Tshibala: « L’heure des conciliabules est révolue »

Près de 90 jours après sa nomination au poste de Premier ministre, Bruno Tshibala continue à savourer les délices de…l’imperium. L’ancien secrétaire adjoint de l’UDPS qui accusait « Joseph Kabila » d’avoir organisé un « hold-up électoral » en 2006 et 2011 « pour s’accrocher au pouvoir » est devenu méconnaissable. Selon lui, le successeur de Mzee a changé. Samedi 5 août, le « Premier » s’est fait enrôler dans la commune de Lemba. Il a invité « le peuple congolais ainsi que l’ensemble de la classe politique congolaise à s’enrôler massivement pour une participation active aux prochaines échéances électorales ». A l’instar de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), Tshibala, l’ex-opposant pur et dur, est resté muet sur la date de ces consultations politiques…

« Le pouvoir change les hommes », disait l’ancien président français Jacques Chirac.

Près de trois mois après sa nomination au poste de Premier ministre dans les conditions que l’on sait, l’ancien secrétaire général adjoint de l’UDPS et porte-parole du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement semble devenu amnésique. L’homme s’est métamorphosé.

A l’issue de son enregistrement au bureau de la CENI, samedi 5 août, Tshibala a invité le peuple congolais à suivre son exemple en obtenant la carte d’électeur. Selon lui, cette démarche « a une signification profonde ».

L’ex-opposant qui accusait « Kabila » d’avoir organisé la « fraude électorale » en 2011 afin « d’empêcher l’alternance au pouvoir » (voir texte conférence de presse tenue le 27 mai 2016 à Bruxelles) considère désormais que le « raïs » a changé.

Samedi, « Bruno » qui ne détient, de l’avis des observateurs, que l’apparence du pouvoir, a réitéré « sa ferme détermination de conduire le peuple congolais aux meilleures élections de son histoire ». Questions: peut-il expliquer à ce même peuple les raisons ayant poussé le pouvoir kabiliste à réprimer les manifestations pacifiques du 31 juillet alors que les Congolais demandaient tout simplement à la CENI de publier le calendrier électoral? Pourrait-il expliquer le bien-fondé des restrictions de liberté de manifester qui continuent à frapper tant les organisations politiques que celles de la société civile proches de l’opposition? Cette répression ne traduit-elle pas la volonté de « Kabila » de s’accrocher au fauteuil présidentiel?

Au lieu de répondre à ces interrogations, Tshibala s’est limité à débiter des évidences d’une platitude affligeante en déclarant notamment que « le cap est mis sur les élections étant donné que dans une démocratie comme celle de la RDC, c’est le peuple qui est le souverain primaire ». Et que « c’est à lui que revient de trancher et régler la question de la légitimité ». Comment a-t-il fait pour trouver tout ça?

Tshibala qui ânonnait jadis – en chœur avec l’ancien secrétaire général de l’UDPS Bruno Mavungu – que « le dialogue constitue le cadre par excellence, en vue de trouver, entre Congolais, un compromis pour mettre fin à la crise (…) », estime désormais que « l’heure des conciliabules est révolue ». De même, « ce sont des élections présidentielle, législatives et provinciales qui permettront d’élire les nouveaux dirigeants du pays ». Les Congolais, eux, ne demandent que ça.

Tshibala feint d’ignorer que les « conciliabules » qu’il pourfend découlent de la volonté de « Joseph Kabila » de s’octroyer un troisième mandat en dépit de l’interdit constitutionnel. Le « raïs » a justement besoin des « pique-assiettes » de son acabit pour réaliser son « rêve ».

 

B.A.W.

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