Kinshasa: « Kabila » projette-t-il l’assassinat de « Félix »?

Au cours d’une « matinée politique » qu’il a animée samedi 28 novembre au siège de l’Udps dans la commune kinoise de Limete, le secrétaire général a.i. de ce parti politique, Augustin Kabuya, n’est pas allé par quatre chemins en déclarant notamment que la preuve est faite que le Front commun pour le Congo (Fcc) envisage d’attenter à la vie du président Felix Tshisekedi Tshilombo. L’opinion congolaise en général et kinoise en particulier a été scandalisée d’entendre un certain Barnabé Milinganyo Wimana, ancien Kadogo autoproclamé, proche d’Azarias Ruberwa, proférer des menaces contre l’intégrité physique de « Fatshi ». L’homme a été arrêté dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 au moment où il s’apprêtait à traverser le fleuve Congo.

Augustin Kabuya, secrétaire général a.i de l’Udps

« A partir d’aujourd’hui, nous décrétons l’alerte parce que le Fcc a menacé l’intégrité physique du chef de l’Etat ». « Le Fcc a engagé un pari risqué en tenant des réunions pour programmer la mort du chef de l’Etat. Nous savons que vous avez planifié son élimination physique. L’un de vous l’a dit dans les médias ». C’est la substance de la communication faite samedi par le secrétaire général a.i. de l’Udps, Augustin Kabuya, devant des « combattants ».

Un mois après le discours présidentiel du 23 octobre dernier annonçant les « consultations » des leaders socio-politiques les plus représentatifs en vue de mettre sur pied une « Union sacrée de la nation », le climat général ne cesse de se détériorer au Congo-Kinshasa. « L’alternance pacifique et civilisée » prend chaque jour le relief d’une immense farce. Chaque camp affûte désormais ses armes en attendant la seconde adresse du chef de l’Etat censée fixer l’opinion sur l’avenir de la coalition Fcc-Cach. Qui dégainera le premier?

En attendant l’ « oracle » présidentiel, les membres de ces deux plateformes exhibent les biceps. Ils rivalisent en outrances verbales.

De passage à l’université de Kolwezi, le Pprd Evariste Boshab s’est cru en droit d’affirmer que « si la Constitution était utilisée de manière orthodoxe, le Premier ministre aurait des pouvoirs énormes que le Président de la République n’a pas ». Oubliant que la charge de la preuve incombe à celui qui affirme, le constitutionnaliste de lancer aux étudiants présents: « Citez-moi une seule disposition qui donne ce pouvoir exorbitant au chef de l’Etat dans la Constitution? »

A Kinshasa, Jean-Marc Kabund, président a.i. de l’Udps a estimé, mercredi 25 novembre, que son parti « tourne la page » de la coalition Fcc-Cach. Selon lui, à l’avenir, « il n’y aura ni coalition, ni cohabitation ». Il a fait cette déclaration à l’issue de l’audience dans le cadre des « consultations présidentielles ».

« S’IL NE DEMISSIONNE PAS… AKOZUA MBUMA »

Barnabé Milinganyo Wimana

Un homme au rire caustique est devenu une « célébrité médiatique ». L’individu dont question se dit demandeur d’emploi. Cette situation ne l’empêche guère de trouver des moyens financiers pour « se faire inviter » par quasiment tous les médias kinois diffusés sur You Tube. Il s’agit de Barnabé Milinganyo Wimana. Celui-ci prétend être un ancien Kadogo, ces enfants soldats venus avec l’Afdl (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), cette trouvaille ougando-rwandaise qui avait porté LD Kabila au sommet de l’Etat un certain 17 mai 1997. Le Mzee mourra le 16 janvier 2001 dans des circonstances non-élucidées à ce jour. Des doigts accusateurs ont toujours été pointés sur « Joseph ».

 

 

Dans une de ses récentes interventions, « Barnabé » qui semblait répondre à Kabund a eu ces mots: « Il n’y aura ni coalition, ni cohabitation, alors il y aura quoi? ». Pour lui, « le chef de l’Etat doit avoir le courage de démissionner. Il est en train de décevoir ceux qui lui ont fait confiance ». Barnabé d’ajouter la phrase qui tue: « S’il ne démissionne pas, akozua mbuma ». Littéralement, « akozua mbuma » signifie en lingala: il recevra un fruit. Au sens figuré, l’expression prend une toute autre tournure: « il recevra une balle » ou « il sera abattu ».

Avant cette dernière déclaration, sieur Milinganyo s’est répandu en propos belliqueux. C’est à croire qu’il est chargé d’une « mission ». C’est à croire également qu’il détient un grand secret sur « quelque chose » qui serait en préparation. Quoi donc? « Si le chef de l’Etat continue à écouter ses conseillers, il ira droit au mur. Nous risquons de connaitre la situation du Mali », clame-t-il dans un média. Dans un autre, il lance: « Fatshi a intérêt à avoir un mandat tranquille.Quand il était aux affaires [au Congo Brazzaville], Pascal Lissouba a essayé de s’en prendre à [son prédécesseur] Denis Sassou Nguesso ». Et de poursuivre: « A Brazzaville, il y a eu les miliciens Cobras. Ici, il y aura quoi? Felix Tshisekedi a-t-il déjà vu une tête s’éclater? Joseph Kabila est un général. Il a toujours son arme avec lui. Il sait des choses que vous ne savez pas ».

DES COMPLOTEURS SONT PARMI NOUS

Azarias Ruberwa, ministre de la Décentralisation et réformes institutionnelles

Une question taraude les esprits: pour qui roule Barnabé Milinganyo Wimana? Selon des sources bien informées, « c’est un proche à Ruberwa ». Prétentieux, l’homme ne s’en cache pas. Il avoue être un ancien du RCD-Goma. Il prétend avoir fait partie de l’équipe des conseillers d’Azarias durant une dizaine d’années. Pour le moment, il dirige un « parti » n’ayant aucune existence légale dénommé « Rassemblement des leaders congolais ». D’après lui, il a dirigé la campagne électorale de Ruberwa lors de la présidentielle de 2006. Il aurait fait partie de l’équipe de campagne de « Joseph Kabila » lors de l’élection de 2011.

Lors de son récent passage au média kinois « Ma Mission TV » (MMTV), « Barnabé » de lancé: « Nous sommes entrés à Kinshasa par la force des armes, nous partiront par la force des armes ». Il semble qu’il réagissait aux protestations des spectateurs qui commençaient de se lasser de ses rodomontades.

On apprenait que sieur Milinganyo a été interpellé par les « services » dans la nuit de vendredi à samedi. Il tentait, semble-t-il, de prendre place dans une pirogue pour gagner Brazzaville. Il a été mis à la disposition du Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe qui devait le juger en procédure de flagrance.

Au cours de la matinée politique de ce samedi, Augustin Kabuya a martelé que « l’Udps ne se laissera pas faire » face aux intimidation. Il a regretté le « mutisme » de la Monusco (BCNUDH) face aux menaces proférées contre la personne du chef de l’Etat. Le même reproché est adressé à l’Acaj (Association congolaise d’accès à la justice) ainsi qu’à Human Right Watch (HRW). La mission onusienne avait récemment « blâmé » Kabuya pour avoir déclaré que les combattants de l’Udps étaient prêts à « croiser le fer » avec les partisans du Fcc.

On le voit, le fossé ne cesse de s’élargir entre le président Felix Tshisekedi et son prédécesseur. Bien que honni, celui-ci feint d’ignorer son insondable impopularité au sein de la population congolaise. Des voix s’élèvent de plus en plus pour décrier une alternance démocratique – claironnée le 24 janvier 2019 – qui n’a pas eu lieu. L’ancienne majorité a fait mine de partir pour mieux rester. Une certitude: des comploteurs sont parmi nous!

 

Baudouin Amba Wetshi

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