Nouveau code minier en RDC: la Gécamines et Glencore à couteaux tirés

Alors que le gouvernement congolais s’apprête à lancer son nouveau code minier, rien ne va plus entre le président de la Gécamines, la société d’État qui exploite le cuivre et le cobalt de la RDC, et le directeur général de Glencore, son partenaire suisse pour les mines de Kamoto et de Mutanda.

Leur présence simultanée à l’événement Mining Indaba, organisé du 5 au 8 février, n’y a rien fait. Albert Yuma est resté sourd aux demandes d’entretien des représentants de Glencore. Pour le patron de la Gécamines, bras armé de Kinshasa dans le secteur minier, également président de la Fédération des entreprises du Congo, il est trop tard pour se réconcilier avec Ivan Glasenberg, patron du géant suisse Glencore, opérateur des mines de Kamoto et de Mutanda.

Alors qu’un nouveau code minier imposant une hausse des taxes et des royalties devrait bientôt être promulgué par le président Kabila, Yuma veut en plus revoir tous les partenariats noués autour des projets dans lesquels la Gécamines est minoritaire. « Nous avons apporté à nos 17 partenaires des réserves de 32 millions de t de cuivre et de 3 millions de tonnes de cobalt. Mais sur les 2,6 milliards de dollars de revenus engrangés par ces compagnies en 2016, seuls 88 millions de dollars (83 millions d’euros) sont allés à la Gécamines, ce n’est pas acceptable! », a-t-il martelé.

RENÉGOCIATION

Et Glencore, accusé d’optimisation fiscale indue et d’imprécision dans ses déclarations de production, est clairement dans son collimateur. En décembre 2017, Ivan Glasenberg s’était rendu à Kinshasa pour rencontrer le chef de l’État et tenter d’éteindre l’incendie que constitue à ses yeux le nouveau code minier. Mais la démarche du patron Sud-africain a plutôt eu pour effet d’en attiser les braises. La renégociation voulue par la Gécamines devrait débuter en avril, et Yuma entend imposer l’obtention de l’approbation de la Gécamines pour toute décision stratégique.

Dans son combat contre le Goliath du négoce, Yuma pourra s’appuyer sur la hausse des cours du cobalt, nécessaire à la fabrication des batteries automobiles, pour trouver d’autres partenaires. Reste que Glencore, impliqué dans un tiers des ventes de ce minerai dans le monde, a la haute main sur ce marché. Vu la situation politique à Kinshasa, pas sûr que les constructeurs automobiles choisissent d’acheter du cobalt à la Gécamines, plutôt qu’à un négociant comme Glencore.

 

Par Christophe Le BecKhadija, in Jeune Afrique, 16.02.18
© Congoindépendant 2003-2018

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