
Dans un communiqué, pour le moins ambigu, daté du samedi 7 juin, le Rwanda de Paul Kagame annonce son retrait de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale. Et ce suite à l’opposition de la RDC à la désignation de ce pays à la présidence tournante de cette organisation. Au centre de cette contestation: l’occupation de la partie orientale du Congo-Kin par le M23 soutenu par l’armée régulière du Rwanda (RDF).
La délégation rwandaise conduite par Paul Kagame s’est empressée de quitter la réunion à huis clos, dénonçant, au passage, la « violation » du principe de rotation alphabétique inscrit à l’article 6 du Traité révisé. Dans le communiqué précité, Kigali accuse Kinshasa d’« instrumentaliser » cette Communauté « avec le soutien de certains Etats membres ».
Ce départ ne manquera pas de raviver la tension entre les deux voisins, sur fond de conflit armé et de pressions diplomatiques croissantes. Alors que la CEEAC joue un rôle actif dans la facilitation du processus de paix en RDC, la prétention du Rwanda à présider cette organisation régionale interroge.
Le Rwanda de Kagame fait abstraction de l’article 3 de la convention créant cette Communauté. Au point « a », on peut lire que « les hautes parties s’engagent à respecter les principes fondamentaux de souveraineté, d’égalité et d’indépendance de tous les Etats ». Sans omettre l’intangibilité des frontières. Dans le point « e », le texte interdit à tout Etat membre « de permettre l’utilisation de son territoire comme base pour l’agression ou la subversion contre un autre Etat »? On le voit, Kagame affiche une indignation feinte.
Peut-on franchement présider une organisation censée être impartiale, alors qu’on est pointé du doigt comme acteur central du conflit à résoudre dans l’un de pays membre? La communauté internationale est réputée pour sa duplicité. Il semble bien que les lignes commencent à bouger depuis l’élection, en février dernier, du nouveau Président de la Commission de l’Union Africaine en la personne de Mahamoud Ali Youssouf.
Le retrait du Rwanda qui, du reste, doit être formalisé apparaît plus comme une fuite en avant qu’autre chose. Le régime de Kagame a habitué l’opinion internationale à n’invoquer les grands principes du droit international que lorsque ses intérêts – discutables – sont contrariés. Ce coup d’éclat de Malabo dissimule mal l’isolement croissant du pays de milles collines dans les cercles régionaux.
A travers ce 26ème sommet de la CEEAC à Malabo, le Congo-Kinshasa envoie un signal fort: il ne se laissera plus gifler sur les deux joues. Encore moins tolérer une prétendue neutralité dans les instances régionales vis-à-vis de l’agression de sa partie orientale par le Rwanda. Selon la chaine américaine NBC News, l’armée rwandaise aurait déployé près de cinq mille hommes dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu.
En moins d’une semaine, la République démocratique du Congo a marqué plusieurs points diplomatiques : opposition à la désignation du Rwanda à la présidence tournante de la CEEAC, élection en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour l’exercice 2026-2027 ainsi qu’à la vice-présidence de la 80ème Assemblée générale des Nations Unies. Ces hauts faits diplomatiques replacent Kinshasa au cœur de l’agenda continental. Et pourquoi pas multilatéral?
Le communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères du Rwanda trahi une certaine ambiguïté. Une indécision. « Le Rwanda se retire de la CEEAC », peut-on lire en titre. La conclusion est libellée notamment comme suit: « (…). Le Rwanda ne voit aucune raison de maintenir son appartenance à une organisation dont le fonctionnement est désormais contraire à ses principes et son utilité ». Partira? Partira pas?
Obed Vitangi Kakule/B.A.W
On pouvait dire bon debarras, mais hélas, ce n’est la bonne approche car, malgré les vicissitudes actuelles entre le Rwanda et le Congo RDC, les deux pays appartiennent à la même communauté et surtout le Rwanda restera éternellement notre voisin. Au nom de notre destin commun, j’ose espérer que Kagame comprendra qu’au nom de l’intérêt de son peuple, il ne peut pas continuer à malmener un géant qui, dans bien des domaine peut contribuer à l’essor économique de son pays. Le Congo avec plus de cent millions d’habitants est un grand marché pour toute la sous région. Il est illusoire de croire que le Rwanda peut se passer du marché congolais, c’est une réalité socio-économique indéniable. Espérant que la sagesse l’emportera sur la rancœur et la haine, Kagame réfléchira pour comprendre que le bon voisinage avec ce géant est dans l’intérêt bien compris de deux peuples.