Lubumbashi: « Felix » en visite dans le fief putatif de la fratrie « Kabila »

Soixante-douze jours, jour pour jour, après son investiture à la tête de l’Etat, Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo séjourne depuis vendredi 12 avril au chef-lieu du Haut Katanga où règne une situation d’urgence. La population grogne face à une vague de criminalité sans précédent. C’est le tout premier voyage que le nouveau chef de l’Etat entreprend dans l’arrière-pays. « Fatshi » ne manquera pas de recevoir une « pluie de doléances ». Il apprendra que la population lushoise, dans sa grande majorité, a le regard braqué sur l’ex-chef milicien « Gédéon » Kyungu Mutanga. Sans omettre les miliciens qui l’accompagnaient lors de sa reddition. A travers « Gédéon », des habitants de Lubumbashi voient l’ombre du « général » John Numbi Banza en filigrane. Et pourquoi pas celle de « Joseph Kabila »? « Felix » apprendra également comment la fratrie « Kabila » et ses affidés ont transformé le « Grand Katanga » en « fief ».

Prévu initialement le jeudi 11 avril, le déplacement du président Tshisekedi a été retardé d’un jour, indiquait un communiqué du maire de Lubumbashi Robert Lubaba Buluma. Le motif de ce « décalage » n’a pas été spécifié.

Jean-Claude Muyambo Kyassa

Vendredi, les Lushois sont venus nombreux accueillir le successeur de « Joseph Kabila ». Les observateurs n’ont pas manqué de remarquer l’accolade chaleureuse que l’ex-prisonnier Jean-Claude Muyambo Kyassa – et candidat (malheureux?) au poste de gouverneur – a donnée à « Felix ».

Les observateurs n’ont pas manqué également de constater, une fois de plus, la présence encombrante des éléments de la garde républicaine, les fameux « GR » de triste réputation. Ceux-ci sont reconnaissables par leur béret rouge. Une image que l’on croyait révolue avec le changement intervenu au sommet de l’Etat. Hélas, non! Il est temps que les « anges gardiens » du premier magistrat du pays soient plus discrets et moins folkloriques.

Il semble que la garde rapprochée de « Fatshi » serait assurée par les mêmes individus qui « protégeaient » jadis son prédécesseur. Certaines « mauvaises langues » prétendent que c’est le cas également du cuisinier.

« PSYCHOSE GÉNÉRALISÉE  » 

A Lubumbashi, Félix Tshisekedi va présider une réunion du conseil supérieur de la défense. On imagine qu’un seul sujet sera à l’ordre du jour. A savoir: l’insécurité qui prévaut dans l’ex-capitale du cuivre mais aussi à Likasi et Kasumbalesa.

Dans une dépêche datée du 11 avril, la très officielle Agence congolaise de presse (ACP) fait état d’un « climat de psychose généralisée à cause de la criminalité galopante ». Cette criminalité se caractérise « par des tueries, des vols à main armée et de viols ». Un défi lancé aux pouvoirs publics. Qui tirent les ficelles? Toute la question est là!

Notre journal avait écrit dans ses colonnes que des doigts accusateurs sont pointés vers l’ex-chef milicien Kyungu Mutanga, alias « Gédéon ». Condamné à mort en 2009 par le tribunal militaire de la garnison du Haut Katanga à Likasi, ce « vieil ami » au duo de choc « Kabila »-Numbi  s’est évadé de la prison de la Kasapa en septembre 2011. L’évasion a eu lieu autour de midi. Selon des témoins, les policiers appelés en renfort auraient mis une heure chrono pour parcourir 7 kilomètres sur une route macadamisée.

Gédéon Kyungu Mutanga

Depuis sa reddition en décembre 2016 en compagnie de 100 ex-miliciens, « Gédéon » est hébergé, selon son « porte-parole », dans une villa située dans le très huppé quartier Golf à Lubumbashi. A qui appartient cette habitation? Qui paie le loyer? Que sont devenus les 100 « pistoleros » qui étaient déversés comme « supplétifs » dans la police? Trois questions qui restent sans réponses. Suivez mon regard…

Au chef-lieu du Haut Katanga, des observateurs espèrent que le chef de l’Etat va instruire les autorités judiciaires de se saisir de la personne de « Gédéon » pour le remettre en prison. « Gédéon n’a jamais bénéficié d’une quelconque loi d’amnistie. Encore moins de la grâce présidentielle », argumente un juriste lushois qui a requis l’anonymat. Autrement dit, l’ex-chef milicien est et reste un repris de justice.

LE « GRAND KATANGA » MIS EN COUPE RÉGLÉE

Le président Tshisekedi ne manquera pas d’apprendre la « mainmise » des membres de la fratrie « Kabila » sur le « Grand Katanga ». Il apprendra aussi que le poste douanier de Kasumbalesa – le deuxième en importance après Matadi – est géré par une société privée dénommée « Trafigo ». Cette entreprise appartient à « Jaynet ».

Le péage sur le tronçon Kasumbalesa-Lubumbashi serait « régenté » par un sujet chinois pour le compte de « Zoé », le tout nouveau gouverneur « élu » de la province de Tanganyika. Selon des sources, des experts auraient « reniflé » l’odeur de pétrole dans ce Lac qui sépare le Congo-Kinshasa de la Tanzanie…

Zoé, Jeannette et Joseph « Kabila »

La dame Sifa Mahanya aurait, de son côté, vendu récemment une mine dans le Haut Katanga. Montant: 300 millions $. La société d’Etat Gécamines n’aurait perçu que quelques « peanuts ».

Surnommée « capitale du cobalt », la très riche province de Lualaba est mise en coupe réglée par son gouverneur, le PPRD Richard Muyej Mangez. Le fils de celui-ci est à la tête d’une multitude de PME (gardiennage, transport à moto, perception de taxes etc.).

« Réélu » pour un nouveau mandat de cinq ans, l’ancien président du PPRD Katanga et ministre de l’Intérieur serait devenu – sans doute avec la « bénédiction » de Kabila – un exploitant minier en partenariat avec une entreprise chinoise connue uniquement par ses acronymes: CDM. « Nous osons espérer qu’à l’issue de son séjour dans le Haut Katanga, le président Tshisekedi prendra conscience qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. L’accord qu’il a conclu avec le FCC risque d’être suicidaire pour lui… », résume notre juriste. Alarmiste? L’avenir le dira.

Pendant ce temps, des « katumbistes » suspectent l’ancien président « Kabila » d’empêcher le retour au pays de Moïse Katumbi Chapwe. Dans une déclaration datée du 9 avril 2019, la « Fondation Katangaise » « prie le président Tshisekedi d’appliquer dans leur intégralité les mesures de décrispation » en autorisant le retour de l’ancien gouverneur du Katanga « en homme libre sur le sol de ses ancêtres ».

 

Baudouin Amba Wetshi

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