Loseke-Tshibala: « divorce » pour « causes déterminées »

La nouvelle est tombée au début de la soirée de samedi 30 juin. Président délégué de l’UDPS/Tshibala, Dr Tharcisse Loseke Nembalemba a claqué la porte. Il l’a fait savoir la veille au Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe en invoquant des « raisons de convenance personnelle ». En grattant un peu sur sa correspondance qui circule sur les réseaux sociaux, d’autres raisons semblent émerger. A savoir, l’impécuniosité de cette formation politique et l’inaccessibilité de son « autorité morale ». Bref, Loseke a préféré s’en aller après avoir demandé en vain une audience auprès du « Premier ».

Bruno Tshibala et Tharcisse Loseke

« Ce qui se fait sans le temps, ne résiste pas au temps ». Le duo Tshibala-Loseke serait-il en train d’expérimenter cet adage populaire?

Dans une lettre manuscrite datée du 29 juin, Tharcisse Loseke Nembalemba notifie à Bruno Tshibala Nzenzhe sa « démission de l’UDPS et du regroupement politique APCO ». L’ancien conseiller d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba et secrétaire national chargé des Relations extérieures de l’UDPS invoque des « raisons de convenance personnelle ».

Au deuxième paragraphe de sa missive, l’intéressé esquisse une explication qui est loin de briller par sa clarté: « En effet, la lutte pour le progrès social au profit du peuple est et demeure l’ADN de l’idéal politique nous légué par le feu président Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Je n’entends nullement m’en écarter tout au long de ma carrière politique ».

Dans l’euphorie de sa nomination au poste de Premier ministre en mai 2017, Tshibala voulant sans doute donner des gages à son « bienfaiteur » créa de toutes pièces « son » UDPS à lui. Le but non avoué était de torpiller ses anciens camarades restés fidèles à Felix Tshisekedi Tshilombo et plaire au « raïs ».

A peine née, l’UDPS/Tshibala organise très rapidement son congrès. D’où venait le financement? Mystère! « Pour préserver ses intérêts, Kabila ne lésine pas sur les moyens », confie une source proche du « dircab » à la Présidence de la République. La même source de préciser que « le raïs se lasse vite dès qu’il a atteint ses objectifs… »

C’est ici que Tshibala finit par comprendre qu’un parti politique ne peut être viable sans argent. En Occident, ce sont les militants qui cotisent. En Afrique, c’est le « président-fondateur » qui, tel un PDG, doit délier les cordons de la bourse.

Joint au téléphone dimanche soir par l’auteur de ces lignes, « Tharcisse » a commencé par refuser de commenter sa lettre précitée. Au fil de la conversation, il a reconnu que les caisses de l’UDPS/Tshibala étaient vides d’une part et d’autre part, il éprouvait des difficultés à obtenir une entrevue avec le « Premier » Tshibala pour évoquer cette « question cruciale ».

« MANQUE D’ARGENT » ET « DEFICIT DE COMMUNICATION »

Loseke dément l’information selon laquelle il ne peut pas continuer à diriger un parti incapable de mobiliser 1% d’électeurs au niveau national. « Ce n’est pas ça. C’est le journaliste qui dit cela », assure-t-il en souriant. En fait, il aurait exprimé la crainte de voir le parti du Premier ministre de se trouver dans l’incapacité de mobiliser 1% d’électorat et partant, de ne pas avoir de députés tant au niveau provincial que national. Encore moins des sénateurs. « L’heure a sonné pour présenter les candidats aux élections, observe-t-il. Si nous n’avons pas de candidats pour nous apporter 1% au niveau de l’électorat national et 3% dans les province-phares pour avoir des députés provinciaux, nous sommes un regroupement politique mort ». Pour lui, il vaut mieux ne pas devoir assumer un tel échec « par manque d’argent ».

Etienne Tshisekedi et Bruno Tshibala

Dimanche soir, certains observateurs n’hésitaient pas de ricaner en soutenant que « Loseke venait de découvrir ce que tout le monde savait à savoir que l’UDPS/Tshibala n’avait pas d’avenir ». Une certitude cependant, l’ex vice-ministre des Finances du « Premier » Samy Badibanga refuse qu’on lui fasse « porter le chapeau de l’échec qui pointe à l’horizon ».

Que compte-t-il faire désormais? Tharcisse Loseke qui dit ignorer tout sur la coalition « Front pour le Congo », annoncée par « Kabila », exclut toute idée de réintégrer l’UDPS dirigée par « Felix ». Pour lui, il va investir son énergie dans son fief au Sankuru en se présentant « comme personnalité dans un regroupement ».

Neurologue, Dr Tharcisse Loseke a eu jusqu’ici une carrière politique en dent de scie. Ancien cadre de l’UDI (Union des démocrates indépendants) au lendemain du lancement du processus de démocratisation, on le retrouve en août 1992 dans le gouvernement éphémère dirigé par Etienne Tshisekedi wa Mulumba en qualité de ministre de l’Environnement et tourisme.

Proche parmi les proches de « Papa Tshisekedi », Loseke devint secrétaire national chargé des Relations extérieures de l’UDPS. A la surprise générale, il fait son entrée en décembre 2016 au gouvernement du Premier ministre Badibanga en qualité de vice-ministre des Finances. En mai 2017, il est remanié à l’avènement de Tshibala à la primature. Celui-ci va lui confier la « présidence par délégation » de « son » UDPS.

Bretteur, Loseke n’avait pas hésité à saisir la justice afin d’empêcher l’organisation du congrès ayant abouti à l’élection de Félix Tshisekedi à la tête de l’UDPS dite Limete. Le succès n’était pas au rendez-vous. Au total, Tharcisse Loseke et Bruno Tshibala « divorcent » pour « manque d’argent » et « déficit de communication ». Au moment de boucler ce « papier », la primature n’avait pas encore réagit à cette démission.

 

Baudouin Amba Wetshi

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