Vous avez dit pas d’argent pour les élections?

« Il n’est point d’homme au monde qui pouvant tout et sans contrôle ne sacrifie la justice à ses passions », disait Alain.

Dans une déclaration faite mercredi 15 février à l’hôtel du gouvernement, le ministre du Budget, Pierre Kangudia Mbayi (UNC), a annoncé qu’il sera « difficile » pour le gouvernement congolais de dégager des crédits d’un montant de 1,8 milliard USD « pour organiser les élections cette année ».

Tel un mauvais médecin qui exulte après avoir établi le diagnostic, l’ex-opposant Kangudia – dont le parti, Union pour la Nation Congolaise de Vital Kamerhe, revendiquait jadis, à cor et à cri, la nécessité d’aller aux urnes pour permettre aux Congolais de choisir leurs gouvernants – est restée muet sur le remède à prescrire. Il se dit prêt à aller « défendre » son évaluation « devant tout le monde ».

Devenu ministre après avoir broyé du noir dans les rangs de l’opposition, l’ex-opposant hurle désormais avec les loups. Il est devenu amnésique au point d’oublier que le pays a tenu deux « dialogues » justement pour ne plus laisser aux kabilistes le droit de décider du moment propice pour la tenue des élections.

Pour le ministre Kangudia, le fait d’affecter 1,8 milliard USD pour financer rien que les consultations politiques pourrait « sacrifier » plusieurs secteurs d’activités. Lesquels? L’eau et l’électricité? La santé et L’éducation? L’hygiène? Les infrastructures? Kangudia voulait sans doute parler de la Présidence de la République, de la Primature et des fameuses dépenses dites de souveraineté. Sans omettre les émoluments des parlementaires.

QUEL EST LE PROBLEME?

Frappé d’inéligibilité après avoir « consommé » ses deux mandats consécutifs, « Joseph Kabila » qui exerce un pouvoir absolu et sans contrôle est décidé de s’accrocher au pouvoir, pour le pouvoir. L’homme a désormais de « nouveaux alliés » à travers les anciens opposants entrés au gouvernement à l’issue du dialogue « piloté » par Edem Kodjo.

« Kabila » qui a expérimenté la vénalité de ses « compatriotes » sait que les nouvelles « excellences » tiennent à jouir pendant quelques temps des avantages et privilèges que procure l’imperium.

Comment pourrait-on expliquer que l’Etat congolais n’ait pas l’argent nécessaire pour organiser les élections générales pendant que les grandes villes du pays connaissent un boom immobilier sans que l’on parvienne à identifier l’institution bancaire qui accorde des crédits hypothécaires dans un pays considéré à haute risque pour les investisseurs?

Comment pourrait-on expliquer que l’Etat congolais soit déclaré impécunieux pendant que le premier magistrat du pays se comporte en « prodigue » en distribuant notamment des rutilants 4×4 à sa clientèle politique tout en finançant ici et là des projets non prévus dans le budget?

Comment pourrait-on expliquer que l’Etat congolais soit fauché comme du blé pendant que la fratrie « Kabila » est créditée d’une fortune colossale estimée à plusieurs milliards de dollars?

Comment pourrait-on enfin expliquer qu’en janvier 2014, le budget des élections était estimé à +/-750 millions $ avant d’être porté à 1,2 milliard $ en 2015 et 1,8 milliard en novembre 2016 sans que les rubriques de dépenses soient ventilées?

Lors de l’élection présidentielle et les législatives organisées de 2006, la Commission électorale avait une enveloppe de 450 millions de dollars largement financée par la communauté internationale. En 2011, « Joseph Kabila » et ses « amis » avaient mobilisé un montant de 750 millions de la devise américaine. D’aucuns ont parlé de blanchiment.

Ayant « consommé » ses deux mandats consécutifs, « Joseph Kabila » n’a plus intérêt à voir les Congolais aller aux urnes pour désigner un nouveau Président de la République qui risquerait de découvrir les « cadavres » entreposés dans les placards.

Lors des consultations ayant abouti au dialogue de l’ex-Cité de l’OUA, l’homme a osé dire aux députés venus le rencontrer que « les élections nous coûtent cher ».

Dans un Etat institutionnalisé où existe un parlement doté de larges pouvoirs et d’une justice indépendante qui assure un contrôle effectif sur les autorités publiques, les propos tenus par le ministre du Budget aurait constitué un aveu d’échec. « Joseph Kabila » et son gouvernement auraient été destitués et jugés pour haute trahison.

En attendant un tel « nettoyage » devant intervenir tôt ou tard, la Commission électorale nationale indépendante doit faire l’objet d’un audit. Et ce depuis 2006 à ce jour. C’est le message que le ministre du Budget à rater l’occasion de délivrer.

 

Baudouin Amba Wetshi

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