Transition Citoyenne sans Kabila voie du salut pour sortir le pays des ténèbres de l’anti-démocratie?

Mwamba Tshibangu

Mwamba Tshibangu

La RDC se prépare à vivre les échéances électorales qui sont déjà fixées. La question qui n’a pas pour l’instant des prix est celle-ci: faut-il vraiment y croire? Dans une situation normale ou, pour bien dire les choses, dans un pays normal, on ne se poserait pas ce type de questions. Par contre en RDC, dirigée par les « médiocres », se poser cette question fondamentale relève tout simplement du bon sens dans la mesure où l’on sait leur acharnement à poursuivre un agenda qui est en réalité un secret de polichinelle.

L’ENTÊTEMENT EN CHAÎNE

Il est un fait qui blesse et qui choque profondément: on ne pouvait jamais s’imaginer que l’entêtement d’un groupe de gens dépasserait toutes les limites. Kabila, président hors mandat, s’entête à ne pas déclarer ouvertement qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession. Nangaa, le président de la CENI, soutient mordicus qu’il y aura des élections le 23 décembre prochain, assorties de nombreuses contraintes, rendant la chose improbable. Shadary, le fidèle des fidèles, qui pilote maintenant le PPRD et l’ensemble de l’ex-majorité présidentielle, affirme tantôt une chose et demain le contraire de ce qu’il a soutenu, semant ainsi le doute sur la date réelle du scrutin.

L’ILLUSION D’UN CHANGEMENT FACE À UNE DÉTERMINATION AFFIRMÉE

Il est illusoire, devant la détermination clairement affirmée, en paroles et en actes par Kabila, de continuer à croire à sa bonne foi. Il est évident qu’il va multiplier les obstacles pour ne pas aller aux élections. Par ailleurs, étant dans la logique de l’affrontement avec le peuple et sachant pertinemment bien ce qui l’attend après toutes ses forfaitures, il a prospecté à plusieurs reprises, qu’il mourra d’une balle dans la tête. N’est-ce pas là une façon de dire non à une alternance pacifique du pouvoir?

Face à la triste réalité que la RDC connaît, où toutes les institutions à mandat électif sont illégitimes et illégales, l’on ne peut a priori confier l’organisation des élections aux gens qui n’en veulent pas du tout. Au cas où ils y seraient vraiment contraints, ils n’hésiteront pas à multiplier les abus pour se maintenir au pouvoir par fraude, ce qui ne va pas du tout résoudre la crise politique.

LA NEUTRALITÉ DE LA CENI MISE EN CAUSE

En dépit de ce brouillamini, une chose est certaine: les élections auront lieu un jour. Elles ne se tiendront probablement pas cette année en cours. Car, les organisateurs, en adéquation avec leur agenda déjà tracé, trouveront des astuces pour les recaler. Le scrutin qui se tiendra ne se fera pas sous les auspices de la CENI, avec Naanga, qui est un agent du glissement et moins encore avec Kabila, à la tête du pays. Le schéma le plus probable dans cet univers obscur qu’est la RDC est celui d’une Transition Citoyenne sans Kabila. Qu’on le veuille ou non, Kabila ne partira pas de lui-même sans qu’il n’y soit contraint. Il l’a déjà dit plusieurs fois, sous plusieurs formes, mais les gens ne veulent pas comprendre ou feignent de ne pas décoder son message.

En déployant toute une armée de mercenaires pour s’en prendre aux paisibles citoyens qui marchaient pour revendiquer l’application intégrale de l’Accord de la CENCO, il a clairement signifié sa volonté de ne pas se conformer audit Accord. Comme toute réponse, il a choisi de faire parler les armes. Il a choisi de terroriser par la force les manifestants afin de faire taire leur revendication. La tactique d’utiliser la force pour mater l’opposition et le peuple congolais n’a pas commencé aujourd’hui. Kabila a semé et continue à semer, selon ses calculs, des foyers de tension sur divers endroits du territoire congolais en vue de se maintenir au pouvoir.

CONFIER LA TRANSITION AUX PERSONNALITÉS NEUTRES: UNE BOUÉE DE SAUVETAGE

Ainsi, l’organisation du scrutin qui eut lieu le mois e novembre dernier pour l’élection des Administrateurs neutres de la Transition, n’ayant pas vocation à demeurer au pouvoir, apparaît objectivement parlant, la seule voie de salut susceptible d’amener véritablement le pays vers les élections libres, démocratiques et transparentes. Ce n’est pas le hasard qui a fait que le peuple ait jeté son dévolu sur des personnalités remarquables dont la moralité et la probité sont hors de doute. Ne parlons pas de leur compétence qui est avérée ou, si l’on préfère, qui est à vendre. Pour une fois au moins, le pays pourrait avoir à sa tête, même si c’est pour un temps fort limité, des gens dont les qualités intellectuelles et la compétence intrinsèque ont fait leur preuve. Dans cette phase délicate de tiraillement et des manœuvres de bas étage, le pays aura tout à gagner en se dotant des dirigeants éclairés pour remettre de l’ordre et relancer le pays vers le droit chemin. Ils auront pour seul souci de tirer le pays du fond des ténèbres où il se trouve, pour lui redonner un cadre normal de fonctionnement, une légitimité qui fait défaut actuellement et surtout l’espoir d’une renaissance sur des bases nouvelles et solides, fondement de la démocratie et de l’État de droit. La crédibilité des dirigeants de la Transition est un allié de taille pour redonner la confiance au peuple et restaurer la dignité humaine jadis bafouée par des dictatures en série. Quant aux politiciens de tous bords, ils trouveront leur compte dans la justice qui sera rétablie et bénéficieront de l’assurance ou de la garantie d’avoir les mêmes traitements, sans favoritisme et sans devoir à se heurter à un clientélisme décadent et paupérisant.

BÂTIR UN AUTRE CONGO EST TOUJOURS POSSIBLE

Compte tenu de ce qui précède, il apparaît indispensable d’orienter toutes les actions à venir dans l’optique de contrecarrer le régime d’occupation en place qui s’impose par la force. Sans cette réelle perspective de mettre en place une structure neutre, les dirigeants au pouvoir et tout leur club des kleptocrates chercheront opportunément à gagner du temps en imposant leurs règles et leurs hommes de paille pour que rien ne change, pour que le calvaire du peuple congolais ne puisse pas connaître de fin. À cet effet, il serait utile d’avoir un œil vigilant sur le chronogramme de la CENI. Il est et demeure un indicateur de premier plan pour déceler tout dérapage visant à saborder la tenue des élections.

Le choix ultime pour sauver le pays est entre les mains du souverain primaire. Il ne doit pas sombrer dans le doute ou dans l’incertitude d’un demain qui est difficile à envisager. Il a le pouvoir d’accélérer ou de retarder le départ de l‘imposteur en vue de bâtir un autre Congo. Un Congo nouveau qui répondrait aux aspirations les plus légitimes de la majorité du peuple congolais.

 

Par Mwamba Tshibangu
© Congoindépendant 2003-2018

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