Zoé « Kabila » candidat gouverneur du Tanganyika? Et quoi encore?

Depuis jeudi 7 février dernier, un sujet est au centre de toutes les conversations dans les « Nganda » et les « terrasses » (bistrots) de « Lipopo mboka ya ba-nganga », autre appellation de la capitale de la République très très démocratique du Congo. Le tout-Kinshasa-politique a appris avec stupéfaction la candidature d’un certain Zoé « Kabila », le frangin de l’ex-commandant suprême des FARDC, de la police nationale et de la garde républicaine, au poste de gouverneur de la province du Tanganyika. Coïncidence ou pas, Kalemie, le chef-lieu de cet ancien district du « Grand Katanga » est séparé de la Tanzanie par le lac Tanganyika. Suivez mon regard…

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les cancans de Kinshasa-Lez-Immondices, le tout-Kinshasa-politique est furax contre Corneille Nangaa, le très sulfureux président de la Commission électorale nationale (mal nommée) indépendante qui a « nommé », sur ordre de l’ex-Président, des députés nationaux et provinciaux étiquetés « FCC » (Front commun pour le Congo). Histoire pour le « clan kabiliste » de ne pas disparaître de l’échiquier politique.

Mon ami qui sait décidément tout sur tout me fait remarquer qu’un mois après la publication des « résultats provisoires » de l’élection présidentielle, le fameux président de la CENI hésite toujours et encore à rendre public ceux-ci, bureau par bureau, comme l’astreint l’article 71 de la loi électorale. Il en est de même des résultats provisoires des élections législatives et provinciales. « Pendant que les Kinois sont occupés à draguer les Ujana, à boire de la bière et à manger des ailes de poulet dans les Nganda et Terrasses, le Raïs et prépare son come-back avec un Parlement et un exécutif national dominé par les mêmes kabilistes dont le candidat à la présidence de la République a été renvoyé à ses études lors du vote du 30 décembre 2018 », me confie l’ami. Pour lui, il y a tout lieu de craindre que certains oligarques incompétents et arrogants de la Kabilie refassent surface.

Après cette longue entrée en matière, l’ami aborda la liste des postulants au poste de gouverneur et vice-gouverneur publiée jeudi 7 février par Nangaa. « Tu te rends compte que Zoé Kabila fait partie des prétendants aux fonctions de gouverneur du Tanganyika. Zoé Kabila gouverneur du Tanganyika? Et quoi encore? », s’interrogea-t-il.

Fidèle à ma réputation de « faible d’esprit », j’ai interrompu l’ami: « Je ne vois aucun problème que Zoé soit candidat gouverneur de province ou Pape ». Mon ami devint rouge de colère à l’image du taureau qui a vu un chiffon de même couleur: « Tu es léger comme tous tes compatriotes », me lança-t-il. « Léger, moi? », lui répliquai-je. L’ami acquiesça avant de me forcer à m’asseoir.

Tel un représentant du ministère public en plein prononcé du réquisitoire, mon ami commença par me rappeler que les gouverneurs et leurs adjoints sont élus au suffrage indirect par des députés provinciaux. « Tu connais l’impécuniosité autant que la vénalité de nos élus tant au niveau national que provincial. On apprend que chaque candidat gouverneur nanti a lancé des rabatteurs pour acheter les voix des députés provinciaux. Il est question  de 30.000, 50.000 voire 100.000 U$ pour acheter un député provincial », souligna-t-il.

Voyant mon air dubitatif, l’ami  d’ajouter sur un ton cassant: « Après avoir eu un président de la République aux origines plus que douteuses, voudrais-tu qu’on se lance dans une nouvelle aventure ambiguë en confiant la très stratégique province du Tanganyika au frangin du Raïs dont le patronyme véritable serait Zoé Francis Mtwale? Sais-tu que Joseph Kabila et sa sœur s’appelleraient en réalité Hippolyte Christopher Mtwale et Jaynet Hildegonde Ursula Kyungu? Contrairement aux déclarations de la dame Sifa Mahanya au quotidien ‘Le Soir’ du 2 juin 2006? Sais-tu que Jaynet et Joseph ne sont pas les enfants de cette dernière et n’ont jamais fréquenté le lycée français de Dar es Salaam? »

A en croire mon ami, « Jaynet » qui était candidat député national en novembre 2011 n’a jamais fait mention de son passage, dans cette école consulaire, dans les formulaires ad hoc de la CENI. Elle aurait écrit noir sur blanc qu’elle a fait ses études primaires à « Green valley primary school » en Ouganda. Les études secondaires, elles, ont été accomplies à Irambo secondary school en Tanzanie. C’est en Namibie qu’elle aurait suivi les études universitaires.

Anti-kabiliste primaire, mon ami de s’exclamer: « Eureka, tout se tient! » Selon lui, il comprend désormais la motivation qui pousse l’ex-commandant suprême des FARDC, de la police nationale et de la garde république à manifester, depuis juin 2016, un intérêt tout particulier sur la ville de Kalemie. « Grâce à des financements d’origine mafieuse, le raïs déchu fait construire un bateau de 3.500 tonnes et élargir la piste d’atterrissage de l’aéroport de cette ville de 1.750 à 2.500 mètres », dit-il. Il ajouta: « Pour endormir les naïfs Kongomani, le raïs a fait construire un stade et un hôpital. Un boulevard long de 12,5 kilomètres serait en cours d’achèvement ». Pour lui, il ne fait plus l’ombre d’un doute que la fratrie « Kabila » voudrait transformer la province du Tanganyika en un lieu de transit des ressources pillées en République très très démocratique du Congo. Destination: « la Tanzanie natale ».

Mon ami de conclure: « Le Mzee Kabila a laissé aux Congolais un très lourd héritage. Depuis le 26 janvier 2001 jusqu’au 24 janvier 2019, les affaires de notre pays ont été régentées par trois imposteurs tanzaniens qui n’ont aucune attache psychologique avec le Congo au point de n’avoir pas la gratitude de demander la nationalité  du pays ».

Pour l’ami, laisser le gouvernorat du Tanganyika passé entre les mains d’un membre de la « mafieuse fratrie Kabila » équivaudrait à institutionnaliser la razzia…

 

Par Robert Yuka ea Djema

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