Spéculations autour de la santé de Léon Kengo wa Dondo

Mardi 18 et mercredi 19 juin, la rédaction de Congo Indépendant a reçu plusieurs appels téléphoniques au contenu identique: « J’ai appris le décès de M. Kengo à Bruxelles. Pouvez-vous me le confirmer? » Pour ceux qui ne le savent pas, l’auteur de ces lignes a été l’assistant privé de l’ex-Premier ministre de 1999 à 2006 à Bruxelles. La collaboration a pris fin lorsque ce dernier s’est rendu à l’Equateur afin de battre campagne pour les sénatoriales. (La photo qui illustre cet article a été prise le 29 septembre 2010 dans une chambre de l’hôtel Bristol à Paris).

AGRESSION À LA GARE DU NORD À PARIS

Depuis son agression survenue fin décembre 2011 à la Gare du Nord à Paris, Léon Kengo wa Dondo avait perdu sa « prestance » légendaire. Ses jambes le soutenaient de moins en moins. « Les coups qui m’ont été assénés à la tête m’ont laissé un hématome au niveau du cerveau. C’est bien ce phénomène qui perturbe la synchronisation au niveau de mes jambes », confiait-il, en février 2011, à l’auteur de ces lignes.

En octobre 2018, Kengo avait passé plusieurs jours « en observation » à l’hôpital universitaire « Erasme » où il était suivi régulièrement par des spécialistes belges.

Depuis mi-avril dernier, l’ancien Président du Sénat séjournait à Bruxelles. Au cours de la même période, il est allé déjeuner à son restaurant favori situé à l’entrée du Bois de la Cambre. L’homme est apparu lucide mais un peu fatigué.

Né le 22 mai 1935, « Léon », comme l’appellent affectueusement ses amis et proches, avait envoyé, via SMS, un « Merci » télégraphique, comme à son habitude, à tous ceux qui lui avaient souhaité un « joyeux anniversaire » le 22 mai. 

Mardi 18 juin dans la soirée, la fameuse « nouvelle » est tombée: « L’ancien président du Sénat Léon Kengo est décédé à Bruxelles où il a été évacué après une chute ». Mercredi, les interlocuteurs ne s’exprimaient plus que sous la forme interrogative.

Après vérification, on apprenait que l’ancien « Premier » « est hospitalisé. Il doit subir une intervention chirurgicale ». Cette intervention chirurgicale devait intervenir le mercredi 19 juin.

Dans son édition en ligne datée de jeudi 20 juin, « La Libre Belgique » écrit: « Léon Kengo wa Dondo est arrivé mercredi à Bruxelles pour être hospitalisé suite à une chute à Kinshasa en début de semaine.(…). L’ancien Premier ministre et Président du Sénat congolais a été opéré dans un hôpital bruxellois dès son arrivée ».

Tryphon Kin-Kiey Mulumba

Comme il est indiqué précédemment, Kengo se trouve dans la capitale belge depuis le mois d’avril. C’est-à-dire dès le lendemain de la passation de pouvoir avec le Président du bureau provisoire du Sénat Léon Mamboléo. Aucune source ne confirme l’hypothèse d’une « chute » accidentelle. La Libre d’ajouter que « Ce jeudi matin, les nouvelles de son état sont rassurantes (…) alors que certaines rumeurs venues de Kinshasa étaient nettement plus inquiétantes ».

Le même jeudi, les internautes pouvaient lire ces mots sur le mur de Facebook d’un certain Faustin Kalenga: « Léon Kengo wa Dondo ancien président du sénat (…) serait mort à 6h30 dans un hôpital à Bruxelles ». Kalenga ne cite aucune source.

Dans un « tweet », sans nuances, daté du même jour, l’ancien professeur en journalisme et ministre Tryphon Kin-Kiey Mulumba, alias « KKM », de déclamer: « L’ancien président du Sénat Kengo wa Dondo a rendu l’âme ce jeudi 20 juin à Bruxelles ». KKM dit se référer à des « sources familiales ».

Beau-fils de l’ancien Président du sénat, le ministre Franck Mwe di Malila avait déjà, via un magazine parisien, fait estomper les spéculations dans l’après-midi de jeudi: « Il a subi une petite intervention, prévue de longue date, il va bien ».

Plusieurs heures plus tard, KKM va faire ce qui ressemble bien à un « rétropédalage » en citant cette fois une source connue. Il s’agit de Marie-Claire Kengo qui lui a confié ces mots depuis l’hôpital Erasme: « Il est rentré (en Belgique) pour des soins. Il a subi une toute petite intervention. Il marche, il mange. Dimanche, il quitte Erasme ».

« GOUVERNER LE CONGO-ZAIRE AU CENTRE » 

Léon Kengo wa Dondo dont le « parcours impressionnant » est bien connu (conseiller juridique à la Présidence de la République, procureur général près la cour d’appel de Kinshasa, procureur général de la République, président du Conseil judiciaire, ambassadeur à Bruxelles, plusieurs fois Premier ministre, ministre des Affaires, président de la Cour des comptes et président du Sénat) n’a pas que des amis.

Comme tous les êtres humains, Kengo n’est pas exempt de défauts. Personne ne pourra lui nier une qualité: la franchise. Le parler-vrai. L’ancien « Premier » n’a jamais fait mystère de ses soucis de santé. 

Abominé par certains, l’ancien Président du Sénat est adulé par d’autres. Nombreux sont encore des hommes et des femmes qui reconnaissent en lui l’homme d’Etat qui croyait et continue encore à croire « qu’on ne peut gouverner le Congo-Zaïre qu’au centre et non aux extrémités ». Une recommandation qu’il avait transmise, en vain, à Mzee LD Kabila. Celui-ci avait dépêché auprès de lui, en 2000, successivement le conseiller spécial Myra Ndjoku et son successeur Nono Lutula.

Kengo n’est sans doute pas immortel. Ce n’est pas la première fois que la « rue » annonce son « décès ». On ne peut que comprendre la réaction abrupte d’un de ses proches: « Combien de fois va-t-on le tuer? »

 

B.A.W.

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