Lubumbashi: Qui a voulu assassiner le juge Jacques Mbuyi Lukasu?

Qui a voulu attenter à la vie du juge Jacques Mbuyi Lukasu du Tribunal de Grande Instance de Lubumbashi? Pourquoi? Deux questions qui restent sans réponse dans ce Congo dit démocratique où les enquêtes criminelles restent éternellement « en cours ». Criblé de balles à l’abdomen par des inconnus dans la nuit du 18 au 19 juillet, ce magistrat a été transféré à Johannesburg. Coïncidence ou pas, le juge Mbuyi devait présider, le lendemain, l’audience du procès en appel entre Moïse Katumbi et le Grec Alexandros Stoupis. En cause, une affaire de stellionat.

Dans un communiqué daté du 23 juillet, l’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH) confirme le transfert du magistrat Jacques Mbuyi Lukasu en Afrique du Sud. Ce sont des organisations non gouvernementales, de concert avec le bureau austral d’Amnesty International, qui ont pu réaliser cette action humanitaire.

L’IRDH ne va pas par quatre chemins en parlant d’une « tentative d’assassinat ». Depuis la commission de ce qui ressemble bien à un attentat, la police n’a guère communiqué. Elle est muette. Il en est de même des autorités judiciaires. Nul ne sait à l’heure qu’il est les premiers éléments de l’enquête que la police judiciaire n’a pas manqué d’ouvrir. Crime crapuleux? Tentative d’assassinat? Quid du mobile? A qui profite le crime?

Selon les proches du magistrat, les agresseurs avaient pour mission de lui ôter la vie. Ceux-ci auraient rejeté une somme d’argent qui leur avait été proposée. Sur ordre de qui agissaient-ils? Mystère!

Reste que Jacques Mbuyi Lukasu n’est pas n’importe qui. Il s’agit du juge-président du Tribunal de Grande Instance de Lubumbashi. L’homme devait, en cette qualité, présider l’audience en appel de l’affaire qui oppose le Grec Emmanouïl Alexandros Stoupis à l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe. « (…), le juge Mbuyi a été attaqué, à son domicile, par des personnes cagoulées et maquillées en noir, armées des fusils et bouteilles, précise l’IRDH. Ces assaillants l’ont grièvement blessé par balles à l’abdomen et à la fesse droite. Et, lui ont causé des blessures profondes à la tête, par des coups des bouteilles tranchantes ».

On apprenait que la victime qui est arrivée dimanche 23 juillet à Johannesburg serait dans un état jugé sérieux mais stable.

Selon l’IRDH, Jacques Mbuyi qui paraît très attaché au respect des droits humains aurait renâclé d’endosser un « jugement préétabli ». Se fondant sur des informations en sa possession, cette ONG note que les agresseurs et les commanditaires « seraient extrêmement fâchés ». Au motif que le magistrat n’aurait pas cédé aux « menaces verbales » et autres « pressions ».

L’affaire Mbuyi n’est pas sans rappeler le cas précédent vécu, sur le même dossier, au premier degré, par la juge Chantal Ramazani Wazuri du tribunal de Paix de Lubumbashi/Kamalondo.

La magistrate a eu plus de veine que son collègue Mbuyi. Dans une correspondance datée du 25 juillet 2016 adressée au ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, elle s’est insurgé d’avoir apposé sa signature sous la contrainte. Elle a égrené les noms des personnes qui lui donnaient des directives afin qu’elle signe un jugement rédigé ailleurs condamnant l’ex-gouverneur à une peine de 36 mois de prison assortie d’une amende d’un million de dollars.

Outre le premier président de la Cour d’appel de Lubumbashi Paulin Ilunga, Chantal Ramazani avait cité le bâtonnier Ambroise Kamukuny et le chef barbouze Kalev Mutondo, administrateur général de l’Agence nationale de renseignements.

Au moment des faits, « Joseph Kabila » se trouvait à Lubumbashi. Il semble qu’il suivait personnellement ce dossier. L’agression contre Jacques Mbuyi a eu lieu pendant que le « raïs » et son ministre de la Justice Alexis Thambwe se trouvaient au chef-lieu du Haut-Katanga en mois de juillet. Hasard?

Les ONGDH ont, pour leur part, demandé au procureur général près la Cour d’Appel de Lubumbashi d’ouvrir une enquête afin d’identifier non seulement les présumés auteurs de cette tentative d’assassinat mais aussi les commanditaires. Dans un Etat de droit, le ministère se serait saisi d’office…

 

B.A.W.

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