Mbungani: « Il n’a jamais été question d’une alliance entre le MLC et la MP »

Acquitté le vendredi 8 juin dernier par la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI), libéré à titre provisoire le mardi 12, Jean-Pierre Bemba Gombo se trouve depuis le vendredi 15 juin en sa résidence bruxelloise. Entouré de son épouse et de ses enfants, le Président du MLC se mure dans un silence assourdissant en attendant l’examen en appel, le 4 juillet, de l’affaire dite « Bemba II » relative à la subornation de témoins. En attendant, des « informations » parcellaires fusent au sujet des prétendues « tractations » qui auraient lieu entre le « Chairman » et le président hors mandat « Joseph Kabila ». Pour y voir un peu clair, notre journal a approché Jean-Jacques Mbungani Mbanda, secrétaire national aux Relations extérieures du MLC. Entretien.

Depuis sa « libération provisoire », l’ancien vice-président de la République Jean-Pierre Bemba Gombo observe un « devoir de silence » conformément aux conditions édictées par la CPI. Son équipe de défense lui a déconseillé de commenter l’affaire en cours dite de « subornation de témoins ».

Tout en se disant « serein » pour l’audience prévue le 4 juillet, Jean-Jacques Mbungani pense que « le temps viendra où le président du MLC pourra s’exprimer et rencontrer diverses personnes dont des militants et des cadres » de son parti. En attendant, le « Chairman » a retrouvé la chaleur familiale. « Il se porte très bien ».

On imagine que la procureure Fatou Bensouda est à l’affût du moindre « écart de langage » de la part de l’ex-pensionnaire de la prison de Scheveningen pour trouver du « grain à moudre » lors de la prochaine audience.

Ancien procureur et ministre de la Justice sous le régime du dictateur gambien Yahya Jammeh, Bensouda ne veut pas en démordre. En dépit de l’acquittement prononcé le 8 juin, elle estime qu’ « il est clair que des crimes graves ont été commis en République centrafricaine par les forces de M. Bemba ». Dans son entendement, le contingent du MLC était l’unique groupe armé déployé sur le terrain.

Comme pour enfoncer le clou planté par Bensouda, le journaliste François Soudan s’est livré à une sorte de réquisitoire à l’encontre de Bemba dans l’édition n°2997 de Jeune Afrique, datée du 17 juin 2018. « Jean-Pierre » y est dépeint sous son plus mauvais jour: « le petit Mobutu que la violence n’effrayait pas », « charismatique, brutal, incontrôlable, sanguin, autoritaire, démagogue, vénal ».

Après avoir regretté toutes ces « épithètes assez dures », Mbungani fait remarquer que cet édito « ne reflète nullement la réalité ». Pour lui, on semble oublier que Jean-Pierre Bemba a contribué à l’avènement du régime de « Transition 1+4 » ayant abouti à l’instauration des cycles électoraux tous les cinq ans dans notre pays.

« PAS D’ALLIANCE ENTRE LE MLC ET LA MAJORITÉ »

D’après lui, ceux qui accolent ces épithètes à Jean-Pierre Bemba devraient commencer par approcher l’homme pour constater « qu’il est pour la construction d’un Congo meilleur ».

En attendant que le président du MLC exerce à nouveau le ministère de la parole, l’heure est aux cancans.

Certains adeptes du « complotisme » suspectent certains milieux occidentaux d’avoir pesé de tout leur poids pour l’acquittement de Bemba. C’est un Mbungani exaspéré qui lance: « Non! Non! Non! La Cour pénale est indépendante dans le rendu de sa décision. En première instance, Jean-Pierre Bemba a été condamné à 18 ans. Son équipe de défense a renversé les thèses de l’accusation d’où l’acquittement ». Pour lui, il importe de féliciter la Cour « qui a dit le droit correctement ».

Dans le même registre, une certaine opinion suspecte l’existence des « tractations secrètes » entre Bemba et « Kabila ». Cette dernière tient pour « preuve » l’annonce faite par le ministre congolais des Affaires étrangères de la disponibilité de ses services à délivrer un passeport diplomatique au président du MLC. Mbungani s’est empressé de balayer du revers de main l’idée d’un quelconque « marchandage »: « Point n’est besoin de rappeler que Jean-Pierre Bemba a été vice-président de la République. Il est sénateur. Il est tout à fait régulier et normal que les autorités de notre pays lui accorder un document lui permettant d’aller et venir à travers le monde ».

L’ancien consul général à Anvers d’insister sur l’appartenance du MLC à l’opposition: « Le MLC est une de grandes forces politiques de l’opposition. Il n’a jamais été question d’une alliance avec la majorité ». Bemba a-t-il été reçu par l’ambassadeur d’Angola à Bruxelles? « Ce sont des rumeurs. C’est totalement faux. J’en profite pour démentir de manière la plus formelle une telle démarche. Le Président de mon parti ne s’est jamais rendu à l’ambassade d’Angola ».

 

Baudouin Amba Wetshi

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