Okeke: « Honoré Ngbanda ne travaillera jamais avec un gouvernement d’occupation »

Depuis plusieurs semaines, des informations fragmentaires font état du « retour imminent » au pays du président de l’Apareco (Alliance des patriotes pour la refondation du Congo), Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba. Ancien conseiller spécial du président Mobutu en matière de Sécurité, l’homme dirige depuis 2005 un mouvement qui se réclame de la « résistance » face aux « régimes d’occupation » à la tête de l’ex-Zaïre depuis le 17 mai 1997 à ce jour. L’édition en ligne du magazine « Jeune Afrique » avait même donné la date de ce retour: le 30 juin, date de la proclamation de l’indépendance. « Fake news », répliquait Candide Okeke, vice-présidente de l’Apareco en charge de la Communication (le Président est assisté de quatre adjoints), dans un communiqué daté 21 mai dernier. Les « rumeurs », elles, continuent de plus belle. Les démentis aussi…

« Honoré Ngbanda arrive à Kinshasa le 30 juin prochain ». C’est l’information transmise, dimanche 25 mai, à notre journal en ligne. La source est plutôt crédible. Il s’agit d’un fonctionnaire proche des « services ». Notre interlocutrice se veut formelle: « Les services laissent entendre que Terminator[Entendez: Honoré Ngbanda]a pris contact avec le pouvoir en place par l’entremise du président Faure Gnassingbe du Togo ».

Pour démêler le vrai du faux, l’auteur de ces lignes a contacté, par écrit, Candide Okeke qui assume également les fonctions de directrice de cabinet du Président de l’Apareco. Cette dernière a réagi lundi par un coup de fil. Elle réfute « en bloc » ces allégations: « La vérité est que Felix Tshisekedi a tenté, via plusieurs canaux, de convaincre le président Ngbanda de rentrer au pays pour travailler avec lui ».

Conseiller spécial François Beya

A en croire « Candide », le conseiller spécial François Beya « avait contacté » Ngbanda en restant évasif. Les deux hommes auraient eu une conversation téléphonique. Il y aurait même été question d’une rencontre à organiser dans un pays étranger. La proposition émanerait de Beya.

Le président de l’Apareco aurait-il sollicité l’obtention d’un passeport au cours de cet entretien? Okeke se dit « surprise » d’entendre parler de cette histoire de demande de passeport: « A aucun moment, le président de l’Apareco n’a sollicité l’obtention d’un passeport. D’ailleurs, Beya n’en a guère parlé ».

Candide de poursuivre: « Honoré Ngbanda ne travaillera jamais avec un gouvernement d’occupation. Depuis vingt-deux ans, il est resté constant par rapport à ses convictions en se démarquant de cette classe politique congolaise prête à changer de camp moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes ».

« FAKE NEWS »

Dans son édition en ligne datée du 21 mai, le magazine « Jeune Afrique » a été le premier média à sonner le tocsin en annonçant le retour de Ngbanda sous la forme interrogative:  » Honoré Ngbanda, l’ex-chef des renseignements de Mobutu, bientôt de retour? »

Dans un communiqué publié le même jour, sous la plume de Candide Okeke, l’Apareco qualifia cette « information » de « Fake news » en soulignant, au passage, « que malgré les nombreuses tentatives du régime fantoche d’occupation et de prédation au pouvoir à Kinshasa, aucune discussion n’a jamais eu lieu » dans ce sens entre les délégués de Kinshasa et ceux de ce mouvement.

Ledit communiqué révèle en revanche que le conseiller spécial Beya avait exprimé le souhait de rencontrer Ngbanda Nzambo dans le pays de son choix. A l’Apareco, on flaire un piège. « Si donc le contact téléphonique sollicité par François Beya avait plutôt pour but de piéger Honoré Ngbanda, (…), dans l’unique but de torpiller le combat de la Résistance en diffusant des fausses nouvelles annonçant son retour au pays, alors les conspirateurs ont manqué leur cible! », conclut le texte.

« LE RÉGIME EN PLACE DOIT PARTIR »

Candide Okeke se dit prête à diffuser l’élément audio de cette conversation téléphonique que Ngbanda aurait eue le 15 mai dernier avec Beya. Pour elle, le pouvoir tente de jeter le trouble dans l’esprit de ceux qui lui résistent. « Le leader de l’Apareco n’a pas changé. Il est clair: le régime-là doit partir », conclut-elle.

Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba

Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba

Adulé par certains, abominé par d’autres, Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, 73 ans, ne laisse personne indifférent. Officier de renseignements, il a servi dans la diplomatie (Premier conseiller à Bruxelles et ambassadeur en Israël), avant de diriger les « services » de 1985 à 1990.

Après le discours du président Mobutu du 24 avril 1990 restaurant le pluralisme politique, « Honoré » fait son entrée dans le gouvernement à la tête du ministère de la Défense nationale. En 1992, il est nommé conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de Sécurité. Et ce jusqu’à la « prise du pouvoir » le 17 mai 1997 par Laurent-Désiré Kabila, chaperonné par des troupes venues principalement de l’Ouganda et du Rwanda.

Au moment où Mzee Kabila s’autoproclamait président de la République, l’ex-conseiller spécial se trouvait déjà sur le chemin de l’exil à Lomé au Togo. C’était à l’époque de Gnassingbe Eyadema. Des sources assurent que l’homme continue à entretenir des « relations chaleureuses » avec le président Faure Gnassingbe. « Celui-ci lui a même offert l’hospitalité », entend-on dire.

Ancien patron des « services », Ngbanda a bien connu l’actuel chef de l’Etat ougandais à l’époque où celui-ci n’était qu’un chef de guérilla.

Président de l’Apareco qui a vu le jour en 2005, le « frère Honoré », comme l’appellent certains de ses proches, se présente comme le leader d’un « mouvement de résistance ». L’homme n’a jamais cessé de décrire les régimes de Kabila père et « fils » comme des « pouvoirs d’occupation ». Ses détracteurs lui reprochent de limiter son « combat » à des « causeries de conscientisation » ainsi qu’à des « dénonciations ». « Ngbanda excelle dans l’art de diagnostiquer le mal », clament les plus cruels.

Pour Candide Okeke, Honoré Ngbanda « n’a pas changé ». Sa lecture de la situation au Congo-Kinshasa, mêmement. Selon elle, il n’y a pas d’ambiguïtés: « le régime en place doit partir ». Comment? Toute la question est là!

 

Baudouin Amba Wetshi

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