Un prêtre séquestré dans la résidence du ministre Félix Kabange Numbi?

Dans une déclaration faite dimanche 21 janvier sur les ondes de Radio Okapi, l’avocat Georges Kapiamba, président de l’ACAJ (Association congolaise pour l’accès à la justice) fait état de l’arrestation de dix prêtres. Deux religieuses seraient portées disparues. Selon la Mission onusienne au Congo, le bilan de cette journée mouvementée s’élève à 6 tués. Le Comité Laïc de Coordination, lui, donne le chiffre « provisoire  » de 12 morts et 156 blessés. Ce dernier recense 500 arrestations dont 17 prêtres.  

Le ministre Félix Kabange Numbi

Selon Georges Kapiamba – qui fait partie des signataires du « Manifeste du Citoyen Congolais Esili » -, un prêtre (abbé Dieudonné Mukinayi) et huit paroissiens seraient enfermés dans la résidence d’un membre du gouvernement. Des sources bien informées pointent du doigt le ministre Félix Kabange Numbi. Celui-ci est connu pour son tempérament fougueux.

Des informations difficiles à vérifier laissent entendre que des prêtres et des fidèles auraient été dénudés et torturés dans la résidence de Zoé « Kabila ». « Les malheureux s’y trouveraient encore », assurent des sources.

Dimanche 21 janvier, les premiers tirs à balles réelles ont retenti aux alentours de 9h00 à la paroisse Saint Vincent de Paul dans la commune kinoise de Ngiri-Ngiri. Pour une raison connue d’eux seuls, des « hommes en uniformes » ont lancé des gaz lacrymogènes dans l’enceinte de la chapelle.

DES BÉBÉS « GAZES »

A Kintambo, une automitrailleuse a littéralement « arrosé » l’entrée de la paroisse Saint François de Salles. C’était sous les yeux de l’ancien ministre de la Santé sous le Mzee, Jean-Baptiste Sondji. Sur les réseaux sociaux, plusieurs internautes ont annoncé, à tort, la mort de ce médecin qui se réclame des « acteurs politiques catholiques ». Une adolescente âgée 16 ans a été, en revanche, tuée. Comble d’ironie, la victime serait la fille d’un officier de police.

D’autres paroisses ont connu des scènes analogues. On peut citer à titre d’exemple, le cas de Saint-Joseph au Quartier Matonge où 16 blessés ont été comptabilisés.

Selon la Mission onusienne au Congo, au total, six personnes ont été tuées par balles. La Monusco estime le nombre des blessés aux quatre coins du pays à 33. Un avis que le Comité Laïc de Coordination semble balayer poliment du revers de main. Pour lui, le « bilan provisoire » est de douze morts et 156 blessés. Le Comité fait, par ailleurs, état de 500 arrestations dont une vingtaine de prêtres et trois religieuses.

Sur son compte Twitter, Léonie Kandolo, porte-parole du CLC, a posté ces mots: « Ils ont tués nos frères et sœurs, ont profané nos églises, ils ont jeté des gaz lacrymogènes dans nos maternités et tué nos bébés. Médiocres vous êtes et maudits à tout jamais! » Notons que les animateurs du Comité Laïc continuent à vivre en clandestinité. Le procureur général de la République a lancé vendredi 19 janvier un mandat d’amener contre eux. Les hommes du chef barbouze Kalev Mutondo sont à leurs trousses.

Ces activistes de la société civile sont accusés d’ « insurrection » et d’atteinte à sûreté de l’Etat pour avoir demandé à « Kabila » – dont le dernier mandat a expiré le 19 décembre 2016 – d’annoncer de manière solennelle qu’il ne va pas briguer un troisième mandat.

Selon le défenseur des droits humains Paul Nsapu Mukulu, 11 bombes lacrymogènes ont été lancées dans la paroisse Saint Sacrément à Ngaliema et 8 autres dans la maternité tenue par des sœurs religieuses. Seize nouveaux nés qui s’y trouvaient ont été admis aux soins intensifs.

En province, une trentaine de militants du mouvement citoyen Lucha (Lutte pour le changement) ont été arrêtés à Beni, au Nord Kivu. A Kisangani, on déplore onze blessés indique l’AFP. La même source fait état des fidèles dispersés à coup des gaz lacrymogènes à Goma au moment où ils sortaient de la cathédrale. Des marches ont été dispersées à Kisangani et Lubumbashi.

« TOXICOMANE »

Consulté par l’auteur de ces lignes dimanche soir, un psychiatre, qui a requis l’anonymat, estime que le comportement du président hors mandat congolais est tout le contraire de celui d’un « être humain normal ». Selon lui, il est inimaginable qu’un « bonus pater familias » puisse envoyer des tueurs pour massacrer le peuple qu’il est censé protéger.

Golden Misabiko

Golden Misabiko

Dans une interview accordée à Congo Indépendant le 21 octobre 2006, le défenseur des droits humains Golden Misabiko était allé plus loin. D’après lui, l’homme qui trône à la tête du Congo-Kinshasa depuis dix-sept ans serait un toxicomane. « Golden » aurait obtenu cette information auprès des « Kadogo » qui partageaient sa cellule à l’immeuble « GLM ». « Je répète que Joseph se drogue à la cocaïne chaque matin et soir, martelait-il. A une personne qui l’exhortait à arrêter l’usage de stupéfiants, Joseph lui a répondu qu’il se ‘shoote’ depuis l’âge de douze ans et qu’il ne sait plus se passer de la drogue ».

Intervenant au « Journal Afrique » de TV5, Floribert Anzuluni, coordonnateur du mouvement citoyen « Filimbi » a déclaré que le Congo-Kinshasa vit « une situation extrêmement grave ». Selon lui, les manifestations vont se poursuivre « jusqu’à ce que l’alternance s’impose ».

Selon des observateurs, la répression de la manifestation du 21 janvier a été un brin plus féroce que celle du 31 décembre dernier. Les mêmes observateurs conviennent que la rupture est consommée entre « Joseph Kabila » et l’église catholique. L’heure est au « duel à mort ». Qui aura la peau de l’autre? Personne n’ose répondre à cette interrogation…

 

B.A.W.
© Congoindépendant 2003-2018

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %