Tshisekedi-Katumbi: La fin d’une histoire?

Le parti « Ensemble pour la République » (EPR) de l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, a procédé, samedi 16 octobre, à la présentation officielle de son coordonnateur chargé de la diaspora congolaise en Europe et de son adjoint. Oscar Rashidi Akida et Djodjo Musenge Mbayo sont les nominés. La représentation de l’EPR en « Europe des 26″ a profité pour lancer l’enregistrement de nouveaux adhérents. Le discours a semblé d’une désinvolture délibérée à l’égard des « amis » de l’Union sacrée de la Nation. « Moïse », comme aiment l’appeler ses proches et partisans, était représenté par un des membres de sa « garde rapprochée » en la personne d’Henri Koko Kongolo.

A gauche, on voit Henri Koko Kongolo, représentant personnel du Président de l’Ensemble pour la République

Combien étaient-ils? 150? 200? Selon des sources concordantes, ils étaient entre 250 et 300. « Ils« , ce sont les membres de la diaspora congolaise d’Europe (Belgique, Danemark, France, Pays-Bas, Royaume-Uni etc.) venus assister à la manifestation organisée par le parti « Ensemble pour la République » de Moïse Katumbi Champwe. Plusieurs représentants de cette formation politique dans les pays précités étaient présents. « Cette affluence est due au fait que certains espéraient trouver Moïse Katumbi sur le lieu« , murmuraient certains convives.

L’endroit choisi est plutôt inhabituel. Il s’agit de « Van Der Valk, Brussels Airport« , situé à Diegem, Brabant flamand, à quelques encablures de l’aéroport de Zaventem. A partir de cet hôtel, on peut voir des aéronefs en stationnement. Dans la salle, située au deuxième étage, les « invités » sont accueillis par un documentaire qui égrène les réalisations de Moïse Katumbi, à l’époque où il dirigeait le « Grand Katanga« . Dans la vidéo, on voit Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale, exhorter d’autres chefs d’exécutifs provinciaux à s’inspirer de l’expérience de « Moïse ». Ministre de l’Intérieur d’alors, Richard Muyej Mangez n’avait que des éloges pour ce dernier.

Prévu à 14 heures, l’événement proprement dit a commencé quarante minutes plus tard par un speech prononcé par Oscar Rachidi Akida, le frais émoulu coordonnateur chargé de la diaspora congolaise de l’Union européenne de cette formation politique.  « Moïse Katumbi oyé« , « RDC oyé« , exulte Rashidi. La salle répond: « Oyé! ».

Micro en main, l’orateur adopte un ton pour le moins polémique. Il lance: « Le chairmain [autre appellation de Moïse Katumbi] est un fils né au Congo. Je dis bien au Congo. Il appartient à l’ethnie Bemba. Il a grandi au Congo. Il s’est marié au Congo. Il a fait et continue à faire ses affaires au Congo. Il travaille pour le Congo. Il est devenu riche à travers ses affaires au Congo« . L’assistance a bien compris le message. Les oreilles de Noël Tshiani Mwadiamvita et celles de certains « Fatshistes » n’ont pas manqué de siffler.

« KATUMBI VEUT SORTIR LE CONGO DU BOURBIER« 

Une jeune dame interrompt l’orateur: « Katumbi akobanga? ». Une partie de la salle clame : « Akobanga te, akobangisa! ». Oscar Rashidi reprend aussitôt son propos: « Moïse Katumbi est un grand visionnaire. Il s’est engagé à sortir la RDC du bourbier dans lequel il s’est empêtré« . Il poursuit: « Voilà pourquoi nous devons le soutenir. Avec Dieu nous ferons des exploits« .

Après ces mots, le coordonnateur Rashidi rappela brièvement le parcours de Katumbi en insistant sur le fait que ce dernier « a été le meilleur gouverneur » du Katanga. Le ton est aussitôt délibérément offensif et un brin impertinent: « Après sa démission, il a été empêché de se présenter aux élections« , assène-t-il. Et de poursuivre: « Il [Moïse Katumbi] a organisé le conclave de l’opposition pour la paix à Genval avec ses propres moyens financiers« . Il cite, au passage, d’autres réunions financées par l’ancien gouverneur. C’est le cas notamment de la rencontre de Genève, en novembre 2018, où les principaux leaders de l’opposition devaient désigner le « candidat commun » à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018.

Avant d’inviter l’assistance à se rendre au fond de la salle afin de signer l’acte d’adhésion au parti, l’orateur de rappeler la « vision » de Moïse Katumbi. Celle-ci tient en neuf mots: « La performance économique au service de la performance sociale« . Oscar Rashidi et son adjoint Djodjo Musenge ont été les premiers à remplir la fiche d’adhésion. « Nous voulons le changement au Congo. Notre pays est riche. Il faut que la population en tire profit. »

Cette manifestation du parti « Ensemble pour la République » a été organisée, le samedi 16 octobre, soit le même jour où l’Assemblée nationale tenait sa plénière pour débattre du rapport de la Commission paritaire présidée par le député national André Mbata Mangu. A l’ordre du jour: l’entérinement de la candidature de Denis Kadima en qualité de successeur de Corneille Nangaa à la tête de la Commission électorale nationale indépendante.

« LE SERMENT DE KATUMBI »   

Une vue de l’assistance

Certaines personnes présentes à « l’intronisation » du duo Rashidi Akida-Djodjo Musenge dissimulaient à peine leur incrédulité. Au motif, selon eux, que le « conférencier » a parlé de tout sauf du « positionnement idéologique » de cette association politique. Devrait-on imaginer qu’il s’agit d’un parti libéral à l’image de son initiateur qui « fait ses affaires au Congo »?

 Un détour sur la « toile » n’est pas d’un grand secours. Aucune trace de la charte fondatrice. On y trouve, par contre, un document intitulé « Le serment de Moïse Katumbi« , diffusé en 2018. C’était à l’époque de la plateforme « Ensemble pour le changement« . On peut lire notamment: « Je me suis engagé en politique pour défendre les valeurs fondatrices de notre nation que sont l’unité, la paix et la justice« .

Dans les conversations en aparté à l’extérieur de l’hôtel, certains n’ont pas hésité de brocarder certains communiqués « sans tact ni nuances« . C’est le cas notamment du dernier texte signé par le secrétaire général Dieudonné Bolengetenge et les chefs des groupes parlementaires AMK & Alliés et le Groupe parlementaire MS-G7 dans lequel l’on trouve les mots « escroquerie d’Etat » au sujet du fameux dossier RAM (Registre d’appareils mobiles).

Après avoir entendu le speech prononcé par le coordonnateur Rashidi Akida, certains participants ne donnent plus cher à l’avenir de l’USN. Les mêmes participants peinent à comprendre que des personnalités étiquetées « katumbistes » continuent à siéger au sein du gouvernement du « Premier » Sama Lukonde. C’est le cas notamment de Christophe Lutundula Apala (ministre des Affaires étrangères), Muhindo Nzangi Butondo (ministre de l’Enseignement supérieur) et de Cherubin Okende Senga (ministre des Transports et voies de communication). « A travers les propos de leurs lieutenants, Felix Tshisekedi et Moïse Katumbi ont cessé de regarder dans la même direction« , disent-ils. Est-ce la fin d’une histoire? L’avenir le dira.

Baudouin Amba Wetshi   

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