Présidentielle du 23/12: Des « notables katangais » saluent (enfin) la désignation de Shadary comme « dauphin »

Democratic Republic of Congo President Joseph Kabila. His stubborn refusal to leave office has fuelled anger and frustration. FILE | NATION MEDIA GROUP

Près de dix jours après l’annonce de la désignation d’Emmanuel Ramazani Shadary comme « dauphin » du « raïs » et candidat du FCC (Front commun pour le Congo) à l’élection présidentielle du 23 décembre prochain, des « notables katangais » se réveillent enfin. Ils ont pris leur plus belle plume pour déclamer, sans doute forcés, « tout le bien » qu’ils pensent du choix porté par « Joseph Kabila »sur la personne d’un non-natif du pays « Lubakat ». Un choix qui aurait effet de fragiliser le pacte non écrit qui liait jusqu’ici le successeur de Mzee à la communauté luba du Katanga réunie au sein de l’ « association socio-culturelle Buluba-I-Bukata ». C’est cette communauté qui a conféré à « Joseph » le « statut » de « Mulubakat à 100% », dixit le Grand Chef Kasongo Nyembo. En contrepartie, le pouvoir d’Etat devait rester au « Grand Katanga ». Selon un analyste, le « raïs » serait plus que jamais un « homme seul ». Il ferait face à une « solitude  du pouvoir » sans précédent.  

« Ce sont des flagorneurs. Des personnalités qui n’ont aucune assise sociale et ne représentent qu’elles-mêmes ». C’est la réaction que l’auteur de ces lignes a pu recueillir dimanche soir auprès de plusieurs observateurs avertis du landernau politique congolais.

Dans une déclaration à la presse datée du 17 août, des personnalités se réclamant des « communautés de base de l’espace katangais » qualifient le choix porté par « Joseph Kabila » sur la personne d’Emmanuel Ramazani Shadary d’ « exceptionnel ». « Cette décision largement appréciée et soutenue par les communautés de base de l’espace katangais (…) permet pour la toute première fois à la nation congolaise d’expérimenter l’une des vertus de la démocratie qui est la succession pacifique à la tête de l’Etat », peut-on lire.

Les signataires « saluent », dans la foulée, la décision prise par « Kabila » « de respecter la Constitution » et soutiennent « son choix » sur la personne de l’actuel secrétaire permanent du PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) comme « notre candidat » à l’élection présidentielle. Joignant la parole aux actes, ils invitent la « nation congolaise » à suivre leur exemple et à prendre part au vote.

Qui sont ces « notables »? Suivant l’ordre alphabétique, on peut citer: Chikez Diemu (ancien vice-gouverneur du Katanga), Félix Kabange Numbi (ministre des Affaires foncières), Martin Kabwelulu Labilo (ministre des Mines), Aimé Kilolo-Musamba (ex-avocat du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo), Jean-Claude Masangu Mulongo (ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, BCC) Célestin Mbuyu Kabango (ancien gouverneur du Haut Lomami), Jean Mbuyu Luyongola (conseiller spécial en matière de Sécurité), Théodore Mugalu ya Mahungu (chef de la Maison civile), Aimé Ngoy Mukena (ministre des Hydrocarbures) Henri Yav Mulang (ministre des Finances), Albert Yuma Mulimbi (PCA de la Gécamines et président du patronat congolais).

« LA SOLITUDE DU POUVOIR »

Martin Kabwelulu Labilo

Il n’est pas sans intérêt de s’attarder sur quelques noms qui précèdent. Primo: Martin Kabwelulu Labilo. Membre du Parti lumumbiste unifié (Palu), l’homme est à la tête du ministre des Mines depuis 2007 à ce jour. Il est sans doute le dépositaire des secrets sur le pillage du patrimoine minier congolais par le « clan Kabila » et son prête-nom Dan Gertler. Secundo: Jean-Claude Masangu. Ancien gouverneur de la BCC. Celui-ci a liquidé le patrimoine immobilier de la Banque nationale du Congo aux quatre coins du pays à son profit et à celui de certains dignitaires du régime. Le produit de « vente » a été déposé dans des comptes en Suisse. Tertio: Théodore Mugalu. Prédicateur de son état, cet homme très proche de Marie-Olive Lembe di Sita, épouse « Kabila », a été un des chantres de la campagne en faveur du « changement » de Constitution. Et ce sous le fallacieux prétexte que la Loi fondamentale en vigueur ne fait pas assez mention de Dieu. Il est assez surprenant de retrouver le même individu parmi ceux qui « saluent la décision de Kabila de respecter la Constitution ». Quarto: Albert Yuma. C’est le gérant des « affaires » financières du « raïs » en général et de la fratrie en particulier. Il a mis la Gécamines à genoux et lorgne depuis quelques temps sur l’important patrimoine immobilier de cette société d’Etat.

On le voit, à quelques rares exceptions près, les signataires du communiqué précité traînent derrière eux la redoutable réputation de « profiteurs » du système de prédation mis en place par le successeur de Mzee. L’alternance annoncée les fait tressauter.

Coïncidence ou pas, le président du comité kinois de l’association socio-culturelle « Buluba-I-Bukata », le sénateur Kiluba Longo Justin, a choisi le même vendredi 17 août pour « féliciter » le « raïs » d’avoir « tenu la promesse faite à la nation de respecter la Constitution ». Kiluba qualifie Ramazani Shadary de « bon choix ».

Un observateur d’asséner: « Depuis qu’il a porté son choix sur Shadary sans le moindre débat au sein du FCC, le raïs fait face à une solitude du pouvoir sans précédent. Il est obligé de quémander le soutien de quelques inconditionnels originaires du Katanga. En réalité, le dauphin choisi passe mal tant dans le FCC que dans les milieux luba du Katanga sans lesquels Joseph Kabila aurait bien eu du mal à succéder à Mzee… »

 

Baudouin Amba Wetshi

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