Kinshasa: Psychose de « complot » et « morts mystérieuses »

Pourquoi tant de « décès bizarres » à la Présidence de la République? Morts naturelles ou empoisonnement? Pourquoi assiste-t-on à un regain d’activité des bandes armées à l’Est? Que font les troupes zambiennes sur le Territoire de Moba dans la province de Tanganyika? Que dire des soldats du Soudan du Sud signalés dans la province de l’Uélé? Quid de l’insécurité accrue qui règne à Lubumbashi?

C’est une véritable psychose qui règne au Congo-Kinshasa en général et à Kinshasa en particulier. C’est quoi une psychose? Tous les dictionnaires conviennent qu’il s’agit, dans le cas sous examen, d’une « angoisse collective suscitée par un événement ou un fléau vécu comme une menace permanente et qui peut conduire à la panique ». A Kinshasa et dans les provinces, les citoyens ont peur.

Le juge Raphaël Yanyi Ovungu

Les Congolais ont appris avec stupeur et effroi, mercredi 27 mai, la nouvelle de la mort inopinée du juge Raphaël Yanyi Ovungu du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Kinshasa/Gombe. L’homme n’est pas n’importe qui. C’est lui qui préside le procès sur le « programme de 100 jours » dit « procès Kamerhe », l’ancien directeur de cabinet du président Felix Tshisekedi.

Lors du démarrage de l’audience foraine du lundi 25 mai à la prison de Makala, le juge Yanyi portait un casque muni de visière. Il a ôté celui-ci après qu’un avocat de la défense lui ait fait remarquer que cette protection le rendait moins audible. Quelques minutes après, « quelqu’un » a déposé devant lui un masque classique. Certains observateurs y voient une piste pour les enquêteurs. Le parquet près le TGI de Kinshasa/Gombe a, d’ores et déjà, requis « en urgence » l’autopsie du corps du défunt.

La disparition de ce juge-président – très apprécié tant pour sa modération que son professionnalisme – intervient au moment où des décès, les uns aussi mystérieux que les autres, se succèdent au sein du personnel de la Présidence de la République.

En octobre 2019, il y a eu le crash de l’Antonov 72 chargé de la logistique présidentielle. On le sait, plusieurs membres de la Présidence y ont péri. C’est le cas notamment du chauffeur officiel du chef de l’Etat et des membres de sa garde rapprochée. D’autres disparitions vont s’enchaîner. Citons au moins deux: Gilbert Mundela (janvier 2020) et Mgr Gérard Mulumba Kalemba, chef de la maison civile (avril 2020).

LE COVID-19

Il importe d’ouvrir la parenthèse pour signaler la mort, dans des circonstances non élucidées à ce jour, du général Delphin Kahimbi Kasagwe, patron du service de renseignements militaires. Un proche parmi les proches de « Joseph Kabila ». C’était au mois de mars 2020. Fermons la parenthèse.

Après ces morts, on assiste à une « hécatombe ». La « responsabilité » est chaque fois imputée au Covid-19. Il semble que le Coronavirus serait « friand » des personnes d’un certain âge et surtout celles rendues vulnérables suite à des maladies telles que le cancer, le diabète et l’hypertension artérielle. En l’absence d’autopsie, on ne peut que s’incliner tout en continuant à se poser des questions. Et si ces morts mystérieuses étaient l’oeuvre d’un « empoisonneur invisible » à la Présidence? Certains n’hésitent plus à mettre en cause le système d’aération. Celui-ci serait, selon eux, infesté par des substances toxiques qui tuent lentement mais sûrement? Quelle est la motivation du « tueur »? Idéologie? Vengeance?

Charles Kilosho

Mardi 26 mai, Felix Tshisekedi Tshilombo est allé s’incliner devant la dépouille de Charles Kilosho à l’hopital du Cinquantenaire. La mort du directeur adjoint de la communication présidentielle a choqué plus d’un tant au Congo profond qu’au sein de la diaspora congolaise. Agé de 53 ans, « Charles » est mort le samedi 23 mai « suite à une maladie ».

Le Zaïro-Congolais est pacifique de nature. Il règle ses différends avec les autres par le dialogue et quelques fois par la violence verbale ou physique. L’empoisonnement n’a jamais fait partie des mœurs locales. C’est une pratique venue du Rwanda voisin.

C’est au lendemain de la guerre dite de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo) ou des « Banyamulenge » que les ex-Zaïrois ont découvert l’empoisonnement comme nouveau mode de règlement des conflits ou de gestion des ambitions.

Dix-sept mois après l’investiture de Felix Tshisekedi Tshilombo à la tête de l’Etat, c’est le « grand brouillard ». L’ambiance libérale insufflé par le nouveau chef de l’Etat peine à convaincre les Congolais sur la réalité de l’alternance tant claironnée. En cause, l’omniprésence de l’ex-président « Kabila » à travers des hommes lige tapis dans l’armée, la police, les services de renseignements civils et militaires, la Banque centrale ainsi que les régies génératrices des recettes. « Qui dirige réellement ce pays? », c’est la question qui tourmente tous les esprits.

PSYCHOSE FACE À UN ENNEMI INVISIBLE

Dix-sept mois après, le pays traverse une zone de forte turbulence. La méfiance est de rigueur entre Fatshi et « Kabila ». L’ancien Président confierait à ses proches que « Felix Tshisekedi l’a déçu ». Les caciques du FCC/PPRD n’ont jamais fait mystère de leur mépris à l’égard de l’actuel chef de l’Etat à qui, selon eux, « Joseph » « a donné le pouvoir ».

A tort ou à raison, d’aucuns suspectent le FCC/PPRD d’ourdir une conspiration pour renverser « Felix » ou l’éliminer physiquement… via le Covid-19. Délire?

Une certitude: « Kabila » et ses janissaires semblent avoir réactivé leurs « réseaux dormants ». Ils ont engagé le redoutable pari de déstabiliser le pays pour démontrer que le président Tshisekedi « n’est pas à la hauteur ».

On assiste à un regain d’activité des bandes armées tant nationales qu’étrangères dans les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et des Uélés. Dans la province de Tanganyika, des troupes zambiennes occupent quelques villages dans le Territoire de Moba. Des hommes armés en provenance du Soudan du Sud ont été signalés dans la province de l’Uélé.

Leïla Zerrougui

En Ituri particulièrement dans la zone de Djugu, 150 écoles et 18 hôpitaux ont été incendiés par des groupes armés. Cette information a été communiquée, mardi 26 mai, au chef de l’Etat, par la patronne de la Mission onusienne au Congo, l’Algérienne Leïla Zerrougui.

FATSHI FACE À SON DESTIN

A Beni, les très insaisissables « ADF » continuent à tuer et à mutiler les corps de leurs victimes. En janvier 2015, l’Ougandais Jamil Mukulu, leader présumé de ces « rebelles ougandais » a été arrêté en Tanzanie avant d’être transféré à Kampala, en Ouganda. L’homme fut trouvé en possession d’une dizaine de passeports dont celui du « Congo démocratique ». De janvier 2015 à janvier 2019, le pouvoir kabiliste a fait la sourde oreille en lieu et place de prendre langue avec les autorités Ougandais pour identifier l’autorité émettrice de document de voyage. Est-ce parce que sieur Mukulu est une vieille connaissance à « Joseph Kabila » . Est-ce parce que les deux hommes ont vécu sous le même toit au n°55 de l’avenue Bocage au Quartier kinois de Ma Campagne?

Lundi 25 mai, Felix Tshisekedi a présidé une « réunion de sécurité » à la Cité de l’Union africaine. Tous les responsables des services de sécurités civiles et militaires étaient présents. Des hommes qui doivent leur ascension sociale à « Kabila ». L’ordre du jour portait sur la restauration de la sécurité sur l’ensemble du territoire.

D’autres réunions du même genre n’ont produit aucun effet notable. Pendant ce temps, une véritable psychose règne à la Présidence après tant de « morts suspectes ». Fatshi se trouve face à son destin…

 

Baudouin Amba Wetshi

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