Le Congo brade ses richesses naturelles

En République démocratique du Congo, l’avènement au pouvoir de Félix Tshisekedi, début 2019, n’a pas mis fin à la vente au rabais des mines qui pourraient assurer la prospérité du pays.

Joseph Kabila, président de 2001 à 2018, a été maintes fois dénoncé pour avoir laissé mettre à l’encan des ressources naturelles en République démocratique du Congo (RDC). En témoignait l’attribution, en 2018, à deux sociétés sud-africaines, de blocs pétroliers, empiétant sur le Parc national de la Salonga. Sanctuaire des singes bonobos, il figure au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco.

Le Canada, la Suisse, l’Union européenne et les États-Unis ont rappelé aux autorités congolaises que les activités pétrolières dans les parcs nationaux violent les accords internationaux du Congo et ses propres lois. Mais l’avertissement a été ignoré tant par Kabila que par le nouveau président Felix Tshisekedi, au pouvoir depuis un an et demi, dont le bilan n’est guère meilleur.

Pas de pause

Selon la société civile congolaise, le pillage continue. Elle dénonce un protocole d’accord signé par la compagnie canadienne AJN Resources et la Société Minière de Kilo-Moto (Sokimo), propriété de l’État congolais. Les Canadiens ont ainsi pu intégrer à leur capital les parts de la Sokimo dans plusieurs mines d’or de la province de l’Ituri (est). Des mines dont les ressources sont estimées à 9 milliards d’euros.

« Véritable bradage »

Un collectif d’ONG locales, la « Coalition pour la gouvernance des entreprises publiques du secteur extractif » (Cogep), réclame l’annulation de cet accord. Évoquant un véritable bradage , elle estime la transaction très défavorable à la Sokimo qui a cédé ses parts pour seulement 17 millions de dollars.

Il faut dire que le patron d’AJN, le géologue allemand, Klaus Eckhof a des relations étroites avec Zoé Kabila, le frère cadet de l’ancien président. Joseph Kabila continue de tirer les ficelles, ses partisans étant majoritaires au Parlement comme au gouvernement. Selon Eckhof, les accusations de la Cogep relèvent d’un malentendu. La Sokimo ne vendra aucun de ses actifs et la transaction entre la compagnie congolaise et AJN permettra à la Sokimo d’accéder aux marchés internationaux, de rembourser ses dettes et de payer ses employés.

Des propos qui ne rassurent guère. Les partenariats conclus à ce jour par la Sokimo avec des sociétés étrangères n’ont aucunement amélioré une situation financière catastrophique: l’entreprise doit 83 mois d’arriérés de salaire à son personnel.

 

François MISSER, Ouest-France, publié le 06/07/2020

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