Le phénomène Fils Mukoko: un nouveau genre d’exercice politique sans complaisance

Jean Cornelis Nlandu-Tsasa

Je vais faire bref. Nous avons été habitués à chanter le Djalelo. Personne, alors, personne n’a changé depuis. Quelque soit son camp politique.

En effet, on entend le même Djalelo au FCC où, même ceux qui sont supposés avoir un cerveau ont qualifié Kabila de « père de la démocratie ». Alors qu’à l’école primaire déjà, on apprend que dès 1959 nos pères de l’indépendance étaient en pleine démocratie. Pendant que le barbu de Kingakati n’était même pas encore au biberon.

On criait à qui voulait l’entendre que Kabila va amener le Congo vers l’émergence. Alors que déjà il ne sait construire aucune route, aucune école, aucun hôpital, aucune usine en 18 ans d’exercice. L’hôpital du Cinquantenaire à Kinshasa ne sert plus qu’à un repaire de rats.

Il va même construire une ferme ultra-moderne à Bukanga-Lonzo, que personne ne verra. J’ai à peine dans mes archives le prospectus montrant, photos 3D à l’appui, les performances escomptées. L’argent prendra une autre destination.

Même les nombreux millions décaissés pour « moderniser » l’aéroport international de N’Djili n’ont servi qu’à sortir des terres un aéroport aux normes d’un aérogare de campagne.

Mais les ventriloques n’ont pas désarmé. Malgré toutes les aberrations, Kabila est adoré par un groupe de Congolais. Pourquoi? Personne ne saura jamais y apporter une réponse correcte, raisonnée.

Puis vint Félix Tshisekedi avec, dans le cortège, un nouveau genre de Djalelo. D’emblée, on parle de « Béton ». Juste quand il réalise quelque chose de normal, pour lequel il est d’ailleurs payé. Grassement. Comme construire des saute-moutons. Alors que d’autres pays africains sont au rythme de la construction de métros, en RDC on est réduit à acclamer et à se prosterner devant des choses normales, parfois banales.

Pire, on a créé un nouveau genre de Mopap qui justifie tout. On annonce un budget de 7 milliards, tous les communicateurs se jettent dans la bataille pour expliquer le bien-fondé et la justesse du chiffre. Heureusement que Fatshi est encore plus intelligent qu’eux pour dire, comme nous, qu’il s’agissait bien pour un grand Congo d’un budget ridicule. Il l’a ramené à 10. Déjà suffisant?

Fils Mukoko

Mais dans cette mare aux crocodiles, une exception se dégage: Fils Mukoko. Même si les sorties de ce jeune homme, nourri aux mamelles de l’ère Étienne Tshisekedi, sont quelque peu folkloriques, il ne demeure pas moins l’un des rares tshisekedistes à pouvoir rendre service à Fatshi.

Fils Mukoko apparaît comme un tshisekediste convaincu mais pas aveugle, contrairement à tant d’autres. Il critique les actions du parti et du président, aidant ainsi Félix à se réorienter quand il faut. Alors que d’autres – parfois sortis d’illustres universités – ne servent qu’à s’agenouiller, à acclamer, à crier « Béton » et ne servent à rien au chef.

Incompris par les siens, Fils Mukoko est sournoisement adoré par beaucoup de compatriotes, comme étant l’un des rares tshisekedistes à pouvoir clamer tout haut ce que tous les tshisekedistes pensent tout bas. Notamment au sujet du mariage impossible avec un FCC dont tout le monde dit qu’il est corrompu, injuste, violent et, pire, qu’il a inciviquement détruit le pays.

 

Par Jean-Cornelis Nlandu Tsasa/ Journaliste

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