L’IRDH récuse le vote par voie électronique

Dans son bulletin daté du 7 septembre, l’organisation non gouvernementale « IRDH » (Institut de Recherche en Droits Humains) s’insurge contre la proposition du vote par la voie électronique. L’annonce a été faite, mardi 5 septembre, par Corneille Nangaa, président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Outre le peu de fiabilité de cette option, l’IRDH relève que le numéro un de la Centrale électorale n’a fait que relayer le « vœu » exprimé par « Joseph Kabila » dans un discours prononcé le 14 décembre 2015.

Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Norbert Nangaa qui dirige une institution technique se prend de plus en plus pour un opérateur politique. Très sensible aux désidératas de « Joseph Kabila », Nangaa « communique » beaucoup. Et très souvent à l’emporte-pièce. « C’est une aberration de consacrer 300 millions USD à l’organisation des élections », a-t-il déclaré, fin août, à Kananga. C’était lors de la rencontre dite tripartite « gouvernement-Ceni-CNSA ». « Combien des routes et des hôpitaux aurions-nous construits avec une telle somme? », ajoutait-il.

Poursuivant sa logique, Nangaa a animé un point de presse mardi 5 septembre au cours duquel il a cru faire l’événement en proposant l’adoption du vote par la voie « semi électronique ». Le but, selon lui, serait de « réduire le coût » des opérations électorales lesquelles gagneraient en célérité. Pas de chance. Suspecté pour sa « proximité » avec l’Exécutif, le Président de la CENI qui croyait réinventer la roue n’a fait que servir d’écho au discours prononcé par « Joseph Kabila » en date du 14 décembre 2015.

LE COUT DES OPERATIONS ELECTORALES

Dans son bulletin daté du 7 septembre, l’IRDH que dirige l’avocat Hubert Tshiswaka Masoka écrit en liminaire que le vote par la voie électronique « n’est pas envisageable » au Congo-Kinshasa en relevant, au passage, que le Président de la CENI est resté muet sur la « faisabilité » de cette option.

Tout en admettant « l’assurance de l’obtention des résultats électoraux plus rapides et plus fiables », l’IRDH épingle néanmoins plusieurs inconvénients. A savoir notamment: le coût du matériel, l’inconstance de l’énergie électrique et le faible taux de pénétration de l’Internet dans la société congolaise.

L’IRDH de souligner, par ailleurs, que Nangaa n’a rien inventé. Il n’a fait que « réitérer le vœu » exprimé le 14 décembre 2015 par « Joseph Kabila » au cours d’un message devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès: « (…) Je demeure une fois de plus persuadé que l’option à lever sur les modalités de vote prévues à l’article 47 de la Loi électorale, à savoir: soit le vote par bulletin à papier, soit le vote électronique, pourrait contribuer à réduire substantiellement le coût des opérations électorales ».

INFEODATION DE LA CENI AU POUVOIR

« Joseph Kabila » a été « élu » en 2006 et « réélu » en 2011. Le budget électoral s’élevait respectivement à 450 et 750 millions USD. Notons que dans le premier cas de figure, la contribution de la communauté internationale représentait 80% du coût total. Lors de ces deux consultations politiques, « Joseph Kabila » et ses affidés n’avaient trouvé rien à redire. Et pour cause, ce dernier était encore éligible.

Le premier alinéa de l’article 70 de la Constitution stipule que « le Président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois ». L’article 220 interdit, dans son premier alinéa, toute révision constitutionnelle touchant notamment « le nombre et la durée des mandats du Président de la République ».

Frappé d’inéligibilité après l’expiration de son second et dernier mandat le 19 décembre 2016, le Président sortant use et abuse des artifices pour retarder l’avènement de l’alternance démocratique. Les constituants de 2005 avaient prédit le risque d’une « dérive dictatoriale ».

Auditionné à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre et du Sénat belge, Apollinaire Malumalu, alors président de la CENI, avait estimé l’enveloppe globale des élections à 750.212.788 USD. C’était en janvier 2014. Le montant a été revu à deux reprises, sous Corneille Nangaa, jusqu’à atteindre la somme de 1,8 milliard USD.

Les parlementaires belges n’avaient pas manqué de stigmatiser, en termes à peine voilés, l’inféodation de la CENI au pouvoir politique. « La CENI sera jugée sur ses actes », avait bredouillé Malumalu.

Pour l’IRDH, la centrale syndicale devrait maintenir le vote au moyen du bulletin papier. Elle doit être dotée de moyens financiers pour ce faire. Aux termes de l’article 47 de la loi n°11/003 du 25 juin 2011 portant organisation des élections, le vote par voie électronique est parfaitement légal. Mais…

 

B.A.W.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %