Terrorisme d’Etat: « Kabila » fait vandaliser le siège d’un parti pro-Katumbi

Le duel « Kabila »-Katumbi prend chaque jour une tournure inquiétante qui ne rassure guère une population congolaise qui aspire à la paix, à la décrispation de l’environnement politique et surtout à un autre avenir. Vendredi 1er juin, le Tout-Lubumbashi était en émoi après l’attaque du siège du PND (Parti national pour la démocratie et le développement) dont le président national n’est autre que Salomon Kalonda Idi, le bras droit de l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi Chapwe. Les assaillants ont opéré dans la nuit de jeudi 31 mai à vendredi 1er juin. Cette agression porte apparemment une signature dans la mesure où « Joseph Kabila » se trouvait déjà à Lubumbashi au moment des faits. Il en est de même du ministre de l’Intérieur et de la… sécurité, le « professeur » Henri Mova Sakanyi.

« L’attaque a eu lieu vers une heure du matin ce vendredi 1er juin. Les agresseurs ont tiré à la mitrailleuse lourde. Je sais distinguer le type d’arme. Le plus inquiétant dans cette histoire est que cet acte qu’on peut qualifier de ‘terroriste’ ait pu avoir lieu alors que chef de l’Etat et son ministre de l’Intérieur séjournent dans la ville ». L’homme qui parle est un confrère kinois qui est en séjour familial dans la capitale du cuivre.

Selon certains témoins, l’agression serait l’œuvre des éléments de la garde prétorienne de « Joseph Kabila » pompeusement appelés « garde républicaine ». « Des militaires sont venus à bord de plusieurs véhicules de l’armée, accompagnés d’une dizaine de membres de la ligue des jeunes du PPRD, les fameux bérets rouges », précise un Lushois. Celui-ci a naturellement requis l’anonymat. « Qu’en sera-t-il lors de la campagne électorale et du vote? », s’est-il interrogé.

Immeuble Hypnose

Certains détails de cette affaire laissent les observateurs pantois. D’abord, l’immeuble attaqué se trouve au centre de la ville. Ensuite, la cible choisie est située à un jet de pierre du siège du gouvernement provincial. Enfin, l’attaque a eu lieu quelques neuf heures après l’arrivée de « Kabila » à Lubumbashi. Le ministre de l’Intérieur Henri Mova Sakanyi se trouve dans la même ville. Autre détail: les agresseurs se sont acharnés particulièrement sur un poster géant de Katumbi qui ornait le portail d’entrée du bâtiment. Décidément, le « raïs » ne voudrait plus voir « Moïse ». Même pas en photo.

« TERRORISME D’ETAT »

Comble de paradoxe, Mova s’est entretenu, jeudi 31 mai, avec des représentants des communautés étrangères du Haut Katanga. A l’ordre du jour: la montée de la criminalité observée ces dernières semaines. Au cours de cette rencontre, les porte-paroles des allochtones se sont plaints de ce qu’ils appellent l’ « application asymétrique de la loi ». En clair, une justice aux ordres.

Pour la petite histoire, « Kabila » dont le dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016 séjourne au chef-lieu du Haut-Katanga en vue d’inaugurer « des bâtiments construits dans le cadre de la révolution de la modernité », souligne une dépêche de l’Agence congolaise de presse. Après Lubumbashi, le Président hors mandat est attendu à Kasumbalesa, à la frontière avec la Zambie, où il procédera à la pose de première pierre de la construction d’un « port sec ». Un réveil tardif qui dissimule mal de l’enfumage.

Immeuble du gouvernorat

Ce qui s’est passé dans la nuit de jeudi 31 mai et vendredi 1er juin à Lubumbashi porte un nom: « terrorisme d’Etat ». Ce cas est loin d’être le premier du genre. Le 20 septembre 2016, le siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avait été incendié par des sbires du régime finissant. L’enquête est toujours « en cours ».

Depuis l’accession de « Joseph Kabila » à la tête de l’Etat congolais la force publique (l’armée, la police nationale et les services de renseignements civils et militaires) est devenue une « milice » au service de l’oligarchie au pouvoir.

HAUTE TRAHISON

Depuis dix-sept ans, la force publique n’est plus au service de la nation. Elle est détournée de ses missions. A savoir: assurer la sécurité des personnes et des biens, maintenir l’ordre public et défendre l’intégrité du territoire nationale.
Des voix s’élèvent pour exiger une enquête sur l’attentat commis au siège du PND. C’est le cas notamment d’André Claudel Lubaya, président de l’Alliance des Mouvements du Kongo (AMK). Sera-t-il entendu? On peut franchement en douter dans ce pays où les magistrats debout et assis sont régentés par le « dircab » à la Présidence de la République, Néhémie Mwilanya Wilondja.

L’article 188 de la Constitution est sans équivoque :« Les Forces armées sont républicaines. Elles sont au service de la Nation toute entière. Nul ne peut, sous peine de haute trahison, les détourner à ses fins propres ». Tôt ou tard, ceux qui ont transformé le pouvoir politique en « bien » d’un « clan » auront à rendre compte.

Faudrait-il donner raison aux acteurs politiques autant qu’aux activistes de la société civile qui clament matin, midi et soir qu’il est chimérique d’espérer des élections libres, transparentes et apaisées tant que « Joseph Kabila » aura la haute main sur l’appareil d’Etat?

 

Baudouin Amba Wetshi

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