Les fugitifs

Kalev MutondoKalev Mutondo

Ce 3 mai, a débuté à Kinshasa, le procès de notre superflic, le ci-nommé Kalev. Il est accusé d’arrestation arbitraire, de détention illégale, de tortures corporelles et d’extorsions. Il est toujours en cavale. Il est « Wanted, Dead or Alive » comme disent les Yankees. Enfer et damnation!

Ceci expliquant cela, le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe a lancé, dès le 11 mars 2021, un avis de recherche contre lui. Comme si cela ne suffisait pas, une note fut adressée, illico presto, à la police nationale, à l’Agence nationale de renseignements, à la Direction générale des migrations et même à Interpol! Certains affirment qu’on l’a aperçu en Zambie, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, etc. Il allait nous priver d’un procès retentissant. Nous espérions apprendre quelque chose des méthodes de filature et de tortures, des confidences sous l’oreiller. Nous aurions pu entendre des affaires croustillantes et scabreuses de notre James Bond national. Nenni!

Les avocats du 007 congolais ont plaidé pour le report du procès de 3 semaines afin de lui permettre de se présenter en chair, en os et en lunettes. Finalement, les juges décidèrent de renvoyer le procès Kalev au 10 mai. Nous attendons. Patience et longueur font plus que force ni que rage, disait Jean de La Fontaine. Bref, passons!

L’autre fugitif, le général John Numbi est toujours en cavale. On le dit en Zambie, au Zimbabwe, au Sud-Soudan, en Centrafrique et tout dernièrement à Cuba. Saperlipopette! On l’imagine d’ici fumant des cigares à la terrasse du mythique Hotel Nacional de Cuba, ingurgitant moult rhum cubain sur fonds de la salsa. C’est comme Saddam Hussein quand il était en fuite. On le disait partout sauf là où il était. Il fut retrouvé par des forces spéciales américaines, le 14 décembre 2003, dans un trou à rat dans sa ville natale Tikrīt. C’était un réduit de 2,5 mètres carré sous terre. Stupeur et tremblements!

Revenons à nos moutons. Un mandat d’arrêt a été lancé contre John Numbi pour l’assassinat, le 2 juin 2010 à Kinshasa, de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana. D’après mon ami qui sait ce qui se passe dans tous les coins et recoins de Kinshasa, John Numbi et Floribert Chebeya se connaissaient bien. Sapristi! Fin 1996, John Numbi avait été arrêté au Katanga et transféré à Kinshasa. Il était soupçonné par les sbires de Mobutu d’être de connivence avec l’AFDL. C’est Floribert Chebeya qui l’avait aidé à s’évader des geôles de nos services militaires de renseignements. Il l’avait ensuite logé dans un hôtel avant de l’extirper vers Brazzaville et de là en Angola. Il ne pouvait pas deviner qu’il venait de sauver un serpent qui allait le tuer un jour. Stupeur et tremblements!

C’est comme si vous aidiez un crocodile à traverser la rivière dans votre pirogue. Enfer et damnation!

La reconnaissance n’est pas de ce monde. Devenu un puissant général, il trucida Chebeya par crainte qu’il ne dévoile les preuves des massacres au Kongo Central des adeptes de Bundu dia Kongo perpétrés par le bataillon Simba dont les policiers dépendaient directement de lui. Ces répressions firent 134 morts en janvier 2007 et une centaine de morts en février-mars 2008. Stupeur et tremblements!

Retardé sans doute par le poids du magot qu’il transportait, un autre fugitif, l’ancien ministre Willy Bakonga, ne fut pas aussi véloce que les deux autres. Sa traque ne dura pas longtemps. Il fut arrêté à Brazzaville, rapatrié à Kinshasa le 27 avril, condamné à 3 ans de servitude pénale principale pour le transfert à l’étranger de plus de 10.000 dollars et pour la dissimulation de l’origine réelle de biens. Comme on dit chez nous, qui est souvent à la cour du roi, finit toujours par trahir ses amis.

 

GML

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