Vivement des hommes politiques respectueux de la parole donnée!

A Genval, en Belgique, les représentants des « forces politiques et sociales acquises au changement » ont dit avoir scellé leur unité autour des objectifs communs. Des objectifs dont la noblesse se passe de commentaires.

N’en déplaise à Aubin Minaku, le secrétaire général de la majorité présidentielle (MP), exiger « le respect de la Constitution » et l’avènement de « l’alternance démocratique » ne constitue nullement une « tentative de coup d’Etat ». A preuve, aucun acteur politique ou social, présent à Genval, n’a demandé l’éviction de « Joseph Kabila » du pouvoir avant l’expiration de son second et dernier mandat qui intervient le 19 décembre prochain.

Minaku et tous les zélateurs du « Joséphisme » qui peuplent la MP devraient vite consulter le lexique de science politique (Dalloz). Il leur sera loisible de lire que le « coup d’Etat » est défini comme une « prise illégale et brutale du pouvoir par l’armée ou par une autorité politique bénéficiant de son soutien ».

Les forces politiques et sociales acquises au changement estiment, à bon droit, qu’après le 19 décembre prochain, l’actuel locataire du Palais de la nation ne jouira plus de la « compétence temporelle », autrement dit de la légitimité qui l’habilite à commander et se faire obéir. Le terme « révolution » serait plus adéquat dans cette hypothèse. Et ce dans la mesure où les participants à la réunion de Genval ont appelé « le peuple congolais à la mobilisation générale pour (…) répondre à son devoir de défendre la Constitution de la République ».

Le conclave de Genval ayant clos ses travaux, les forces politiques et sociales acquises au Changement se trouvent désormais à l’épreuve des faits. Elles seront jugées sur pièce. L’heure est venue de démontrer la cohérence entre « le dire » et « le faire ». L’heure est venue de démontrer la solidité des convictions en des valeurs. C’est le cas notamment du respect de la vie et de la dignité de la personne humaine, la liberté, la paix, la justice, la démocratie, l’égalité.

Depuis l’accession du Congo-Kinshasa à l’indépendance, le 30 juin 1960, le pays peine à prendre son envol à cause de la médiocrité – le mot n’est pas trop fort -, la lâcheté et la vénalité du personnel politique. Un personnel politique qui a en horreur le respect tant des principes que de la parole donnée. Un personnel politique qui manie à merveille un double discours. L’un, progressiste, lorsqu’il broie du noir dans les rangs de l’opposition. L’autre, conformiste voire conservateur, dès qu’il arpente les marches du pouvoir.

La chute du président Mobutu Sese Seko avait suscité d’énormes espoirs auprès des Zaïro-Congolais. L’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), incarnée par Laurent-Désiré Kabila, n’avait-elle pas promis non seulement d’abattre la dictature mais surtout d’achever le processus démocratique en instaurant l’Etat de droit? Ce n’était qu’un leurre. La dictature mobutiste a été remplacée par une nouvelle dictature, celle de Mzee.

Promulguant la Constitution en vigueur, le 18 février 2006, « Joseph Kabila » avait annoncé « la fin de la récréation ». D’aucuns avaient cru que l’ex-Zaïre sera à l’avenir à l’abri de « crise chronique de légitimité » grâce à la primauté du droit. Erreur.

Lors de son investiture le 9 décembre de la même année, le successeur inattendu de Mzee, avait juré « devant Dieu et la nation » de veiller au respect de la nouvelle Loi fondamentale. L’homme a instauré un régime de terreur pire que ceux de ses prédécesseurs, disent les observateurs. L’appétit venant en mangeant, il tente désespérément de s’accrocher au pouvoir en dépit de l’interdit constitutionnel. Il est encouragé dans cette ambition suicidaire par quelques collaborateurs médiocres. Ceux-ci ont le signe particulier de privilégier leurs intérêts particulier au détriment de l’intérêt général.

Tous ces faits devraient inciter les Congolais à se départir d’un certain fanatisme en exigeant de leurs hommes politiques le strict respect de la parole donnée. Plus de chèque en blanc. L’histoire immédiate du Congo-Zaïre a suffisamment démontré qu’en chaque « libérateur » sommeille, en réalité, un baratineur-oppresseur. Le doute permanent doit être de rigueur!

 

Baudouin Amba Wetshi

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