Mukuna libéré: Échec à une cabale politico-judiciaire

Evangéliste de l’église « ACK » (Assemblée chrétienne de Kinshasa), président du football club « Renaissance », Pascal Mukuna hume à nouveau l’air frais. Et ce après 92 jours de « détention préventive » à la prison centrale de Makala. La justice a triomphé face une accusation incapable d’administrer la matérialité des infractions de « viol » et de « menace de mort » mises à la charge de l’ « homme de Dieu », comme disent les Kinois. C’est une nouvelle rassurante pour tous ceux qui désespéraient de la justice de leur pays. Tout n’est pas encore parfait. « Le plus long voyage commence toujours par un premier pas », dit un adage chinois.

La foule venue mardi 25 août « accueillir » Pascal Mukuna à sa sortie de la prison de Makala

C’est une foule immense qui a « accueilli », mardi 25 août, l’évangéliste Pascal Mukuna à sa sortie de la prison centrale de Makala. Des témoins ont dénombré des fidèles de l’ACK et des supporters de l’équipe « Renaissance ». Des pasteurs des églises de réveil étaient également présents. A côté de la prédication de l’Evangile, Mukuna préside le mouvement « Eveil patriotique ». Il est devenu, de ce fait, plus qu’un activiste politique. De l’avis général, c’est bien cette dernière activité qui lui a valu l’embastillement

Selon des informations parcellaires, le ministère public aurait interjeté appel contre le jugement rendu. C’est classique! La mouvance kabiliste n’a sans doute pas encore dit son dernier mot. Avant cette « annonce », on apprenait que la dame Mamie Tshibola suspecterait le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe de « partialité ». La réponse du berger à la bergère? On le sait, Mukuna avait mis en doute l’impartialité du tribunal de grande instance de Kalamu ditigé par le juge Kibonge Kinene. C’est ainsi que l’affaire a fut renvoyée à Kinshasa/Gombe.

Dans nos précédents « papiers », nous n’avons cessé de souligner que la vie privée de Mukuna Pascal nous indiffère. Qui sommes-nous pour juger? Un journaliste n’a pas une vocation moralisatrice. La déontologie oblige ceux qui ont choisi ce métier « à respecter la vie privée des personnes ». Il va sans dire que ce qui intéresse notre média – et pourquoi pas la grande majorité des Congolais? – c’est le message véhiculé par cet homme courageux dans le cadre de l’Eveil patriotique.

A l’instar d’autres pasteurs d’églises de réveil, l’évêque Mukuna a eu à « flirter » avec le régime kabiliste. C’est son droit. « Kabila nous avait donné à manger », ne cesse de répéter Denis Lessie dans ses sorties médiatiques aux allures de strip-tease.

Cérémonie d’investiture de Felix Tshisekedi à la tête de l’Etat

Mukuna, lui, pense qu’il n’y a que les… qui ne changent pas d’avis. Au lendemain de l’investiture de Felix Tshisekedi Tshilombo à la tête de l’Etat, le prédicateur de l’ACK a changé son fusil d’épaule en prenant ses distances par rapport à l’ex-raïs. Réalisme? Opportunisme? Les deux?

« KABILA » A MIS LE CONGO-KINSHASA À GENOUX

Pour Mukuna, l’heure est venue d’accompagner le nouveau chef de l’Etat dans la mise en oeuvre de ses réformes. « Le président Felix est bloqué », constate Mukuna plus d’une année après. L’homme de pointer un doigt accusateur en direction de l’ex-président « Joseph Kabila ». C’est la naissance du mouvement dit « Eveil patriotique ».

Il s’agit d’éveiller la conscience nationale sur les méfaits commis durant les dix-huit années du pouvoir kabiliste: déstructuration du tissu économique, assassinats maquillés en crimes crapuleux, disparitions forcées, pillages des ressources minières, corruption, insécurité, violations des droits et libertés etc. « Joseph Kabila a reçu mission de mettre le Congo-Kinshasa à genoux », assénait Mukuna au cours de ses harangues et autres interventions dans les média kinois.

Le vendredi 8 mai 2020, le pasteur se rend au parquet général près la Cour constitutionnelle. Accompagné notamment de l’avocat Jean-Claude Katende, vice-président de ce mouvement, il dépose une « dénonciation » s’articulant sur dix « transgressions » de la loi imputables à l’appareil d’Etat sous l’ex-raïs.

Quarante-huit auparavant, une sextape a commencé à circuler sur les réseaux sociaux. On y voit un couple en plein ébats. L’homme ressemble à l’évêque Mukuna. La femme, elle, a le visage délibérément « camouflé ». Qui est cette dame?

Mamie Tshibola

L’on apprendra la plainte déposée contre Mukuna par une certaine Mamie Tshibola, l’ancienne compagne du défunt assistant du Pasteur. Les accusations sont gravissimes: viol et menaces de mort.

AVEU DE CABALE POLITICO-JUDICIAIRE

Dès l’annonce de la plainte de Tshibola, le ministre des Droits humains, Lite Asebea (Fcc), s’est cru en droit d’ « encourager » le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe à traiter cette affaire avec « diligence » et « impartialité ». Une usurpation implicite du « droit d’injonction positive » reconnu au ministre de la Justice. Moins hypocrite, la ministre Nene Ilunga Nkulu a demandé aux autorités judiciaires de « sanctionner » Mukuna « de manière sévère conformément à la loi pénale ». Et ce pour avoir tenu des « propos injurieux et diffamatoires » contre « Kabila ».

Convoqué le mercredi 13 mai par l’avocat général Samy Bunduki Baombolia, Mukuna est envoyé, après audition et confrontation, au cachot du parquet. Et sous le fallacieux prétexte qu’un médecin légiste devait venir examiner son anatomie afin de confronter les dires de la plaignante. Le lendemain matin, Mukuna est transféré à la prison de Makala.

C’est ici que le « clan Kabila » passa aux aveux par la « bouche » de Barnabé Kikaya bin Karubi. Dans un tweet posté sur son compte Twitter, l’ancien conseiller diplomatique de « Kabila » commença par traiter le leader de l’éveil patriotique de « petite grenouille » avant d’ajouter qu’ « ils vont le châtier très fort ». Et de conclure que le passage à la prison de Makala n’est qu’un « avant-goût ».

Lite Asebea, Nene Ilunga et Kikaya bien Karubi venaient de passer aux aveux. A savoir que l’affaire Mamie Tshibola contre Pascal Mukuna est en réalité un procès « Kabila » versus Mukuna. On se trouve face à une cabale politico-judiciaire. La dame Tshibola a été instrumentalisée par Emmanuel Ramazani Shadary, le secrétaire permanent du Pprd, dixit Denise Dussauchoy Mukendi.

Ingénue, Tshibola qui avoue avoir eu quatre rapports sexuels avec Mukuna, à des dates non-précisées, ne cesse de clamer: « Je gagne quoi en accusant faussement l’évêque? ». Traduction en lingala: « Nakokosa makambu contre évêque po nazua nini? » Comment peut-on être violée par quatre fois à des dates différentes par la même personne? Comment peut-on réalisé l’enregistrement sur vidéo d’un « viol » dont on est la victime? Ces questions n’ont pas manqué d’être au centre des délibérations des juges.

Contrairement à la journée du 13 mai dernier, on peut gager que le champagne n’a pas coulé à flots, mardi 25 août, à la ferme de Kingakati. « Kabila » et les « pieds nickelés » de sa « garde rapprochée » ont le plus grand mal à digérer l’échec que la Justice vient d’infliger à leur cabale politico-judiciaire.

Le duo Mukuna et Katende seraient mal inspiré d’afficher un triomphe immodeste et de baisser la garde…

 

Baudouin Amba Wetshi

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