élection des présidents des assemblées provinciales. Les candidats étiquetés « FCC » ont raflé, au propre comme au figuré, 20 postes sur 24 provinces.

On peut imaginer que l’élection des gouverneurs de province et leurs adjoints ainsi que celle des sénateurs – prévue fin mars prochain – aura lieu dans la même ambiance triomphaliste. Afin que personne ne l’ignore, « Néhémie » a, d’ores et déjà, invité les « grands électeurs » que sont les députés provinciaux « à observer la même discipline ». Dieu seul sait, le nombre de billets verts qui vont changer de main en guise de « stimulant ».

On peut imaginer également que le FCC va s’emparer de la majorité absolue tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Sauf si, Felix Tshisekedi Tshilombo, le successeur de « Kabila », prenait la ferme résolution de désigner un « informateur » chargé de constater la matérialité de la majorité dont se prévaut le FCC. Sur papier.

Le très indolent procureur général près la Cour de cassation Flory Kabange Numbi a demandé au très sulfureux président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de « reporter » la tenue de ces consultations électorales. Et ce pour permettre à son office de mener des « investigations urgentes » sur des « allégations de corruption » impliquant certains parlementaires provinciaux. « Niet », a répondu Corneille Nangaa.

Flory Kabange prend les Zaïro-Congolais pour des benêts. Le magistrat feint d’ignorer que l’ex-majorité présidentielle rebaptisée « FCC » n’est devenue « majoritaire » que grâce à la corruption assortie d’intimidation.

Qui ignore que durant les dix-huit années de sa présence à la tête de l’Etat, « Joseph Kabila » soudoyait des parlementaires tant nationaux que provinciaux lors du vote de certains textes légaux ou motion? Des parlementaires de sa propre famille politique.

Pour couper le cordon ombilical qui le rattache à l’Etat-AFDL-CCP-PPRD-MP et FCC, les Congolais sont allés en masse aux urnes en vue de choisir leur nouveau Président de la République mais aussi les députés nationaux et provinciaux.

Le corps électoral a gagné la bataille mais pas la guerre. Il a gagné la bataille en infligeant une défaite humiliante au « dauphin » désigné pour « continuer » l’œuvre destructrice entamée par le Président sortant. La guerre, elle, a été « perdue » aux législatives et aux provinciales à cause de la traîtrise d’un fils du pays en l’occurrence Corneille Nangaa.

Selon des sources provinciales bien informées, les travaux de ramassage et de transmission des résultats électoraux, bureau de vote par bureau de vote, se poursuivaient dans les différents centres locaux pendant que Corneille proclamait les « résultats provisoires » de ces scrutins avantageant des organisations politiques aux acronymes pittoresques – AAB, AA/a, AABC, PPPD, AAC, ADU, RRC etc. – « labélisées » FCC.

On le sait, il n’y a que la Présidence de la République qui a pu « échapper » à la « boulimie du pouvoir » dont semble « souffrir » le successeur de Mzee et ses zélateurs.

Questions: Le FCC va contrôler la majorité des provinces et – peut-être – les deux chambres du Parlement. Pour quoi faire? Pour promouvoir quel projet de société? Quel miracle pourrait accomplir cette coalition politique en cinq ans là où son « autorité morale » – qui conçoit la puissance exercée comme « sa chose » – a été incapable de réaliser en dix-huit ans?

Arrivé au pouvoir un certain 26 janvier 2001 à la surprise générale, « Joseph Kabila » a dirigé le pays à coup de slogans creux. Les « Cinq chantiers du chef de l’Etat » et de la « Révolution de la modernité » n’ont généré aucun prodige. Bien au contraire, le développement humain n’a cessé de frôler les abysses.

Dix-huit années après, le progrès économique et social reste un mirage. La pauvreté prend des proportions préoccupantes. En provinces, on cherche en vain les services sociaux de base (eau, électricité, hôpitaux, dispensaires, écoles, routes). L’arrière-pays est oublié. Il faut bien reconnaître que cet oubli a commencé au lendemain de la proclamation de l’indépendance.

A quelques rares exceptions près, toutes les provinces affichent la mine d’un « désert » économique et industriel. Et pourtant, ce sont les pouvoirs locaux qui sont censés impulser le développement. Des pouvoirs locaux « infantilisés » par le gouvernement central.

Peu importe le « deal secret » passé entre le CACH (Cap pour le Changement) du duo Tshisekedi-Kamerhe et le FCC de « Joseph Kabila », les filles et les fils de ce grand pays ne peuvent ne pas espérer que Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo va privilégier l’intérêt national.

L’intérêt national exige qu’il joue pleinement le rôle d’arbitre et de garant du « fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions ainsi que de la continuité de l’Etat » que la Charte fondamentale confère au chef de l’Etat. Il s’agit de barrer la route au « totalitarisme » rampant. Un totalitarisme anti-national, bête et méchant.

 

Baudouin Amba Wetshi

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