Questions directes à Béatrice Léonard-Lomami

« Qu’on parle de moi en bien ou en mal, pourvu qu’on parle de moi ». Le N-VA Théo Francken, le tout nouveau secrétaire d’Etat belge à l’Asile et Migration, doit sans doute connaître cette citation. Un mois après l’entrée en fonction du gouvernement fédéral dirigé par le Premier ministre Charles Michel, ce politicien flamand est devenu « célèbre » dans la communauté congolaise de Belgique. En cause, une petite phrase ironique – prononcée avant son entrée au gouvernement – mettant en doute notamment la « plus-value » que la diaspora congolaise apporte à la société belge. Au cours d’une conférence de presse organisée, mercredi 29 octobre, des Congolais vivant dans le Royaume ont organisé la « riposte » en clamant tout le mal qu’ils pensent de cette réflexion.

Docteur en médecine de la KUL (Université catholique de Leuven), spécialiste en pathologie et master en économie de la santé, Béatrice Léonard-Lomami a fait sensation en s’adressant à l’assistance en néerlandais. La rédaction de Congo Indépendant a voulu connaître la motivation de ce choix. Notons que Francken soutient que ses propos ont été sortis de leur contexte et souhaiterait même engager un « dialogue » avec des ex-Zaïrois. Ceux-ci se tâtent. Entretien.

« Lomami », d’accord! Mais de qui tenez-vous le patronyme « Léonard »?

Je suis mère de quatre enfants dont le père est un Belge néerlandophone. D’où le nom « Léonard ».

Pourquoi avez-vous préféré vous adresser à l’assistance en néerlandais plutôt qu’en français?

Je vis en Flandre précisément à Oud-Heverlée. Je me considère comme une Néerlandophone. Voilà pourquoi, j’estime que la communauté congolaise a parfaitement le droit de réagir aux paroles inacceptables prononcées par un citoyen à l’égard d’un autre. Les déclarations de ce membre du gouvernement belge sont discriminatoires et racistes.

Si le secrétaire d’Etat Théo Francken était en face de vous, que pourriez-vous lui dire?

Je lui remettrais une brochure intitulée « La contribution du Congo à la Belgique expliquée à un enfant de huit ans… ». C’est un « ouvrage » à distribuer dans les écoles du Royaume pour permettre à la jeunesse du pays de connaître l’histoire commune entre les pays.

Vous êtes membre d’une association dont l’objet est la promotion d’un « leadership responsable » au Congo-Kinshasa…

Effectivement. Comme vous le savez, le Objectifs du Millénaire ont été lancés en 2000 par les Etats membres des Nations Unies. Ces objectifs sont au nombre de huit. Je peux citer notamment: assurer l’éducation primaire à tous; réduire l’extrême pauvreté et la faim; réduire la mortalité infantile; améliorer la santé maternelle; combattre le VIH/SIDA, le paludisme et autres maladies; assurer un environnement humain durable etc. Nous sommes à une année du bilan.

Quels sont, selon vous, les objectifs réalisés par le Congo-Kinshasa?

Tous les rapports indiquent que le Congo-Kinshasa n’a atteint aucun des buts fixés. C’est la gestion de l’Etat qui est en cause. Notre pays se trouve au « Top 3 » du hit parade des « Etats faillis ». Il est inadmissible, en plein XXIème siècle, de voir des Congolais vivre dans des huttes et qu’à peine 5% de la population ont accès à l’eau courante.

Que faire?

Il est temps qu' »on » laisse les Congolais élire les dirigeants de leur choix sans interférence extérieure. Le monde extérieur doit, en revanche, condamner les élections frauduleuses.

Revenons à ce qu’il faut désormais appeler « Affaire Théo Francken »…

Je ne peux que déplorer le silence de l’ambassade de la RDC à Bruxelles autant que celui des autorités diplomatiques à Kinshasa.

 

Propos recueillis par Baudouin Amba Wetshi

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