Mike Mukebayi: « Le métier de journaliste permet de s’engager pour une cause! »

Du 15 au 17 août, des acteurs de la Société civile congolaise ont été réunis à Chantilly, dans la région parisienne. Et ce sur invitation de l’ONG « IDGPA » (Institut pour la Démocratie, la Gouvernance, la Paix et le Développement en Afrique). Durant trois jours, ils ont débattu sur le thème: « Mobilisation citoyenne pour le retour à l’ordre constitutionnel en RD Congo ».

« Journalistes engagés » venus de Kinshasa, Mike Mukebayi, Eliezer Ntambwe et Daniel Safu faisaient partie des participants. « Mike » a été le premier à répondre aux questions de Congo Indépendant. « Je me suis engagé pour la cause de mon peuple, dit-il en liminaire. Un peuple martyrisé et paupérisé. En tant qu’intellectuel, je ne peux pas rester indifférent ». Interview.

A vous voir, on est tenté de vous insérer plutôt dans la « classe moyenne ». Quel est l’élément déclencheur qui a motivé votre « engagement »?

Mes parents étaient très modestes. Je suis né à Kinshasa où j’y ai grandi. Chaque matin, ma mère devait porter une bassine remplie de pains. C’est ce tout petit commerce qui m’a permis d’aller à l’école. A l’université, j’ai trouvé des auditoires d’une capacité de 100 ou 150 places accueillir un millier d’étudiants. Après mon entrée dans la vie professionnelle, j’étais indigné et révolté de constater que les gens souffraient davantage que ce que j’avais connu. Je me suis dit: « Si je ne me bats pas, qui d’autre le ferait? Ceux qui doivent se battre pour le changement au Congo ne tomberont pas du ciel. Il ne pourrait s’agir que des Congolais qui ont vécu et partagent le sort de la population congolaise ».

Votre passage à la prison de Makala a-t-il joué un rôle dans ce « militantisme »?

Non! Mon passage en prison a plutôt affermi mes convictions. Les tyrans ne comprennent pas ce qui se passe quand ils font souffrir les gens. En fait, lorsqu’on fait souffrir une personne déterminée dans sa chair et dans son âme, cette dernière se dit: « Puisque j’ai souffert, je dois aller jusqu’au bout ». Mon passage à Makala a beaucoup contribué – non pas à me radicaliser – à la consolidation de mes convictions. A savoir que ce combat pour la justice et la vérité est un combat juste. Et qu’il faut que j’aille jusqu’au bout. Il est vrai que toute la souffrante que j’ai endurée, durant cet emprisonnement, ne pourrait avoir un sens qu’à l’aboutissement de ce combat

Qu’attendez-vous de cette rencontre entre acteurs de la Société civile?

J’attends beaucoup de cette rencontre. Le plus important sera ce qui en sortira d’ici comme résolutions. J’ai remarqué que les organisateurs ont pris toutes les dispositions pour la mise en œuvre de ces recommandations pour que nous puissions, demain, faire descendre dans la rue 100 à 200.000 Congolais – et pourquoi pas un million? – pour faire partir Kabila.

 

Propos recueillis à Chantilly par Baudouin Amba Wetshi

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