La political business, raison caché du glissement

La commémoration en ordre dispersé de l’anniversaire de la mort d’Etienne Tshisekedi indique la détresse de l’opposition. Dans les disciplines de combat orientales (notamment le judo), on enseigne de tirer de la force de la faiblesse de l’adversaire. Ceci pouvant expliquer cela, Joseph Kabila serait une sorte de sangsue qui se gonfle du sang des opposants, alors que ceux-ci oublient d’écraser le parasite…

La grande faiblesse des détracteurs est l’absence d’analyse. Ils cheminent par petits bonds: de l’exclusion des uns et des autres ou de l’alignement unilatéral derrière un exilé, du glissement à l’illégitimité au 20 décembre 2016, de l’accord de la Saint Sylvestre à la transition sans Kabila au 1er janvier 2017 et actuellement ,en récupérant les manifestations des laïcs catholiques.

Pourtant, la fameuse échéance électorale de 2018 avait été décidée dès le 31 juillet 2016. A cette époque, la CENI avait entrepris les opérations d’enrôlement en remettant des cartes d’électeurs aux jeunes nés en l’an 2000. Comme les Congolais votent à 18 ans, ces électeurs-là en auront l’âge en… 2018. Ce glissement a-t-il été une machination secrète et indétectable par les opposants? Pourquoi le Rassop, malgré son radicalisme, n’a jamais contesté ou même évoqué la consécration depuis 20 mois du glissement au 23 décembre prochain?

Les analystes se perdent et désorientent dans des spéculations. Ils ne parlent pas de l’affairisme du dirigeant Congolais ni de l’impact sur le pays de ce political business.

On connaît le pillage des richesses naturelles. On devrait en dire davantage. N’est-il pas étrange que le Rwanda continue à recevoir du coltan congolais et à s’en déclare producteur? L’Angola n’exploite-t-elle pas seule le pétrole Deepshore qui revient en partie à la RDC? Que dire des accords opaques avec l’Afrique du Sud sur le site d’Inga? Ces prétendus oublis ne cachent pas l’enrichissement que Kinshasa accorde généreusement à Kigali, Luanda ou Pretoria. Pourquoi? La dynastie du dirigeant congolais a été portée ou soutenue au pouvoir par ces capitales. Ils ont une dette qui n’apparaît pas dans les budgets. Les paiements en nature, cela existe. Gagner deux ans, c’est faire gagner des parrains.

Les Panama Papers et les Paradise Papers ont confirmé le brigandage financier du dirigeant congolais et de ses proches. Ceux-ci ont été cités aux côtés du sulfureux israélien Dan Gertler dans le dossier du fonds d’investissement américain OCH-ZIFF pour lequel la Suisse va coopérer. Pestiféré, Gertler a été éjecté des mines congolaises. Sa fondation vient de mettre fin à son aide « au nom de Joseph Kabila » à l’hôpital du Cinquantenaire à Kisangani. Désormais la fin de règne politique correspond à une période de liquidation des affaires.

L’accord de la Saint Sylvestre n’a pas seulement accordé un sursis à Joseph Kabila. Cet accord est pervers dans la mesure où, plutôt que de remettre la direction du pays au gouvernement, comme l’exige la constitution, il a validé la dérive de la plénitude des pouvoirs de la présidence de la république. Du coup, Joseph Kabila s’est donné le temps et la plume pour valider, hors mandat, des arrangements de political business. Il faut le dénoncer.

 

Par Pio Kabengele

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