La « VSV » exige des sanctions exemplaires contre les personnes impliquées dans la répression du 31 décembre 2017

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) condamne et proteste avec la dernière énergie contre la répression violente et sanglante des chrétiens manifestants pacifiques et sans armes ainsi que la violation des libertés de culte et de manifestation, dimanche 31 décembre 2017 à Kinshasa, République démocratique du Congo.

Le monitoring de la situation fait par la VSV, après des entretiens avec des victimes et des témoins oculaires dans plusieurs paroisses de la ville province de Kinshasa, révèle de nombreux cas d’arrestations illégales des dizaines des chrétiens et chrétiennes, de nombreux cas de violations du droit à l’intégrité physique, à la vie, à la liberté de culte et de manifestation émaillés d’une brutalité inouïe, planifiée et préméditée sous divers prétextes savamment concoctés pour mettre à mal la démocratie et décourager toute tentative de lutte pour les valeurs de paix, de démocratie et de l’Etat de droit en RDCongo.

La VSV est au regret de constater que malgré les assurances données par le Comité Laïc de coordination de l’église catholique, organisateur de la marche, sur le caractère très pacifique de la manifestation en mettant en place des règles et autres orientations à cet effet, les autorités congolaises ont, une fois de plus terni l’image de la RDCongo en cette fin d’année 2017 en instrumentalisant des éléments des Forces Armées de la RDCongo, des agents des services de sécurité et de la police nationale à commettre des violations des droits de l’homme en lieu et place de garantir la sécurité et la protection aux manifestants pacifiques.

La VSV dénonce la culture de désinformations érigée en mode de gestion pour tromper l’opinion publique et justifier les violations des droits de l’homme dont la violation du droit à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté de culte et de manifestation. La communauté nationale et internationale a vu des manifestants dont des prêtres qui sont non seulement des chrétiens mais également des citoyens congolais à part entière manifester sans armes la main dans la main se faire réprimer sans ménagement ni une quelconque considération due à leur rangs respectifs.

Pour la VSV, de nombreux témoignages recueillis dans trente-sept (37) paroisses de la ville de Kinshasa prouvent à suffisance que la violence est venue des autorités congolaises à travers le comportement injustifié « des Forces de l’ordre » avant même le début de la messe comme détaillée dans les lignes qui suivent.

VIOLATION DE LA LIBERTE DE CULTE ET DU DROIT A L’INTEGRITE PHYSIQUE DES PERSONNES

Selon de nombreux témoignages, la plupart de paroisses catholiques ont été investies par des militaires et des policiers lourdement armés dès cinq(5) heures du matin pour y empêcher les chrétiens de prier. Dans de nombreuses églises les cultes ont commencé plus tard que prévu et ce après altercations entre les militaires et les chrétiens ayant eu gain de cause au fur et à mesure que leur nombre augmentait.

Paroisse Marie Auxiliatrice de Masina: Vers six heures du matin, monsieur Oscar et une maman non autrement identifié venus pour la messe ont été copieusement passés à tabac par des militaires de la police militaire (PM). Monsieur Oscar porte des égratignures aux bras et d’autres traces de violence subis avant le début de la messe et l’on ignore dans quel état se trouve la maman ayant subi les mêmes sévices corporels. La MONUSCO alertée ne serait arrivée sur le lieu que vers 11 heures.

Paroisse St Dominique de Limete: Déploiement des militaires et des policiers vers 6h00 du matin. Malgré les obstructions, les chrétiens ont eu accès à l’église. Cependant, après la messe, les chrétiens sont invités à aller prier à la grotte avec interdiction de ne pas franchir la barrière érigée par les militaires. Pendant qu’ils priaient à la grotte, ils y sont poursuivis par les militaires qui tirent à bout portant. Trois personnes dont une femme et monsieur Trésor sont atteintes aux jambes, une autre femme est atteinte d’une balle au front et se bat actuellement entre la vie et la mort. Le prêtre, Père Jean NKONGOLO de la congrégation des Dominicains est atteint d’une balle en caoutchouc lui tiré à bout portant et se tord actuellement des douleurs malgré les soins appropriés qu’il reçoit. Dans cette paroisse, les chrétiens affirment avoir aperçu dans l’église des personnes inhabituelles à la messe manifestement des agents des services de sécurité et des militaires déguisés qui ne savent même pas prier. Des bombes à gaz lacrymogène ont été lancées dans l’enceinte de l’église dans tous le sens.

Paroisse St Alphonse de Matete: Encerclement par des militaires et policiers qui larguent des bombes à gaz lacrymogène dans tous les sens sans tenir compte de la présence des nourrissons, des vieillards… Il a été enregistré des extorsions des biens de valeur tels que des téléphones, sommes importantes d’argent, montres, bagues, colliers, chainettes, etc. suivies des actes de vandalisme dans certains bureaux de la paroisse. En face de l’église deux personnes (hommes) sont tuées à bout portant par des militaires. Les corps ramassés par les chrétiens ont été exposés dans l’enceinte de la paroisse pendant quelques heures avant d’être évacués vers la morgue.

Paroisse St Augustin de Lemba: Une fille de 18 ans ,mademoiselle Dorcas MAKAYA, domiciliée au no 69/82, avenue Epuli, commune Lemba et élève en 6ème des humanités littéraires, complexe scolaire Ste Famille est atteinte d’une balle lui tirée à bout portant par un des militaires présent sur les lieux après avoir terrorisé et traumatisé tout le monde. La balle lui a traversé la bouche en broyant sa mâchoire pendant qu’elle rentrait à la maison après avoir acheté du pain au coin de leur rue. La messe prévue à 6h00 n’a commencé que vers 8h00

Paroisse St Martin de Ndjili: Plusieurs personnes arrêtées et conduites au district de la Tshangu de la PNC parmi lesquelles messieurs Jules PANDAMADI, Verlin MIEZI et Josni MBENZA pendant la marche pacifique.

Paroisse Notre Dame d’Afrique de Lemba Foire: Tirs nourris des militaires pour empêcher la messe qui a commencé fort en retard.

Paroisse St Benoît de Lemba: Tentative d’arrestation du Curé de la paroisse empêchée par les chrétiens après des tirs nourris à la paroisse St Augustin où ils se sont rassemblés pour la marche dont le point de chute était Lemba foire.

Paroisse Christ Roi dans la commune de Kasa-Vubu: Présence des infiltrés notamment agents des services de sécurité dans l’église, lancement des bombes à gaz lacrymogène dans tous les sens et menace contre l’Abbé Curé pourtant malade et absent à la messe. Déploiement impressionnant des militaires PM présent sur les lieux jusqu’au lundi 01 janvier 2018.

Paroisse St Joseph de Matonge: Lancement des bombes à gaz lacrymogène dans l’enceinte de l’église, plusieurs blessés et arrestations de plusieurs personnes.

Paroisse St Jacques, commune de N’sele: Déploiement impressionnant de la Garde républicaine et des policiers qui ont empêché certains chrétiens à accéder à l’église. Des policiers se sont permis d’entrer dans l’église pendant la messe traumatisant et intimidant ainsi les fidèles présents.

Paroisse St Matthieu de Mikonga, commune de N’sele: Perturbation de la messe par des policiers et des militaires lourdement armés.

Paroisse St Gabriel de Kalamu: Tirs nourris des militaires lourdement armés pour disperser les foules qui s’apprêtaient à manifester. Ces militaires ont fait leur « démonstration de force » sur des chrétiens non armés jusqu’au niveau de l’avenue Kikwit semant la panique et mettant tout le monde en débandade.

Paroisse St Matthias de Makala: Menaces des prêtres et surtout de l’Abbé Curé par des personnes prétendument venus pour marcher.

Paroisse Ste Famille de Ndjili: De tirs nourris des militaires sous le commandement d’un lieutenant-colonel et des policiers. Plusieurs mineurs cachés à la grotte auraient été copieusement passés à tabac par ces militaires.

Paroisse St Barthélemy de Masina: Des policiers et des militaires ont strictement interdit aux fidèles chrétiens de prier. La messe n’a pas eu lieu.

Paroisse Marie Goretti de Kalamu: Des policiers et des militaires ont empêché l’organisation de la messe.

Paroisse St Marc, commune de Kimbaseke: interpellation de l’Abbé Lambert et un stagiaire, tous deux conduits au quartier 1/Eucalyptus avant d’être relâchés quelques heures après.

Paroisse St Paul, commune de Barumbu: Le Père Curé aurait été blessé au front pendant la marche.

Paroisse St Michel, commune de Bandalugwa: L’accès à la Paroisse conditionné par la présentation de la carte d’électeur, l’intimidation des prêtres par les militaires de la Garde Républicaine, des dizaines des jeunes et des passants interpellés et conduits vers une destination inconnue. Lancement des bombes à gaz lacrymogènes dans l’enceinte et dans l’église où il y avait des nourrissons, des vieillards etc. une femme de 52 ans a des maux de tête et a de perturbation de vision jusqu’à présent. Des jeunes garçons copieusement passés à tabac. Des biens de valeur (téléphone, sac, sommes d’argent) extorqués. Il sied de noter que la présence des militaires était encore remarquable non loin de la Paroisse jusqu’au 1 janvier 2018.

Paroisse St Charles Lwanga, commune de Bandalungwa: Dispersion des chrétiens par des militaires de la Garde République au niveau du Rond-Point Molaert à l’aide des bombes à gaz lacrymogène.

Paroisse St Kizito de Kingabwa, commune de Limete: un policier aurait tabassé un Abbé derrière l’épaule.

Paroisse Cœur Immaculé de Marie dans la commune de Masina: Paroisse encerclée par des policiers qui avaient empêchés tout accès des fidèles pour la deuxième messe.

Paroisse St Pierre dans la commune de Kinshasa: Au croisement des avenues Kabinda et Kasa-Vubu, les éléments de la police ont lancé des bombes à gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et tiré des balles en l’air. Une adolescente a eu une balle à la jambe. Sur avenue Kabambare, les manifestants ont été repoussés par les militaires avec des tirs à balles réelles. Un garçon a été tué et le corps emporté par des militaires.

Paroisse Sainte Agathe dans la commune de Ngiri-Ngiri: Lancement des bombes à gaz lacrymogènes par des militaires de la Garde Républicaine. Deux chrétiens et le Curé blessés.

Paroisse St PIE X: Lancement des bombes à gaz lacrymogènes dans l’enceinte de la paroisse.

Paroisse Saint Antoine dans la commune de Bumbu: Six (6) chrétiens dont le Curé ont été interpellés et relâchés quelques heures après.

Paroisse St Rombeaut dans la commune de Barumbu: Menace de mort contre le Curé par des policiers qui avaient encerclé la paroisse.

Paroisse St Christophe dans la commune de Ngaliema: Les chrétiens dispersés par les policiers à l’aide des bombes à gaz lacrymogène à la fin de la messe.

Paroisse St Cyprien dans la commune de Ngaliema: Les militaires de la Garde Républicaine ont lancé des bombes à gaz lacrymogène dans l’enceinte de la Paroisse et ont tiré à balles réelles. Un adolescent a été blessé par balles au niveau de mollet. Plusieurs interpellations ont eu lieu.

Paroisse St Edouard dans la commune de Ngaliema: Accès à l’église conditionnée par la présentation de la carte d’électeur puis lancement des bombes à gaz lacrymogène par des policiers.

Paroisse St Sacrement dans la commune de Ngaliema: L’accès à l’église conditionné par la présentation de la carte d’électeur avant 6h30. Après 6h30, interdiction formelle d’accéder à l’église suivie des tirs des bombes à gaz lacrymogène et des balles réelles en l’air y compris au Couvant des Prêtres pendant plusieurs heures. Des habits de certains chrétiens lecteurs de la Paroisse ont été déchirés et des effets de valeur (téléphones, montres, sommes d’argent…) ont été extorqués. Des chrétiens copieusement passés à tabac.

Paroisse St Jean-Baptiste de Bumbu: Lancement des bombes à gaz lacrymogène après la messe.

Paroisse St Adrien de Ngaba: La messe a été empêchée par des policiers et des militaires des FARDC.

Paroisse Ste Marie Madeleine de Kisenso: Dispersion des chrétiens au niveau du District de Matete par des policiers à l’aide des bombes à gaz lacrymogène.

Paroisse Divin Maître de Masina: Dispersion des chrétiens au niveau de l’avenue Matankumu par des policiers à l’aide des bombes à gaz lacrymogène. Une personne a été interpellée.

Paroisse St Raphaël dans la commune de Limete: Dispersion des chrétiens par des militaires de la Garde Républicaine. Plusieurs personnes ont été interpellées dont Madame Bambadowa, Présidente de l’Union des Patriotes Républicains (UPR). Celle-ci, a cependant été relâchée plus tard la nuit.

Au regard des données recueillies dans trente-sept (37) paroisses catholiques précitées, la VSV fait le constat suivant:

  • L’observation stricte du caractère pacifique de la marche par les chrétiens manifestants accompagnés de certains prêtres;
  • La violence enregistrée est venue des autorités rdcongolaises à travers les militaires et les policiers lourdement armés déployés dans les différentes paroisses catholiques dont certains ont sciemment perturbé le déroulement normal des messes à défaut de les empêcher;
  • Des militaires et policiers lourdement armés ont fait usage des tirs à balles réelles et à bout portant sur des chrétiens. A titre illustratif, les cas de deux personnes tuées non loin de la Paroisse St Alphonse de Matete au vu et au su de la population, d’une dame chrétienne de St Dominique qui a été atteinte d’une balle au front et de plusieurs autres chrétiens de la même Paroisse blessés aux jambes par des tirs à bout portant à la Grotte Mariale, de mademoiselle Dorcas MAKAYA dont la mâchoire a été broyée par le tir d’un militaire, du Père Jean NKONGOLO atteint par une balle en caoutchouc à côté de l’œil gauche violant ainsi le droit de chaque personne à la vie ainsi que le droit à l’intégrité physique garanti à toute personne par la Constitution de la RDCongo et les instruments relatifs aux droits humains au niveau régional et international;
  • Des centaines d’interpellations des chrétiens acheminées les uns vers une destination inconnue et d’autres vers le district de Tshangu, le Commissariat Provincial de Kinshasa, etc.;
  • Le comportement des militaires et des policiers dont certains se sont permis d’entrer dans les églises ou d’y lancer des bombes à gaz lacrymogène alors qu’ils s’y trouvaient des nourrissons, des vieillards ne constituent pas moins une violation du droit à la liberté des cultes pourtant garantie par les instruments relatifs aux droits humains ratifiés par la RDCongo;
  • L’humiliation, les intimidations, la violation du droit à l’intégrité physique des prêtres (abbés et autres religieux) est inacceptable et prouve à suffisance combien l’intolérance et le non respect de la dignité humaine ont atteint le paroxysme en RDCongo.

Tout compte fait, la VSV félicite les casques bleus de la MONUSCO dont la patrouille très visible dimanche 31 décembre 2017 à travers la ville de Kinshasa a constitué un vrai mécanisme de dissuasion malgré leurs arrivées tardives à certains endroits où les cris de détresse leur étaient lancés sinon de nombreuses personnes auraient perdu la vie sous les balles des militaires et des policiers instrumentalisés par des autorités rdcongolaises.

En définitive, tout en exigeant la fin de l’impunité des auteurs, commanditaires et exécutants des violations des droits humains pendant des manifestations pacifiques, la VSV demande à la justice internationale notamment la Cour Pénale Internationale de s’autosaisir des cas de violation des droits humains en RDCongo dont certains constituent des crimes relevant de sa compétence.

Fait à Kinshasa, le 02 janvier 2018.

 

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV)
© Congoindépendant 2003-2018

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