Marche pacifique: Le « CLC » durcit le ton…

Dans un communiqué daté du 10 février, le Comité Laïc de Coordination (CLC) appelle à une marche pacifique le 25 février prochain. Mot d’ordre: « dire non à la dictature ». Le Comité dit tout haut ce que des millions de Congolais pensent tout bas. A savoir que le pouvoir kabiliste constitue un « obstacle » à l’organisation des consultations politiques fondées sur une concurrence pacifique. Pour le CLC, les citoyens congolais veulent des « élections libres, démocratiques, transparentes et inclusives mais pas des élections truquées et manipulées d’avance, qui ne garantissent pas la paix, ni avant ni après les élections ».

Malgré les « mandats d’amener » lancés à leur encontre par le procureur général de la République, le kabiliste Flory Kabange Numbi, les ténors du Comité Laïc de Coordination – en l’occurrence Léonie Kandolo, Julien Lukengu, Isidore Ndaywel, Thierry Nlandu et Justin Okana – invitent, pour la troisième fois, le peuple congolais à marcher pour barrer la route « à la dictature ».

La double répression sanglante des marches pacifiques du 31 décembre 2017 et du 21 janvier dernier a généré un effet inattendu. Le CLC ne se limite plus à exiger « l’application intégrale » de l’Accord de la Saint Sylvestre. L’organisation semble radicaliser son action. Elle invite désormais les Congolais à « dire non à la dictature ».

Pour le CLC, en optant pour la manière forte, le pouvoir kabiliste préfère afficher « la persistance de son arrogance, de son mépris et de son insouciance. Bref le refus catégorique de prendre en considération les revendications de toute une nation ».

C’est un secret de Polichinelle de relever que les forces dites de sécurité, épaulées par des mercenaires étrangers, ont tiré à balles réelles sur les « marcheurs » et lancé des gaz lacrymogènes dans les églises catholiques tant dans la capitale que dans l’arrière-pays.

Dépouilles des marches emportées par les forces de l’ordre

DES CADAVRES EMPORTÉS

Dans un communiqué daté du 29 janvier, l’association de défense des droits de l’Homme « La Voix des Sans Voix pour les droits de l’Homme » (VSV) écrit que le nombre de personnes tuées lors de la manifestation du 21 janvier a été sous-évalué par la police.

Un mois après les deux manifestations précitées, des familles demeurent sans nouvelles de leurs proches. Des témoins assurent avoir surpris les sbires du régime en train d’emporter les cadavres de leurs victimes.

La VSV de souligner que « des traitements cruels, inhumains ou dégradants ont été infligés aux manifestants par des militaires » de la garde prétorienne de « Joseph Kabila », les fameux « GR » (garde républicaine).

En prévision de la marche fixée au 25 février, le CLC « interpelle » la communauté internationale en général et le Conseil de sécurité des Nations Unies et l’Union Européenne en particulier de se départir de la langue de bois diplomatique consistant à débiter quelques « condamnations de principe ».

Les ténors du CLC dissimulent à peine leur effarement face à l’apathie qu’affiche la communauté internationale dans la mesure où celle-ci est témoin « non seulement du blocage du processus électoral » – du fait des artifices que multiplie « Kabila » – « mais aussi des atrocités et de la barbarie qui émaillent ce processus ».

« PRÉCAMPAGNE »

Malgré le fait que son dernier mandat constitutionnel a expiré depuis le 19 décembre 2016, le Président hors mandat et ses proches affichent une sérénité frisant la défiance.

Samedi 10 février, « Joseph Kabila » s’est rendu dans la province du Kongo Central où il a « présidé » la cérémonie d’inauguration d’un appareil de forage offshore de la société Perenco qui exploite du pétrole au large de Moanda.

Néhémie Mwilanya Wilondja

Pendant ce temps, le tout-puissant « dircab » à la Présidence hors mandat Néhémie Mwilanya Wilondja se trouve quasiment en « précampagne » dans « son » fief du Sud-Kivu. Jeudi 8 février, l’homme a animé une « matinée politique » à Bukavu. Le modérateur n’était autre que le gouverneur Claude Nyamugabo. Ce dernier porte également la casquette de « secrétaire exécutif provincial » du Pprd, le parti kabiliste. Une confusion entre l’Etat et le parti dominant qui n’est pas sans rappeler l’époque flamboyante du MPR parti-Etat.

Le successeur de Mzee a procédé récemment à des nominations des administrateurs de territoire et des maires. On imagine que l’appartenance au PPRD a été l’élément déterminant dans le choix. Pour mémoire, les 26 gouverneurs de province sont tous étiquetés « mouvance kabiliste ». Les chefs traditionnels, mêmement.

Dans un speech, « Nehémie » – qui est natif du territoire de Fizi – a déclaré être venu pour rassurer « la base » de l’engagement de son patron de président « à conduire » le Congo-Kinshasa « de nouveau vers les élections libres, pluralistes, démocratiques et apaisées ».

Sans faire la moindre allusion au bilan des 17 années de la présence de « Joseph » à la tête de l’Etat, Mwilanya s’est cru en droit de clamer que le parti présidentiel se trouve en ordre de bataille « pour gagner les élections à tous les niveaux ». Et d’égratigner, au passage, « certains acteurs politiques et leurs alliés »qui, par crainte d’affronter les élections, « veulent remettre à zéro tous les efforts déjà consentis dans le processus électoral ».

Dans son appel à manifester le 25 février, le CLC invite le peuple congolais « à poursuivre la marche jusqu’à la victoire finale ». Et ce pour la simple raison que les dirigeants actuels ont suffisamment démontré « leur manque de volonté politique d’assurer une alternance pacifique du pouvoir ».

 

B.A.W.
© Congoindépendant 2003-2018

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