
Sous le prétexte de récupérer des armes à feu en circulation « pour renforcer la sécurité » à Goma occupée depuis janvier dernier, la coalition M23/RDF/AFC a littéralement tendu un piège à la population civile.
Depuis le samedi 10 mai, les Gomatraciens et les habitants de la localité voisine de Saké, vivent sous une pression croissante. Les trublions de M23/RDF/l’AFC, qui occupent la région depuis plusieurs le mois de janvier, y mènent des opérations dites de «bouclage» afin, disent-ils, récupérer les armes en circulation et enrayer la criminalité. Loin d’apporter la sécurité promise, cette campagne, plonge des milliers de civils dans une peur constante, entre arrestations arbitraires, disparitions inquiétantes.
Ces expéditions ciblent les quartiers populaires – ceux déjà touchés par les assassinats, les braquages et les enlèvements. A titre d’illustration tragique, le lundi 12 mai, une famille entière a été massacrée puis brûlée à Kabale Katambi. Les méthodes employées par la coalition M23/RDF/AFC ne rassurent pas. Bien au contraire.
Selon plusieurs organisations locales, les interpellations se font sans mandat ni preuve. Des centaines de jeunes hommes sont arrêtés simplement parce qu’ils se trouvent dans la rue, sans qu’aucune accusation claire ne leur soit formulée. Le mouvement citoyen LUCHA parle d’une « chasse à l’homme » indiscriminée.
« On ne peut pas justifier la sécurité par l’arbitraire, déclare Stewart Muhindo, un militant engagé. Ces jeunes sont parfois emmenés de force, certains ne sont jamais revenus. Nous craignons des disparitions forcées ou des recrutements militaires déguisés. »
Des familles en détresse
Derrière chaque arrestation, il y a des familles sans nouvelles, des enfants laissés sans soutien, des femmes qui attendent en vain le retour d’un frère, d’un mari ou d’un fils. À Goma, les quartiers populaires sont en état de choc. Les habitants n’osent plus sortir, certains dorment dans des cachettes. Les écoles commencent à se vider, les marchés affichent la déprime.
Une impasse politique aux lourdes conséquences
Le gouvernement congolais accuse le M23/RDF/AFC de graves exactions – assassinats, exécutions sommaires, viols – et dénonce l’instauration d’un régime de terreur. De son côté, l’administration rebelle à Goma accuse Kinshasa de chercher à saboter la situation sécuritaire dans la ville. Pendant que les deux camps s’affrontent par discours interposés, la population, elle, continue de souffrir.
Un appel à la responsabilité
Les ONG locales et les acteurs humanitaires appellent à une cessation immédiate des arrestations arbitraires et au respect des droits fondamentaux. Les personnes détenues sans motif légal doivent être relâchées, et les familles informées du sort de leurs proches.
Face à cette crise sécuritaire, il paraît urgent de remettre l’humain au centre des priorités. Une telle recommandation ne pourrait que faire sourire les tireurs de ficelle de la coalition M23/RDF/AFC. A l’instar de la population congolaise, les habitants de Goma et ceux des localités environnantes ne demandent qu’à jouir des conditions minimales de sécurité et de paix.
L’absence de protection internationale efficace due tant à l’inaction de la Monusco qu’au mutisme diplomatique au niveau régional – laisse les civils livrés à eux-mêmes. Tous les yeux sont tournés vers Doha et Washington où la RDC et le Rwanda de Kagame négocient un improbable « accord de paix ».
Obed Vitangi Kakule
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