Chebeya victime d’un « Escadron de la mort »!

Les débats qui se déroulent à la Haute Cour militaire à Kinshasa sur l’assassinat du défenseur des droits de l’Homme Floribert Chebeya Bahizire et de son collaborateur, Fidèle Bazana Edadi, sont riches en enseignements. Il est désormais possible de reconstituer la trame de ce double crime d’Etat. Crime commis par des agents publics. Des fonctionnaires. C’était le 1er juin 2010 au …Quartier général de la police nationale. Qui avait commandité ce double homicide? Poser la question, c’est y répondre.

Le ministère public dispose maintenant d’une multitude d’indices pour ouvrir une information judiciaire. Il s’agit d’auditionner l’ex-président « Joseph Kabila » en tant que « renseignant« . Toutes les dépositions faites jusqu’ici semblent désigner ce dernier comme étant le véritable commanditaire de l’exécution de « Floribert » et de « Fidèle« . De grâce, que personne ne nous parle demain de « l’inopportunité de poursuite« . Osons espérer que les deux chambres du Parlement auront le courage de se réunir en Congrès pour statuer sur ce cas.

Ivre de son omnipotence durant les dix-huit années (2001-2019) qu’il avait passées au sommet de l’Etat, « Kabila » a eu lieu l’idée de mettre sur pied un « Escadron de la mort » au sein de la police nationale. Ce « rouleau compresseur » avait pour mission de « laminer » toutes les têtes qui dépassent. En français facile, cette « tueurs » avaient pour mission d’éliminer tous ceux qui « gênent » le pouvoir. Le directeur exécutif de l’ONG « La Voix des Sans Voix » (VSV) en était un.

« Kabila » s’est entouré de la « collaboration » du très « toxique » général John Numbi Banza dans le rôle de « bras armé » du chef de l’Etat. En dessous de Numbi, il y a deux « lieutenants« . Deux individus médiocres. L’un est lâche. L’autre est un sadique. Dans le premier cas de figure, il y a le colonel Daniel Mukalay wa Mateso. Celui-ci ne cesse de se lamenter que quelqu’un « tente de lui faire porter le chapeau qu’il n’a jamais porté« . Dans le second, on trouve le major Christian Ngoy Kenga Kenga, un praticien d’arts martiaux. Un homme déshumanisé par la servilité. Au bas de l’échelle, il y a les « petits soldats » prêts à tuer juste par « obéissance aux ordres« . C’est le cas de « Doudou » qui sert à passer les menottes. Le sous-commissaire adjoint Jacques Mugabo, lui, manie des sachets et du scotch qui asphyxient.

En dépit du « droit au silence » qu’observe Christian Ngoy Kenga Kenga depuis le début du procès, il est désormais clair que le général John Numbi Banza avait reçu l’ordre de « s’occuper » de Chebeya. Il avait piégé ce dernier en lui fixant rendez-vous ce 1er juin 2010.

De qui émanait l’ordre de tuer? Selon tous les prévenus, l’ordre émanait de la « très haute hiérarchie« . Suivez leur regard. Ouvrons la parenthèse. Dans une déclaration faite, en 2018, sur RFI, le colonel fugitif Paul Mwilambwe déclarait que Christian Ngoy lui a dit ces mots: « L’ordre d’exécuter Floribert Chebeya vient de la haute hiérarchie. Tu fermes ta bouche« . Fermons la parenthèse.

Revenons à Numbi qui s’est empressé de répercuter cette instruction à ses « lieutenants« . C’était le 31 mai 2010. Ce jour-là, il aurait fait venir le « colonel Daniel » dans son bureau pour l’instruire. Ce dernier a réuni, à son tour, une « équipe spéciale » chargée habituellement des « opération Homo » comme disent les « flics » africains. Le « major Christian » s’est occupé de « l’exécution matérielle » de l’opération dont la mise en scène à Mitendi. Le corps sans vie de Chebeya sera découvert le lendemain sur la banquette arrière de sa voiture. Des préservatifs et quelques comprimés de viagra furent éparpillés dans l’habitacle. Sans omettre une postiche.

Après avoir accompli leur macabre « mission« , les membres de l’équipe furent « rétribués« . Chacun aurait reçu la somme de 50 dollars $. Qu’ont-ils fait du corps de Fidèle Bazana? Des fouilles opérées dans la « concession » de l’ex-commandant du bataillon « PM« , le très redouté Zelo Katanga, alias Djadjidja, sont restées vaines.

Tout en étant conscient des conséquences imprévisibles de ce procès hautement politique, on ne peut qu’espérer que le ministère public prendra son courage avec ses deux mains pour se saisir. Sans vouloir tirer des conclusions hâtives ou de faire l’avocat du diable, tout indique que le général John Numbi Banza Tambo – qui est désigné jusqu’ici comme étant le suspect numéro un dans la mort de Chebeya et Bazana – n’avait aucune motivation personnelle pour commette ce double crime d’Etat…

Baudouin Amba Wetshi      

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