Les contrevérités de Thomas Luhaka

Thomas Luhaka Losendjola

En réponse à une « question orale avec débat » initiée par le député Serge Mayamba Masaka sur le « processus de reconstruction du territoire national », le ministre des Infrastructures, travaux publics et reconstruction (ITPR), l’ex-MLC Thomas Luhaka Losendjola, a fait, vendredi 17 novembre, piètre figure en débitant des contrevérités. C’était au cours d’une plénière présidée par Aubin Minaku qui assume les fonctions de président de l’Assemblée nationale et de secrétaire général de la mouvance kabiliste.

Coup de théâtre! Au moment où ces lignes sont écrites, on apprenait que le député national Mayamba se serait rétracté. Il aurait retiré purement et simplement sa « question orale » aux allures de réquisitoire contre « les années Joseph Kabila ».

Elu de l’ex-district kinois de la Tshangu, Mayamba assure qu’il a trouvé des « réponses » à ses « préoccupations » après lecture du « rapport d’activités pour le 1er semestre 2017 » dudit ministère. « Un geste salué par nombre de ses collègues députés nationaux », souligne notre confrère kinois « Forum des As » daté du 17 novembre. Des observateurs sont surpris par ce revirement.

Depuis la promulgation de l’actuelle Constitution congolaise, il y a onze ans, le Parlement est phagocyté par l’exécutif. Les deux chambres sont réduites au rang de « chambres d’entérinement » des désidératas de la mouvance kabiliste. Les intérêts de « Joseph Kabila » ont, semble-t-il, préséance sur l’intérêt général.

Le député Mayamba avait décomposé son « interrogatoire » en trois points. Primo: le bilan de la politique du ministère des ITPR par rapport au processus de reconstruction du territoire national. Secundo: la description du taux de réalisation des travaux. Enfin: les critères de choix des sites concernés par ces travaux avec une priorité donnée aux provinces orientales du pays.

CONTREVERITES

Selon l’ex-secrétaire général du MLC, « le gouvernement n’a jamais eu l’intention de privilégier un coin de la République au détriment d’autres ». Vraiment? Il s’est aussitôt contredit en alléguant que les considérations économiques et sécuritaires seraient à l’origine de la priorité donnée à « certains coins du pays ». Lesquels? Silence radio!

Luhaka s’est contenté de débité des banalités en affirmant que l’action de son ministère concerne la réhabilitation des anciennes routes, la réhabilitation et construction des services publics ainsi que la protection et entretien du réseau routier. Et d’ajouter: « la construction, la réparation et la réhabilitation des routes, ponts, bacs et édifices publics sur l’ensemble du pays ». L’objectif, selon lui, serait notamment de doter les nouvelles provinces des « infrastructures modernes ».

L’ex-opposant s’est scrupuleusement gardé d’égrener les réalisations déjà accomplies. La raison paraît simple: l’homme, à l’instar de ses pairs, n’a aucun pouvoir. Il ne maîtrise aucun dossier. Et pour cause, tout se décide à la Présidence entre « Kabila » et le directeur de la fameuse Agence des Grands Travaux. Les contrats sont signés de gré à gré au Palais de la nation. En violation de la loi sur les marchés publics. Celle-ci impose le lancement d’un appel d’offres à partir de 10.000 $.

Dix-sept années après son accession à la tête de l’Etat congolais, le successeur de Mzee paraît bien incapable de laisser ses réalisations parler pour lui. Le bilan est proche du niveau zéro. Que pourrait-on attendre du pauvre Thomas Luhaka? Rien!

Lors de la conférence des gouverneurs de province qui s’est tenue à Lubumbashi en 13 juin 2016, le « raïs » lança non seulement les « travaux de modernisation » du gouvernorat mais aussi la construction d’un immeuble de trois niveaux devant abriter les services du gouvernement provincial du Haut-Katanga. Avait-il consulté les responsables régionaux pour connaître leurs véritables priorités ou a-t-il agi juste pour faire un « bras d’honneur » au gouverneur démissionnaire Moïse Katumbi?

LE « GRAND COMMUN DIVISEUR »

« Tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection des lois », énonce l’article 12 de la Loi fondamentale.

En dix-sept années d’exercice du pouvoir d’Etat, « Joseph Kabila » s’est évertué à s’appuyer sur un groupe des Congolais contre d’autres.

L’homme a lancé, en avril 2016, des travaux de réhabilitation des infrastructures à Kalemie, le chef-lieu de la province de Tanganyika. Cette ville serait-elle plus importante au plan économique et sécuritaire que Kisangani?

C’est en décembre 2014 que Thomas Luhaka, alors secrétaire général du MLC de Jean-Pierre Bemba, a rejoint le gouvernement dit de « cohésion nationale ». Il sera remplacé par Eve Bazaïba Masudi. En septembre 2016, Luhaka lancera son MLC dit « libéral » avant de faire alliance avec la mouvance kabiliste.

L’ex-bras droit de « JPB » fait désormais partie de ces « prostitués politiques » qui ont sacrifié des années de lutte contre une bouchée de pain. Ils sont tenus de défendre avec ardeur ce qu’ils jugeaient indéfendable jadis. Et ce y compris en usant des mensonges…

 

B.A.W
© Congoindépendant 2003-2017

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